La Presse Bisontine 207 - Mars 2019

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°207 - Mars 2019

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L’intergroupe prend ses distances l Municipalité Rupture du contrat municipal Groupe hétéroclite composé de communistes, d’écologistes, de socialistes marginalisés et de représentants de la société civile, l’intergroupe marque sa dissidence.

sein de ce conseil municipal.” Pour l’instant, son appel est resté sans réponse… Jean-Sébastien Leuba, lui, dont la fonction d’adjoint lui avait été retirée par le maire l’an dernier, n’a toujours pas avalé “la suppression des contrats aidés, sans que le maire prévoie le moindre amortisseur, alors que j’avais préparé au niveau de l’agglomération une cellule spécifique pour ça.” Anne Vignot va encore plus loin dans la cri- tique en affirmant que “le maire ne défend pas son territoire” , en matière de logement notamment et de finan- cements publics. Même feu nourri contre sa politique d’accueil des migrants : “Installer une barrière le long d’Arènes, c’est quoi cette politique ? Son ancienne première adjointe Marie- Noëlle Schoeller n’aurait jamais fait ça !” s’emporte Anne Vignot. Les élus de l’intergroupe ne sont pas encore allés jusqu’au bout de leur démarche de protestation en démis- sionnant de leurs postes. Christophe Lime s’en défend : “Ce n’est pas à nous de démissionner ! Personnellement, je peux regarder tous les Bisontins dans les yeux, on n’a rien renié !” “Si certains doivent démissionner, ce sont ceux qui ont rompu le contrat” lancent d’autres élus de l’intergroupe en écho. Anne Vignot ajoute pleine de détermination : “On ne lâchera jamais cette ville à En Marche !” Pendant ce temps-là, son ex-ami vert ÉricAlauzet bat campagne, loin des agitations de ses anciens col- lègues de la majorité… n J.-F.H.

du logement social, la disparition des contrats aidés, la contractualisation des collectivités locales avec l’État” résume Anne Vignot, n’ont fait que renforcer les doutes de ces élus de l’in- tergroupe. “Tout cela fait que nous sommes dans une divergence politique de plus en plus forte.” Dernier épisode en date pour cet inter- groupe : la décision de quitter le groupe majoritaire, laissant aux seuls élus L.R.E.M. et socialistes le soin de mener les débats lors des réunions hebdoma- daires de la majorité le lundi soir. Mais comme les socialistes ont également décidé de ne plus participer à ces réu-

C’ est au sein de ce groupe composé de treize élus du conseil municipal que l’on sent la plus farouche hos- tilité à Jean-Louis Fousseret qu’ici, on ne pardonnera jamais d’être tombé dans les bras de L.R.E.M. Au sein de cet intergroupe dont les deux leaders naturels sont Christophe Lime, l’adjoint

communiste et Anne Vignot, l’adjointe verte (voir plus bas), on considère que le maire de Besançon a totalement rompu le pacte qu’il avait passé avec eux en 2014 au moment de la belle union. Ce groupe d’élus dissidents avait été constitué en septembre dernier “suite à un certain nombre de désaccords

qu’on a eu par rapport à la politique nationale soutenue par le maire” résume Christophe Lime. L’idée de ces élus : “Peser de façon forte à l’intérieur de cette majorité municipale.” Certains dossiers comme l’arrêté anti-mendicité de l’été dernier ont été des déclencheurs. D’autres plus récents comme “le refus de rétablir l’I.S.F., la politique nationale

nions, le groupe majori- taire est donc mort et enterré. En prenant leurs dis- tances, les élus de l’in- tergroupe disent vouloir également gagner en liberté de parole. Le représentant de la société civile Frédéric Allemann a décidé de rejoindre le groupe car “j’ai également besoin de clarté et d’effi- cacité pour terminer ce mandat” dit-il. Chris- tophe Lime quant à lui appelle les élus du P.-S. à “nous rejoindre pour devenir ensemble la pre- mière force politique au

“Le maire ne défend pas son territoire.”

Les membres de l’intergroupe ont la dent dure contre le maire et

ses alliés L.R.E.M.

l Europe Écologie Les Verts

Anne Vignot

“J’ai envie que la gauche s’organise” Portée par son parti, l’écologiste Anne Vignot, 59 ans, espère un rassemblement de la gauche capable d’engendrer un projet de société pour Besançon.

L a Presse Bisontine : Serez-vous candidate aux municipales ? AnneVignot : Je reste sur ma posi- tion : je suis candidate au fait qu’il est indispensable que le futur projet de laVille et de l’Ag- glomération mette au cœur de son action la transition écolo- gique, énergétique et solidaire. L.P.B. : Quand prendrez-vous votre décision ? On sent que vous en avez envie. A.V. : J’ai envie que la gauche s’organise, d’une gauche qui réponde à la crise sociale. Avoir envie, ce n’est pas suffisant pour créer une dynamique. Il faut être en capacité, et c’est tout le travail que nous menons avec mes collègues, de constituer une force de rassemblement autour de personnes qui croient encore à la fonction de la gauche pour un projet de société à Besançon. Tout cela ne tourne pas autour de mon nombril.

Je suis une tête de pont car on veut créer un lien nécessaire pour que la politique ait du sens. L.P.B. : Est-ce vous qui allez diviser le vote écologiste ou Éric Alauzet ? A.V. : Je demande aux personnes de regarder le travail qui est fait. Le côté travailleur d’Éric Alauzet est souvent mis en avant. Excusez-moi, mais tous les élus de cette ville travaillent ! Lui nous entraîne dans l’inco- hérence se rapprochant d’abord de François Hollande, puis d’Emmanuel Macron. En éco- logie, on ne peut pas être dans l’opportunisme. J’ai pu mettre en place des politiques structu- relles comme la façon dont on travaille les espaces verts (fauche tardive, plantes de sai- son), le conseil participatif de la forêt.... Il y a de vrais enjeux aujourd’hui et il faut penser communauté urbaine. À cette échelle, on peut parler écologie.

L.P.B. :Vous dénoncez les intérêts par- ticuliers. Pourtant, vous pensez au vôtre en quittant la majorité pour cet intergroupe. A.V. : Le groupe En Marche est sorti lui-même du contrat de 2014. Il inverse les rôles.

L.P.B. : Qui pourrait prendre la première place au sein de cet intergroupe ? Vous peut-être ? A.V. : Nous tenons à une approche démo- cratique. Nous ne sommes pas dans l’autopro- clamation. Je fais partie d’un groupe local E.E.L.V. qui a décidé que je représentais l’ambition du parti pour 2020.

“Il faut penser communauté urbaine”

L’adjointe Anne Vignot, chercheuse au C.N.R.S., est en charge du développement durable.

comme un aboutissement natu- rel. L.P.B. : Sans alliés, vous ne ferez rien. Quid de votre positionnement avec Nicolas Bodin (P.S.) ou la France Insou- mise ? A.V. : Le travail est en train de se faire. Le P.S. vit quelque chose d’inédit et il a besoin de refonder ses valeurs qui ont un socle com- mun avec le nôtre je pense. Je

respecte le parcours de chacun. Je ne le respecterai plus à partir du moment où ils ne voudront pas discuter avec nous. La France Insoumise est encore sur une société du dégagisme. Je veux entraîner les gens vers une trajectoire qui nous per- mette de faire évoluer positive- ment notre société et notre cadre de vie. n Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Usée par ce mandat ? A.V. : Absolument pas, je ne suis pas usée, je suis une femme libre. Personne ne peut m’em- pêcher de faire ce que j’ai envie car l’écologie est l’engagement de ma vie. Certains se sont lan- cés en politique et cela a construit leur vie. Moi c’est l’in- verse ! C’est ma vie qui m’amène à cet engagement politique,

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