La Presse Bisontine 206 - Février 2019

L’ÉVÉNEMENT La Presse Bisontine n°206 - Février 2019 BESANÇON DANS LA LUMIÈRE DU C.L.A.

sommes dans une grande compétition mondiale face à d’autres écoles. Nous sommes prêts à relever ce défi. Nous nous mobilisons pour bien accueillir, intégrer, faire progresser et nous restons le plus grand centre de langues en Fran- ce. Un de nos atouts est d’être affilié à l’Université, ce qui permet de délivrer des diplômes.” Le 70 ème anniversaire sera-t-il fêté dans de nouveaux locaux ? La direction s'ins- crit dans une logique de projet de démé- nagement de la City à Saint-Jacques. Il deviendrait alors la Cité internatio- nale des savoirs et de l’innovation. Le Centre évolue avec son temps. n Si l’annonce est suivie d’effet, les ins- criptions passeraient de 170 à 2 770 euros pour la licence et de 243 à 3 770 euros pour le master. De quoi les décourager à étudier en France. “L’impact ne serait pas nul ! Nous par- tageons cette inquiétude” confirme la directrice du C.L.A. L’université ainsi que les membres de l’Intergoupe au conseil municipal de Besançon ont déposé une motion pour demander l’annulation. n Frais d’inscription des étudiants étrangers : l’inquiétude R eprésentant la Région Bour- gogne-Franche-Comté lors du vernissage de l’exposition “His- toire de CLAsse” le 10 janvier dernier, la conseillère régionale Élise Aebi- scher a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : “Je pense aux étudiants étrangers et je vois avec beaucoup d’inquiétude l’annonce du gouvernement d’augmenter les frais d’inscription des étudiants étrangers !” dit-elle tout en rappelant la formidable “pépite” qu’est le C.L.A.

Nombreux sont encore les Bisontins à méconnaître la renommée du Centre de linguistique appliquée, le C.L.A. L’école a 60 ans et a formé des milliers de stagiaires ou professeurs venus des quatre coins du monde apprendre le français et les langues étrangères. Le centre doit sans cesse proposer de nouvelles méthodes d’apprentissage. Fleuron de l’apprentissage des langues 60 ans qu’il délie les langues Reconnu mondialement, le Centre de linguistique l Enseignement

appliquée (C.L.A.) accueille 4 000 étudiants de 110 pays chaque année. 60 ans après sa création, la concurrence universitaire l’oblige à se réinventer.

S ur les baies vitrées de la City à Besançon, des portraits d’hommes et de femmes d’ori- gines différentes s’affichent avec un large sourire. Une façon de dévoi- ler aux Bisontins - qui l’ignorent enco- re - que des milliers d’étudiants des quatre coins du monde étudient ici le français (et 10 autres langues) enmême qu’ils s’immergent dans notre culture. Parmi eux, certains sont devenus pro- fesseurs de français dans leur pays, d’autres “ont embrassé des carrières diplomatiques” indique Évelyne Bérard, ancienne directrice (2008-2013),d’autres sont chefs d’entreprise, chercheurs. Le roi du Tonga venu en stage en a même profité pour acheter des porcs francs- comtois !

Franchir la porte d’entrée de l’établis- sement, c’est plonger dans un brassa- ge culturel et cosmopolite qui fonctionne depuis 60 ans où Chinois, Américains, Néo-Zélandais, Yéménites, Algériens, Mexicains, Russes, Polonais…étudient ensemble. Comment l’école, et ses 50 professeurs titulaires, est-elle devenue le fleuron de l’Université de Franche- Comté pour la formation en langues ? “Elle le doit à son créateur BernardQue- mada, un homme visionnaire” répond Loïc Depecker, professeur des univer- sités, préfigurateur de l’agence de la langue française auprès de la ministre de la Culture (2015-2018). Venu inaugurer en janvier la plaque rendant hommage au fondateur décé- dé le 5 juin 2018, année du 60ème anni-

1959 : stage pour professeurs indiens en enseignement audiovisuel du français. Au centre Bernard Quemada.

plats”, un événement où 1 200 per- sonnes découvrent le monde par la cui- sine. “ Le Centre contribue à l’interna- tionalisation de notre ville” indique Dominique Schauss, vice-président de l’Agglomération de Besançon, en char- ge de l’enseignement supérieur. Il s’ex- ternalise aussi : “ J’étais dernièrement au Brésil pour apporter notre expérience à un professeur qui développe un réseau bilingue là-bas” indique Hélène Van- thier, responsable des formations et certifications. S’il a relevé des défis, l’institut fait face à une concurrence accrue. Frédérique Penilla, directrice depuis 2016, en a conscience : “Le C.L.A. a su s’adapter aumonde mais j’ai conscience que nous

versaire, il a rendu un hommage appuyé à Bernard Quemada. En 1957, ce pro- fesseur considéré comme l’un des pères de la lexicologie moderne crée à Besan- çon un institut de langue et civilisation française destiné à l’encadrement des étudiants étrangers. Celui-ci devien- dra le C.L.A. - installé rue Mégevand - grâce au soutien du maire Jean Min- joz et au doyen de la fac de lettres Lucien Lerat. “Le centre va se développer rapi- dement grâce à des méthodes d’ensei- gnement révolutionnaires pour l’époque, comme l’audiovisuel, puis l’informa- tique” ajoute Loïc Depecker. Dès 1970, les étudiants sont invités à des sorties pédagogiques et culturelles, en 1987 naît le “Tour du monde en 80

Un événement où les cultures se mélangent : “Le tour du monde en 80 plats”.

E.Ch.

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