La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

12 BESANÇON

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

SOCIAL

Action pour les personnes étrangères “Mieux” apprendre le français aux migrants

La Frate, organisme de formation bisontin, partage gratuitement à des associations venant en aide aux migrants ses connaissances en matière d’apprentissage du français.

A ccueillir des migrants, c’est bien, les intégrer, c’est mieux.À Besançon, des associations font ce travail quotidien qui consiste à apprendre le français à des adultes qui n’ont pour la plupart jamais prononcé un mot de la langue de Molière. La transmis- sion pédagogique est souvent empirique. Bénévoles des Restos du cœur de Planoise, Agnès et Maryse

à Besançon reconnu dans le domaine de l’apprentissage du français. En mars, les forma- teurs ont proposé des stages à 20 bénévoles : “Tout est parti d’une conférence sur le thème “Comment enseigner le français aux adultes migrants ?”, se remémore Nathalie Bourrin, directrice. La conférence a eu du succès et nous nous sommes rendu compte que beaucoup de bénévoles avaient soit besoin

reçoivent par exemple quatre fois par semaine des personnes aux origines et histoires diffé- rentes. “On fait des mises en situation où l’on parle en fran- çais…mais nous ne sommes pas certaines que notre méthode soit la bonne” remarque l’une des bénévoles. Pour la première fois, elles ont répondu à certaines de leurs interrogations grâce à la Frate, un organisme de formation basé

La Frate - avec de gauche à droite Isciane Marot, Denis Guelle, Nathalie Bourrin - met à disposition ses connaissances à d’autres associations.

français pour les migrants. Cela va dans le bon sens. Et c’est dans notre A.D.N. que de partager nos connaissances avec d’autres asso- ciations” poursuit le président de l’association née en 1972. Les bénévoles peuvent se ras- surer : ils gèrent. En lisant La Presse Bisontine de février, Agnès a appris que Shamsan, un de ses anciens élèves de nationalité yéménite, a trouvé un emploi en C.D.I. dans une manufacture à Valdahon. De quoi la rendre “heureuse” et de confirmer de “sa” bonne péda- gogie. n E.Ch.

sommes rendu compte que nous péchons dans l’évaluation de leurs besoins” dit une autre béné- vole. Sans eux, les migrants seraient bien seuls. “La

d’information soit besoin de découvrir des nouveautés pour améliorer l’apprentissage des langues à leur public.” Trois ateliers - sur trois journées - ont été proposés sur le thème de la pédagogie à l’oral, à l’écrit et l’évaluation des besoins. “Faire lire un livre à des migrants avec des mots comme lapin ou hibou, cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Nous avons donné des clés aux associations pour les utiliser ou pas” précise Isciane Marot, res- ponsable pédagogique. Agnès, notre bénévole, admet avoir utilisé des mots d’anglais… ce qu’il faut éviter : “Nous nous

Plusieurs bénévoles d’associations de Besançon ou de la région ont participé aux journées “pédago- giques”.

“Apprendre le mot lapin, peu d’intérêt.”

France a du retard, complète Denis Guelle, le président de la Frate. Le rap- port du député Aurélien Taché va permettre dès avril de passer de 100 à 600 heures l’en- seignement du

ASSOCIATION

De faux P.V. pour de vraies infractions

D ans la rue des Granges, la Grande rue ou même la rue du Lycée, on fait le même constat à différents moments de la jour- née. Partout, des voitures stationnent sur les trottoirs, empêchant le passage des piétons. “C’est simple, ce n’est plus un centre-ville, c’est un parking” , résume Yves Ketterer. S’agaçant de ces incivilités et de l’im- punité générale, ce Bisontin a décidé d’agir. En raison d’une maladie orphe- line, il se déplace aujourd’hui en fauteuil roulant dans les rues de la ville. Non sans difficultés. Outre ces stationne- ments abusifs, se pose un problème d’infrastructures et d’organisation de l’espace urbain selon lui.Dans la Boucle comme dans les autres quartiers. Absence de bandes réfléchissantes ou d’abaissement de trottoirs, creux dans la voirie, mobilier urbain mal placé… transforment chaque déplacement en un parcours d’obstacles. “Des gens ne sortent plus de chez eux par peur de ne pas pouvoir circuler en sécurité. Et le week-end, c’est pire.” S’il reconnaît que des efforts ont été faits ces dernières années, il reste néan- moins dubitatif sur les effets produits. “Faire de l’accessibilité c’est bien, mais la rendre opérationnelle, c’est autre chose !” L’évolution des pratiques socié- tales “avec davantage de livraisons via Internet” n’a aussi pas été suffisamment prise en compte. “La Ville est en situation d’illégalité

Ils veulent rendre les trottoirs aux piétons Les automobilistes bisontins qui se garent où bon leur semble sont mis à l’amende, depuis le début de l’année, par l’association Trottoirs libres. Un geste à visée pédago- gique pour faire changer les comportements en ville.

“Cette infraction devrait vous coûter 135 euros”, lit-on sur le faux P.V.

janvier et la distribution de ses P.V. pédagogiques, la situation se serait un peu améliorée avec davantage de ver- balisation. En libre accès et téléchargeables sur Internet (www.trottoirslibres.sitew.fr), ces amendes citoyennes font même boule de neige. “Des personnes m’ont contacté pour monter des antennes à Montpellier ouMontauban.” L’associa- tion ne compte bien sûr pas s’arrêter en si bon chemin, après des réunions avec la Ville et d’autres associations de cyclistes, de handicaps…, elle sou- haite implanter des panneaux provi- soires d’interdiction de stationner à des endroits clefs et organiser “des actions visibles.” Une cagnotte en ligne a aussi été ouverte sur HelloAsso pour l’aider à poursuivre sa démarche. n S.G.

sur l’absence de places de livraisons ou dépose-minute aux normes dans les zones partagées (rue Bersot, Fontaine Argent…), et en autorisant tous les com- merçants et riverains à s’y arrêter 15 minutes “à condition de ne pas gêner la circulation’’ , elle autorise de fait des arrêts sur les trottoirs, en infraction au Code de la route” , préciseYves Ketterer.

“L’amende sur ces zones est, de plus, restée à 35 euros au lieu de 135.” Au-delà de la gêne, ce Bisontin s’inquiète surtout des dangers. “En cachant la visibilité et en contrai- gnant les piétons, handi- capés ou non, à descendre sur la route, on va vers des drames.” Depuis la créa- tion de son association en

L’initiative est suivie dans d’autres villes.

Yves Ketterer regrette “cette espèce de tolérance bisontine. On nous dit qu’il faut bien que les gens déchargent leur voiture, qu’on est dans une vieille ville…”

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