La Presse Bisontine 205 - Janvier 2019

LE GRAND BESANÇON

27 La Presse Bisontine n°205 - Janvier 2019

NANCRAY

Budget dans le rouge La commune de Nancray en grave difficulté financière

À Nancray, “les temps seront difficiles.” Cette expression, c’est la commune - en per- sonne - qui l’utilise. Le 23 novembre, la municipali- té a convoqué les habitants pour leur rendre compte de la situation finan- cière. Elle n’est pas brillante. Les conclusions remises par une commis- sion d’enquête obligent à réagir. Pour rendre un budget équilibré en 2019, des mesures impopulaires mais nécessaires sont prises : augmenta- tion des impôts locaux (+ 18 %), bais- se des dépenses de fonctionnement (5 000 euros cette année), baisse des subventions aux associations, arrêt des investissements. Stopper l’inves- tissement, c’est ne pas refaire cette rue proche de l’église dans un piteux état, c’est repousser la réfection du toit de la salle Tattu - qui si rien n’est fait dans les prochaines années mena- ce de s’effondrer -, c’est abandonner le projet de création d’aire de jeux pour les enfants. Bref, c’est la mort d’un vil- lage, qui, avouons-le, est dynamique. La bourgade du Plateau (1 293 habi- tants) possède en effet une supérette, un bar-restaurant, un tabac, une bras- serie, un commerce de montres, un fleuriste, la fruitière, un funérarium, bientôt un médecin, une salle poly- valente refaite à neuf, un groupe sco- laire récent (2006), des vestiaires de foot rénovés. C’est là tout le problè- me. Ces trois derniers investissements réalisés durant l’ancienne mandatu- re (2008-2014) ont, selon l’équipe en place, plombé le budget communal. “Dès notre arrivée, nous avons com- pris que la situation financière serait compliquée. Nous sommes au pied du mur” évoque Vincent Fiétier, adjoint aux finances de Nancray. La situation financière aurait dérapé pour plu- sieurs raisons : “Le plan de finance- ment de l’espace duVaizot et des autres La commune a interdiction d’investir jusqu’en 2031 ! Convoquée en préfecture, la municipalité évoque les choix d’investissement de l’ancienne équipe. Des mesures d’urgence sont prises. l Encours de dette par habitant : 1 797 euros/habitant en 2014, dette 3 fois supérieure aux communes com- parables, 1 488 euros/habitant en 2017 l Capacité de désendettement : 14 ans (seuil d’alerte à 12 ans). l Dépenses d’équipement : 189 euros/habitant en 2014, 22 euros en 2015, 63,50 euros en 2018, soit trois fois moins qu’une commune com- parable. l Remboursement d’emprunts : 1 488 euros/habitant, soit 3 fois plus que les communes de la C.A.G.B. n Chiffres

La mairie de Nancray serre les boulons pour assainir ses comptes.

L’ancien maire assume et répond J ean-Pierre Martin fut maire de Nancray de 2008 à 2014. Il a accepté de répondre à notre sol- licitation. Est-il, oui ou non, le res- ponsable du déficit de Nancray ? “C’est facile de dire que la commune est endettée à cause de l’ancienne équi- pe ! répond l’ex-élu. J’assume ces investissements qui étaient lourds mais obligatoires comme le groupe scolai- re et la salle polyvalente qui accueille le périscolaire et des associations com- me le judo, ou la création de la chauf- ferie bois qui alimente 5 bâtiments. Ces investissements donnent entière satisfaction. J’avais indiqué à la nou- velle équipe qu’elle se mette en rela- tion avec mon adjoint aux finances pour qu’il explique le mécanisme de remboursement (N.D.L.R. : adjoint qui est aujourd’hui dans l’opposition). Elle ne l’a pas fait. Nous savions où nous allions même si je dois avouer que la donne a changé avec les baisses de dotations. Ils ont voulu la place : qu’ils arrêtent de pleurnicher, qu’ils se retrous- sent les manches.” n

Nancray a toutefois réduit sa capaci- té de désendettement en réduisant le fonctionnement. Mais elle ne peut pas investir avant 2031 “alors que nous devons mettre en accessibilité des bâti- ments comme la loi nous l’impose. Nous avons fait le choix de racheter un trac- teur (N.D.L.R. : 28 000 euros) par néces- sité. Nous faisons peu de travaux puisque nous avons seulement 10 000 euros à investir par année, c’est- à-dire rien !” La commune vend quelques bijoux de famille (un terrain constructible), a négocié à nouveau les prêts et pour- rait encore lever l’impôt. Il faudra aller encore plus loin pour éviter une mise sous tutelle ! n E.Ch.

projets est un loupé. Sur un investis- sement de 2,5 millions d’euros, la part de l’emprunt est d’1,4 million dont 400 000 en prêt-relais T.V.A. Il a fal- lu emprunter à nouveau 200 000 euros car un remboursement n’est jamais arrivé. À ce jour, ce sont 1,2 million que nous devons rembourser” dit-il. Autre mauvaise nouvelle : le trans- fert des voiries communales à l’Ag- glomération qui l’oblige à payer une attribution de compensation de 55 000 euros remet en cause les pré- conisations du cabinet d’audit finan- cier. Le maire Frédéric Salvi a été convoqué en préfecture parce que les indicateurs sont dans le rouge com- me la capacité de désendettement, à 14 ans. “Nous devons encore faire de

nouvelles économies pour payer l’at- tribution de compensation. Les leviers sont limités” soupire l’adjoint aux finances. En contrepartie de cette dépense, la C.A.G.B. reprend l’entre-

tien et les travaux. Coût pour Nancray : 55 400 euros par an. Intenable. L’Agglo- mération a consenti à une aide de soutien de 22 000 euros en 2019, qui baissera de 5 000 euros en 2020 et 11 000 euros en 2021 pour dispa- raître en 2022.À côté de cela, le budget de la forêt baisse.

Elle ne peut investir que 10 000 euros par an !

L’investissement qui a permis la réfection de l’espace du Vaizot serait à l’origine des difficultés.

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