La Presse Bisontine 205 - Janvier 2019

L’ÉVÉNEMENT La Presse Bisontine n°205 - Janvier 2019

GILETS JAUNES : LA GROGNE… ET APRÈS

Durant un mois, le mouvement des gilets jaunes a occupé l’actualité locale comme nationale. S’il reste encore quelques irréductibles, la plupart ont quitté les ronds-points et leurs principaux points de rassemblement. Pourtant, la colère de ces citoyens n’est pas dissipée. Et les conséquences sur l’économie locale sont palpables.

l Social

Les gilets jaunes pas abattus Derrière la fraternité du feu de camp, ils crient à l’injustice sociale Délogés des ronds-points, les gilets jaunes se sont invités au conseil municipal de Besançon pour dénoncer le manque d’écoute. Invitée à rencontrer le maire le 17 décembre, la délégation a posé un lapin.

C omme Stéphane et Michel, l’un de Thise, l’autre de Besançon, beaucoup de gilets jaunes ont découvert au rond- point d’École Valentin ou le long de la R.N. 57 à Micropolis l’am- biance fraternelle, joyeuse et solidaire des feux de camp. Ils ont acquis sympathie et noto- riété. Pourquoi rentrer chez eux mettre des pantoufles et s’en- nuyer ? Parce qu’ils ont en eux ce sentiment d’injustice, de rétro- gradation sociale. “S’il faut tenir après Noël, peut-être même jus- qu’en janvier, on tiendra, pour nos enfants” disait Joël. Cette phrase prononcée avant que leur baraquement d’École-Valentin ne soit détruit par les flammes, avant que le préfet ne prenne un arrêté interdisant les mani- festations (le 11 décembre), et avant les affrontements entre les forces de l’ordre et les mani- festants samedi 15 décembre rue Nodier à Besançon, montre à quel point ces hommes et ces femmes ont le courage de leurs idées. Une délégation de gilets jaunes

a crié son désarroi jeudi 13 décembre au conseil muni- cipal de Besançon devant les conseillers municipaux. Les manifestants ont rappelé qu’ils avaient été gazés ou interpel- lés alors qu’ils manifestaient pacifiquement dans le Grand Besançon. L’un d’eux pour avoir traversé un passage piéton est convoqué devant le juge. Un autre, fonctionnaire, est égale- ment convoqué. Il s’inquiète. Le maire Jean-Louis Fousseret a écouté et proposé une rencontre lundi 17 décembre à 9 heures Personne n’est venu, mais des revendications ont été déposées par courrier. “Un cahier de reven-

Les gilets jaunes s’invitent au conseil

municipal de Besançon du 13 décembre.

dications est égale- ment mis à dispo- sition à l’accueil” explique la mairie. Pour quel résultat ? Tous disent “ne plus croire au système, comme le souligne Michel. Arrivé à mon âge, 74 ans, ce n’est pas normal de manifester.” Pour Patrick, alias le

“On ne croit plus au système.”

s’est montrée à son plus beau jour avec ces venues déposer des vivres aux manifestants. “Des denrées ont été offertes aux Restos du Cœur” expliquait Nathalie qui a organisé le ravi- taillement du campement de Valentin en préparant notam- ment des plats chauds. “On ne bloquait rien, affirme la jeune femme. Ce sont les automobi-

organisé une manifestation devant la permanence du dépu- té Éric Alauzet rue de Belfort. Une centaine de personnes était présente. Le député, retenu à l’Assemblée nationale pour le vote de la loi de finances, n’a pu les recevoir. Les mesures annon- cées par le gouvernement n’ont pas convaincu. n E.Ch.

Bretton, “c’est l’injustice qui m’a incité à venir. J’ai été de beau- coup de luttes. En 1968, j’ai été le premier matraqué du conflit Lip, j’étais à Notre-Dame-des- Landes. Au départ, je ne voulais pas venir car j’avais peur d’une récupération politique mais les répressions policières m’ont inci- té à me mobiliser.” Durant ce conflit, la solidarité

listes qui souhaitaient discuter avec nous ou nous donner àman- ger qui ont créé les bouchons, pas nous.” L’équipe a joué l’apai- sement en levant les barrages durant les deux derniers week- ends pour faciliter l’accès à Éco- le-Valentin. À Chalezeule, c’était plutôt bon enfant. Des syndicats se sont joints comme la C.G.T. qui a

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