La Presse Bisontine 206 - Février 2019

La Presse Bisontine n°206 - Février 2019

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UN LYCÉE GRANDEUR NATURE…

PORTES OUVERTES VEND 15 MARS DE 16H À 19H SAM 16 MARS DE 9H À 16H

l Rencontre

Deux stagiaires en famille d’accueil Chez Isabelle et Laurent, un doux parfum d’auberge espagnole Raghd arrive du Yémen, Poï de République Dominicai- ne. Les deux étudiants du C.L.A. vivent chez un couple de Bisontins devenu leur “deuxième famille”. Naissent de fabuleuses rencontres.

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liens d’amitié. “Lorsque deux de nos filles ont quitté la maison, la maison est d’un coup devenue trop grande.Nous avons tenté l’accueil et nous y avons pris goût !, dit avec le sourire Isabelle Renau- din. Nous avons hébergé 40 jeunes, ce furent 40 belles rencontres. C’est pour nous une façon de voyager car nous avons accueilli des étudiants austra- liens, américains, japonais, chypriotes, suédois, coréens, polonais…On va bien- tôt pouvoir faire le tour du monde car tous veulent désormais nous accueillir chez eux” s’amuse la maîtresse de mai- son. Arrivée en septembre depuis leYémen, Raghd a passé les fêtes de Noël et de Nouvel an avec la famille Renaudin. Une découverte. “C’est un peu comme chez moi car on se retrouve en famille” commente la jeune femme qui a ache- té des pulls pour affronter l’humidité bisontine. Excellente élève dans son pays, elle a bénéficié d’une bourse pour venir étudier à Besançon. En moyen- ne, les apprenants restent 4 mois en famille d’accueil. Cette dernière est rétribuée pour les frais engendrés. Ce n’est pas l’argent qui motive Isa- belle et Laurent, mais les rencontres. Il suffit de lire le livre d’or que chacun des hôtes alimente pour comprendre qu’au-delà d’un toit, c’est une deuxiè- me famille qu’ils trouvent ici. Laurent a par exemple aidé Juan-Luis, un jeu- ne Espagnol venu apprendre le fran- çais pour ensuite étudier à l’E.N.I.L. “Il

P oï, 19 ans, est arrivémi-janvier à Besançon. Et déjà, cet étu- diant originaire de République Dominicaine semble à l’aise chez Isabelle et Laurent, une famille qui le loge pour 4mois rue Lanchy.Timi- de à son arrivée en septembre dernier, Raghd (18 ans) la Yéménite a pris de l’assurance. Les deux jeunes étudiants en cours au C.L.A. - qui maîtrisent avec brio le fran- çais - sont en immersion dans une famil- le française. Rien de mieux pour maî-

triser une langue étrangère. “Raghd et Poï ont leur chambre individuelle, la clé de la maison. Le soir, à 20 heures, on dîne tous ensemble. Le week-end, on visite, on rencontre des amis. On fonc- tionne avec eux comme on pouvait fonc- tionner avec nos enfants” présente Isa- belle pendant que Laurent prépare l’apéritif. Le couple sait recevoir. Depuis 8 ans qu’ils ouvrent les portes de leur appartement aux étudiants étrangers venus apprendre le français à Besançon, ils ont noué de véritables

Découverte du livre d’or laissé par les étudiants précédents.

ne 16 % du salaire à l’État qui ne nous donne rien. On paye l’éducation, la san- té, il faut attendre 10 heures avant d’être soigné à l’hôpital.” Raghd vient d’un pays en guerre. Elle n’est allée qu’une fois de sa vie chez le médecin : c’était au Soudan pour soigner ses dents. Pour arriver en France, les deux ont affron- té un parcours semé d’embûches. Sans sa bourse aumérite, Raghd n’aurait pu obtenir de visa. Poï - qui étudie dans une université duMichigan aux États- Unis - a déboursé 650 euros pour l’ob- tenir. Chez Isabelle et Laurent, ils ont trouvé le sens de l’accueil “Made in Besançon”. n E.Ch.

voulait être fromager. Je l’ai aidé à trou- ver un stage dans leHaut-Doubs.Depuis, il a ouvert sa propre fromagerie en Espagne et c’est devenu comme mon petit frère, nous étions l’an dernier à son

mariage” dit avec émo- tion Laurent autour d’un verre de vin d’Alsace que Poï découvre. Les étudiants - studieux - bachotent et avouent leur incompréhension lorsqu’il faut commenter l’actualité française : “Comment est-ce possible de se plaindre ? , interro- ge Poï. Chez moi, on don-

“C’est comme mon petit frère.”

Verre de l’amitié pour Raghd (Yémen), Poï (Républicaine Dominicaine) qui logent chez Isabelle et Laurent à Besançon.

l Témoignages Ils sont passés par le C.L.A. “Le C.L.A. a changé ma vie” En 2001, elle quittait l’Égypte pour un stage d’un mois à Besançon. 18 ans plus tard, Sophie Othman est maître de conférences et professeur au C.L.A. Un parcours atypique.

Sophie Othman, franco- égyptienne, est maître de conférences à l’Université de Franche- Comté, professeur au C.L.A. de Besançon.

E n égyptien, son prénom signifie “espoir”. Hek- mat alias Sophie Oth- man le porte àmerveille. lle est pour les étudiants une image de la réussite “Made in C.L.A.”. En 2001, alors jeune étudiante à la faculté de péda- gogie d’Ismaïla au nord-est de l’Égypte, Hekmat obtient grâ- ce à l’ambassade de France une bourse d’étude pour un stage de perfectionnement en français au C.L.A. de Besançon. À ce moment, elle est loin d’imagi- ner que son destin profession- nel allait être intimement lié à celui de l’école. “C’est vrai que mon parcours est atypique, avoue l’universitaire qui a obtenu depuis la double nationalité franco-égyptienne. À l’époque,

l’école était déjà connue et recon- nue dans le monde. J’étais bilingue et je suis arrivée en plein été à Besançon, une ville calme et verte. Durant mon stage, j’ai observé des pratiques et des méthodologies différentes et inno- vantes, une ouverture culturel- le et intellectuelle et une ambian- ce unique au C.L.A. Cette expérience m’a donné envie d’ap-

la Sorbonne” se souvient Sophie Othman, passée du statut d’élè- ve à celui d’universitaire. Pour en arriver là, la jeune fem- me a travaillé dur. En 2004, elle trouve un job étudiant de moni- trice d’informatique à l’école bisontine. Un travail qui lui per- met alors de poursuivre ses études. “À cette époque, j’ai eu déjà cette envie de contribuer au rayonnement de cette maison. J’ai proposé, initié ou réalisé des projets divers comme le curri- culum pour l’anglais, le pro- gramme d’anglais pour les doc- torants de l’université de Franche-Comté, ou la mise en place un dispositif d’auto-appren- tissage guidé à la salle infor- matique” poursuit-elle. Après un long parcours et un

prendre plus sur le domaine de l’en- seignement des langues et à mon retour en Égypte, j’ai pu préparer la mention F.L.E. (Français langue étrangère) au sein de l’ambassade de France en lien avec

gnement-apprentissage des langues dans une perspective interdisciplinaire et pluridisci- plinaire en sciences humaines et sociales.Une centaine de cher- cheurs a participé à l’événe- ment. Sophie Othman tient paro- le : elle contribue à faire rayonner ce C.L.A. qui lui a tant apporté. n

de Franche-Comté” analyse l’en- seignante. Spécialiste du développement numérique dans l’apprentissa- ge des langues, elle a organisé le premier webinaire en octobre dernier, un colloque réunissant à distance par visioconférence des chercheurs du monde entier dans le but d’aborder l’ensei-

concours en 2016, la voilà ensei- gnante-chercheuse “avec tou- jours la même envie d’apporter au rayonnement du C.L.A. qui a changé ma vie. Si la concur- rence est rude avec d’autres écoles dans le monde, le C.L.A. a la chance d’être un institut de recherche et d’ingénierie péda- gogique porté par l’Université

“J’ai pu poursuivre grâce à un job étudiant.”

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