La Presse Bisontine 206 - Février 2019

LE PORTRAIT

39 La Presse Bisontine n°206 - Février 2019

MAMIROLLE

La musique en héritage

Invité à jouer sur de prestigieuses scènes françaises et mondiales, le pianiste comtois sort un sixième disque, intitulé “Musiques du silence”, où il met en miroir des œuvres de Mompou, Ravel, Satie, Debussy. Une vraie respiration. Guillaume Coppola, parmi les grands du piano

O n lui prête souvent un brio et une profondeur expressive.Mais Guillaume Coppola, c’est aussi un jeu authentique, décliné dans des répertoires éclectiques. Ce dernier disque en est un bel exemple, “sans doute le plus personnel” , d’après l’artiste lui-même. En musicien complet et curieux, il voulait cette fois offrir à entendre la musique épurée du compo- siteur Frédéric Mompou. “Quelques-unes de ses œuvres m’ont tou- ché mais il n’est pas très facile à travailler ou à placer en concert, cela crée forcément une bulle méditative” , explique le pia- niste. Cela l’a conduit à faire des rap- prochements. “Certaines pièces étaient toutes trouvées, Mompou en ayant lui- même revendiqué l’influence, et d’autres m’apparaissaient s’appeler entre elles.” Il en ressort un très joli programme qui évoque le silence et la nuit avant de peu à peu se colorer, unanimement salué lors des récitals déjà donnés à Toulouse, Lil- le, au musée d’Orsay… Une parenthèse salvatrice dans ce monde des plus sonores. La sortie de l’album est prévue pour cet- te fin février début mars.

Elle s’ajoute à une discographie et un parcours déjà riche : du premier album consacré à Liszt (2009) qui l’a fait connaître dans le milieu, à Granados (2012), en passant par Poulenc (2013, avec le baryton Marc Mauillon), Schu- bert (2014), puis Brahms-Schubert (2016, dans un duo à quatre mains avec Hervé Billaut). L’enfant du pays est devenu un musicien de notoriété internationale. Sol- licité par de nombreux orchestres, il a joué entre autres sous la direction d’Arie van Beek, Enrique Mazzola et Laurent Campellone. Il est aussi un partenaire privilégié des quatuors Voce, Parisii, Debussy, Alfama et s’est déjà produit dans une vingtaine de pays. De passage pour les fêtes de fin d’année à Mamirolle, il a bien voulu nous rece- voir dans la maison familiale, où se trou- ve encore son tout premier piano. La clef de sol sur la boîte à lettres évoque cette passion commune pour la musique, issue en partie de sa branche paternelle aux origines siciliennes. “Ma famille, arrivée en 1956 en France après avoir vécu en Tunisie, avait cet attrait pour le chant et la musique populaire. Mon grand-père se mettait souvent à chanter entre le plat et le dessert et on s’arrêtait tous pour l’écouter” , se souvient-il. Et si sa sœur embrasse elle aussi une carrière de musicienne, violoniste à l’or- chestre national de Bordeaux, ce n’est à ses yeux pas un hasard. “Il y avait une sorte d’évidence.” Ses voisins qui crée- ront un atelier musical et leur fille qui jouait du piano l’amèneront aussi natu- rellement à se lancer à l’âge de 6 ans. Mais le vrai déclic viendra à 14 ans lors d’une master-class avec France Clidat. “Son album des œuvres de Liszt pour pia- no et orchestre était un de mes premiers disques et il y a eu un vrai coup de foudre artistique. Elle a su stimuler quelque cho- se en moi.” Il la retrouvera ensuite à nou- veau sur plusieurs stages d’été.

Dans la maison familiale à Mamirolle, sur son tout premier piano.

Bio express Né le 16 juin 1979

Aux souvenirs heureux et très studieux du Conservatoire de Paris, viendra après l’inconnu : “Lancer sa carrière, faire les premiers voyages…” Et c’est dans Liszt qu’il trouvera à nouveau l’élan en lui consacrant son premier album. Mais on aura ensuite tendance à l’étiqueter. “On ne me demandait plus que cela, et je sentais que je voulais faire autre cho- se”, explique Guillaume, qui a investi depuis bien d’autres répertoires. À l’aise dans son rôle d’interprète - “apprendre une nouvelle œuvre est tou- jours très long. On repart à chaque fois de zéro comme un sculpteur qui part

d’un bloc brut” -, il se voit même propo- ser des partitions par des compositeurs et joue en première exécution des œuvres commandées par des festivals. Il joue aus- si occasionnellement à quatre mains et forme depuis quelques années un duo avec Hervé Billaut, avec qui il prépare déjà un autre disque, en vrai passionné insatiable. Cette fois autour “d’un pro- gramme très festif” autour de Ravel et de compositeurs français qui se sont inspi- rés des Espagnols. n S.G.

l

à Besançon

l Il vit aujourd’hui entre Paris et la région lyonnaise l Passé par le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans la classe de Bruno Rigutto l Ses albums ont reçu les plus hautes récompenses : Diapason d’or, 5 stars B.B.C. Music Magazine, “Maestro” de Pianiste, 4 étoiles Classica…

Guillaume Coppola se produira en région le 13 octobre avec le Chœur Opus 39 à l’église Saint-Just d’Arbois.

www.guillaumecoppola.com

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