La Presse Bisontine 205 - Janvier 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n°205 - Janvier 2019

COOPÉRATION

Le “maire” de Lausanne

“On va assister à une revanche des petites villes”

À 43 ans, le socialiste Grégoire Junod est e syndic - l’équivalent du maire - de la Ville de Lausanne, la grande ville suisse “voisine”. Comment l’élu suisse qui vient de signer une convention avec le Grand Besançon voit-il la coopération transfrontalière ?

pour 350 millions de francs.

années.

matière de sport, de culture, de santé ou encore de tourisme. Sur le plan touristique, je suis persuadé qu’une fois que les visi- teurs auront découvert toutes les capitales européennes satu- rées de tourisme, il y aura for- cément de la place pour des petits breaks dans nos villes et nos régions. Je pense que dans les années à venir on assistera à une grande revanche des petites villes. L.P.B. : Mais Lausanne connaît un développement qui n’a rien de com- mun avec une ville comme Besan- çon ! G.J. : Néanmoins, nous avons à Lausanne un hôpital universi- taire, au même titre que le C.H.U. de Besançon, nous avons des musées en cours de réhabi- litation avec l’idée pourquoi pas d’échanger des collections, nous avons un réseau universitaire développé de part et d’autre de la frontière. Au-delà des dis- cours et des mots, si nous avons signé cette première convention avec Besançon, c’est parce que nous affichons une vraie volon- té de collaborer dans l’intérêt des acteurs des deux territoires, côté français et côté suisse.

Lausanne et les villes françaises proches reste les infrastructures de transport. Il faut jusqu’à 4 heures pour faire Besançon-Lausanne en train, et c’est même parfois plus rapide via Dijon ! C’est un vrai problème ? G.J. : Il faut reconnaître que les résultats entre la Région et le canton sont très mitigés en matière de transport ferroviai- re et que nos deux régions sont particulièrement mal connec- tées. La route reste hélas le moyen le plus rapide. L’obstacle ferroviaire est indéniable. C’est aussi pour cela qu’on a tout à gagner à mieux se connaître. L.P.B. : Quels sont les projets de déve- loppement en cours à Lausanne ? G.J. : Lausanne connaît actuel- lement la plus grosse phase de développement de son histoire. Nous sommes en train de construire une ligne de tram- way, ainsi qu’un nouveaumétro. La somme d’1,5 milliard de francs est actuellement enga- gée dans la future gare de Lau- sanne qui est un des principaux nœuds ferroviaires de Suisse. Lausanne qui va accueillir en 2020 les Jeux olympiques de la jeunesse est en train de construi- re également un nouveau sta- de de football, une piscine olym- pique et une patinoire, le tout

L.P.B. : Vous donnez des chiffres à fai- re pâlir de jalousie vos homologues français ! Comment Lausanne finan- ce-t-elle ces gigantesques investis- sements ? G.J. : Nous avons également nos contraintes budgétaires mais le système suisse est différent : les collectivités locales ont beau- coup plus d’autonomie fiscale, elles lèvent en partie l’impôt, y compris sur le revenu pour cer- taines. Et Lausanne, comme toute ville-centre, connaît elle aussi des difficultés financières. Chaque année, nous devons débourser 65 millions de francs rien que pour ces charges de vil- le-centre. Il faut dire aussi que le budget de la Ville, liée juste- ment au système fiscal, est plus élevé que les communes fran- çaises de même taille. Lausan- ne gère un budget annuel d’1,9 milliard de francs, soit plus d’1,6 milliard d’euros. Autre point : beaucoup de services publics importants, comme l’élec- tricité, sont aux mains des com- munes, ce qui assure des res- sources. Ceci étant dit, la Ville de Lausanne est endettée, à hau- teur de 2,4 milliards de francs. Et les budgets que nous votons sont déficitaires depuis quelques

L.P.B. : Le sport tient donc une place à part à Lausanne, ville qui abrite le siège du Comité international olym- pique (C.I.O.) ! G.J. : Nous accueillerons aussi les championnats du monde de hockey sur glace en 2020. Mais nous n’envisageons pas le sport que sous l’angle événementiel ou de haut niveau. Nous avons également, à l’image de Besan- çon avec ses “Grandes heures nature”, d’ambitieux projets autour du sport urbain et du sport santé à Lausanne, notam- ment dans le cadre du pro- gramme du C.I.O. “Global acti- ve city”. L.P.B. : Et sur le volet culturel, quelle est l’actualité à Lausanne ? G.J. : Nous construisons un nou- veaumusée des beaux-arts dont l’ouverture est prévue à l’au- tomne prochain. Cette rénova- tion intègre le projet plus glo- bal intitulé “Plateforme 10” qui consistera à regrouper le musée cantonal des beaux-arts, le musée de la photographie et le musée du design . Ce volet muséal représente là encore plus de 200 millions de francs d’in- vestissement. n Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Bisontine : Quel est l’intérêt pour Lausanne de coopérer avec le Grand Besan- çon ?

Grégoire Junod : Parce qu’à mon sens, les villes de part et d’autre de l’Arc jurassien ont des inté- rêts communs, que ce soit en

Grégoire Junod, le syndic de Lausanne, était à Besançon le mois dernier pour soigner une convention de coopération. Les théâtres de Lausanne et des 2 Scènes à Besançon vont notamment coopérer.

L.P.B. : Le principal obstacle entre

EN BREF

COLLECTIVITÉ

Passage en communauté urbaine La Communauté urbaine pour les rallier à un projet de territoire

Bois Fort de son succès en 2017, le concours de la construction et de l’aménagement bois en Bourgogne-Franche- Comté, Franchement projets pour sa deuxième édition, qui se déroulera tout au long de l’année 2019. Architectes, bureaux d’études, constructeurs et maîtres d’ouvrage sont invités à poser leur candidature, avant le 28 février 2019, et à proposer un bâtiment, un agencement ou un aménagement bois réalisé en région. Les candidatures se font en ligne via le site de l’interprofession de la filière forêt-bois, Fibois B.F.C., organisatrice de l’événement : https:// fibois-bfc.fr/ evenements-fibois-bfc. Oiseaux Le Muséum de Besançon s’engage pour sauver les oiseaux chanteurs d’Asie à travers l’action “Silent forest”. Les oiseaux chanteurs d’Asie sont menacés d’extinction en raison des trafics illégaux. La Conférence annuelle de l’Association européenne des zoos et aquariums (E.A.Z.A.), réunie fin septembre à Athènes et à laquelle participait Margaux Pizzo, responsable du Parc zoologique à la Citadelle, a confirmé l’engagement des zoos européens dans l’action pour sauver ces espèces. Bois, lance un nouvel appel à

Le Grand Besançon valide 90 actions destinées à structurer le territoire, du sport à la recherche médicale en passant par l’université, l’alimentation, la cohésion, la biodiversité…

E n devenant Communauté urbai- ne (normalement le 1er juillet prochain), le Grand Besançon deviendra-t-il un territoire plus influent, plus prospère tout en restant vertueux comme il le prétend ? Le président Jean-Louis Fousseret dit “oui” parce qu’il confortera “le pôle bison- tin dans un rôle de leader avec celui de Dijon.” Au-delà de la sémantique, les 69 com- munes de l’actuelle C.A.G.B. sont enga- gées depuis juin dans un nouveau cap à moyen et long terme (environ 20 ans) dans le projet de Communauté urbai- ne, nouveau titre qui doit “dynamiser les alliances avec d’autres territoires, renforcer la cohésion en créant une marque de territoire, développer des transitions et susciter l'effervescence” Neuf récalcitrants Neuf communes et leur conseil muni- cipal ont voté contre l’adhésion au pro- jet de Communauté urbaine. Il s’agit de Busy, Boussières, Chaucenne, Larnod, Mazerolles-le-Salins, Miserey-Salines, Thise, Saône, Vieilley. La majorité fai- sant foi, elles feront bien partie du pro- jet de territoire. n

dit le document synthèse. Rien que ça. 14 projets et 90 actions ont d’ores et déjà été répertoriés car “au-delà des discours, on commence à avancer” pour- suit Jean-Louis Fousseret qui sait très bien qu’il faudra co-construire les futurs projets avec tous les acteurs du Grand Besançon “avec une nouvelle démocra- tie et un fonctionnement assez unique” dit le président. La charte de gouver- nance voulue par l’exécutif promet de n’oublier aucune des 69 communes même si des débats (lire par ailleurs) remontés dans certains conseils muni- cipaux ont critiqué le futur mode de gouvernance. Des ajustements ont été mis en place avec la création de comi- tés de secteurs. La charte de gouvernance sera votée en février prochain. Pour Jean-Yves Pralon, maire de Tallenay et vice-pré- sident en charge du sport au Grand Besançon, “les habitants doivent se sen- tir du Grand Besançon. C’est l’objectif. Pour cela, il faut des équipements struc- turants” poursuit celui qui fut un des premiers à s’investir dans l’intercom- munalité. Il pense notamment à la futu- re salle d’escalade qui sera créée à Besan- çon, ou encore au premier festival Grand’Heures Nature en juin 2019. Vendredi 7 décembre, lors des Assises du Grand Besançon, des tables rondes ont réuni des acteurs locaux pour échan-

Les assises du Grand Besançon ont évoqué un projet qui doit forger une identité à ce territoire : le sport. Mais pas que…

ger sur ces sujets. Comme l’a fait remar- quer le Bisontin Frédéric Grappe, direc- teur de la performance de l’équipe cyclis-

à redorer dans les années à venir dans ce domaine mais aussi dans celui de la santé, là où excelle. Une plate-forme unique nommée Bio-innovation est en phase de construction (7 millions d’eu- ros). Elle doit permettre sur 4 000 m 2 à Témis de proposer des ressources pour favoriser l’innovation médicale. “Sur la technopôle Témis santé, ce lieu consti- tuera un totem du réseau French Tech pour l’innovation médicale en Bour- gogne-Franche-Comté.” La santé pèse 350 entreprises et 10 000 salariés, regroupe 7 établissements d’enseigne- ment supérieur, et 23 unités de recherche. Une bonne forme que la Communauté urbaine veut entretenir. n

te professionnelle Groupama-F.D.J., cher- cheur en science du sport et enseignant à l’Université des Sports de Besançon (en dis- ponibilité), “Besançon a des compétences humaines dans le domaine sportif mais souffre toujours d’un déficit d’image.” Une image que la Commu- nauté urbaine aspire

7 millions d’euros sur la table pour la bio-innovation.

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