La Presse Bisontine 206 - Février 2019

BESANÇON

La Presse Bisontine n°206 - Février 2019

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Ils vont s’asseoir sur des cuvettes de W.-C. dessinées par Starck CHANTIER Pôle administratif Viotte Le Pôle Viotte avance, malgré une mauvaise surprise sur le sous-sol. Faut-il s’offusquer de certains choix qui paraissent coûteux dans ce projet payé par nos impôts ? L’architecte Brigitte Métra répond.

S ur le papier, le pôle admi- nistratif Viotte promet d’être magnifique. Les agents de l’État seront en fin d’année les premiers chan- ceux à investir un bureau flam- bant neuf et isolé phoniquement, à condition que le planning soit tenu. À l’échelle de l’éternité, les architectes en bâtisseurs de l’histoire imaginent l’espace de demain mais s’opposent sur le terrain à des réalités, voire à des enjeux économiques. Le chantier bisontin n’échappe pas à la règle. La première sur- prise vient du sous-sol : les entre- prises - chargées du lot 1 - ont dû poser davantage de béton comparé au marché initial sur demande de la S.N.C.F. Cette dernière craignait pour la sta- bilité du poste d’aiguillage. C’est évidemment un surcoût finan- cier dont le chiffre n’a pas été communiqué et un retard d’en- viron trois mois à prendre en

teurs pour des “basiques”, le chantier économiserait selon nos calculs 800 000 euros. Idem pour des cuvettes à plus de 200 euros pièce quand le prix standard est plutôt à 50. “Arrê- tons la politique du “Ça me suf- fit” car ces radiateurs et cuvettes de W.-C. sont compris dans le marché, répond Brigitte Métra. Je vais construire à Besançon pour 1 200 euros du mètre car- ré, ce qui est très peu ! Ce n’est vraiment pas cher. Si certaines entreprises essaient de faire pas- ser cela pour cher, c’est parce qu’elles veulent tirer leur épingle du jeu en proposant du maté- riel à ras les pâquerettes pour ensuite obtenir le maximum. Le pôle administratif sera un pro- jet phare pour Besançon ! On ne peut pas se vanter d’avoir une belle ville… et assassiner les architectes” dit la Bisontine d’ori- gine. À 58 millions d’euros, le contri-

compte, auquel s’ajoute le pro- blème de la coactivité. “Sur un chantier avec si peu d’espace, on ne peut pas pour des raisons de sécurité installer plus de grues, d’où un léger retard” dit un pro- fessionnel. Faut-il réaliser des économies sur d’autres postes pour éviter un surcoût ? Rare femme architecte de sa génération à s’être fait un nom seule avec son agence, l’élève

Le pôle administratif Viotte est actuellement le plus important chantier du centre-ville.

buable a le droit de savoir. “Quand je construis actuelle- ment 14 000 m 2 de bureaux à Paris, pour le même budget, j’en construis 27 000 m 2 à Besan- çon ! Nous sommes ici en passe de faire un beau chantier, vite et pas cher. Il faut aussi arrêter de dire que les architectes met- tent tout le monde en retard” conclut la professionnelle auteu- re de réalisations internatio- nales à NewYork, Copenhague, Minneapolis et bien sûr la Phil- harmonie à Paris, son chef- d’œuvre. Trois de ses collabo- rateurs suivent au jour le jour le dossier bisontin. Mais c’est elle qui décide par exemple du

choix des chemins de câbles élec- triques. L’aménageur et constructeur Sedia qui pilote la réalisation confirme que “les montants res- tent très corrects dans le mar- ché au vu de la très bonne qua- lité architecturale du bâtiment. L’État locataire nous impose un montant de bail standard, explique le directeur Bernard Bletton. Nous y arrivons grâce à la taille du complexe et, il est vrai, à la suite d’une longue négo- ciation avec les entreprises.” Atte- nant à la gare, le chantier Viot- te espère être celui de la ponctualité et du juste prix. n E.Ch.

Zoom En chiffres l 44 000 m 2 de surface totale l 1 bâtiment de 5 étages, un autre de 5 étages, une cantine. Ils accueilleront les services de l’État et de la Région Bourgogne-

du célèbre JeanNou- vel et Bisontine d’ori- gine Brigitte Métra réagit vivement lors- qu’on l’interroge sur la pertinence d’ins- taller des centaines de radiateurs à ailettes ou des cuvettes de toilettes dessinées par Phi- lippe Starck dans toutes les pièces du pôle. En se passant de ces fameux radia-

“Pour 1 200 euros du m 2 .”

Franche-Comté, et des services. 320 places de parking mutualisé 1 000 emplois Coût du chantier : 58 millions d’euros

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