La Presse Bisontine 205 - Janvier 2019

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n°205 - Janvier 2019

Bateaux-restaurants : les Bisontins n’auraient-ils pas le pied marin ? COMMERCE Les péniches Séduisante sur le papier, la proposition des péniches restaurant, hôtel ou bar a du mal à prendre à Besançon. Le Chaland, institution locale, se bat notamment pour ne pas couler.

Davy Ruffin et sa compagne, Hélène, continuent de croire en l’avenir du Chaland : “Une valeur redevenue sûre.”

D rôle de destin que celui de ces péniches amar- rées le long du Doubs, qui peinent à s’ins- taller durablement dans le paysage bisontin. On se souvient du Mambo puis du Pravda, qui ont fait les belles heures des soirées étudiantes au début des années 2000 dans le quartier Rivotte. Les bagarres et les plaintes répétées pour nuisance sonore, avec le coût de rénovation de la passerelle, auraient participé à son nau- frage. Si l’on peut certes reprocher les nuisances générées par ce concept festif de péniche, on ne peut opposer les mêmes argu- ments aux restaurants sur l’eau. Alors pourquoi ces tables sur

la désaffection de la clientèle bisontine “alors que le Kargo à Dole et le Cancale à Dijon car- tonnent. On ne parle pas de Lyon, où les bateaux-restaurants sont garés les uns derrière les autres ni de Strasbourg (deuxiè- me port fluvial français) qui porte le projet Deux rives.” Mais le Chaland, lui, n’a pas de moteur et le coût de son dépla- cement, qui a été évalué entre 7 000 et 50 000 euros selon la destination, serait trop élevé. Bien sûr, son histoire mouve- mentée explique aussi la situa- tion actuelle. Cette institution bisontine qui a vu le jour en 1966, tenue ensuite par la famil- le Bertin à partir de 1980, a commencé à connaître des dif- ficultés après la coûteuse révi- sion de sa coque en 2005. “Je l’ai racheté en 2012 avec l’idée d’en faire quelque chose de nou- veau.” D’origine bisontine, Davy avait travaillé un temps sur Paris dans les cuisines du Jules Verne à la Tour Eiffel, du Ciel de Paris et de la Samaritaine. Malheureusement, le concept de tapas, de brunchs et d’af- terworks qu’il a voulu présen- ter à son retour au pays sous la nouvelle enseigne “Le D’ca- lé’’ “était trop avant-gardiste” , juge-t-il. Des problèmes de personnel et de qualité le mèneront en 2015 à faire table rase. “J’ai décidé de redonner ses lettres de nobles- se au Chaland en reprenant son nom et la cuisine traditionnel- le.” Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux avec Hélène, sa com- pagne au service, et ont du mal à faire oublier la mauvaise ima- ge du passé. Sans désespérer toutefois. “Nous sommes com- plets lors des événements com- me la Saint-Valentin. La clien- tèle vient de Suisse, d’Alsace, de Bourgogne…” La formule des chambres d’hôtes sur le Doubs semble, elle, avoir un peu plus de succès, si l’on fait exception de la fermeture de la péniche bleue Nadia, aux Prés-de-Vaux, et du départ de la péniche “Quiétude” fin 2012 qui s’est s’installée près de Saint- Jean-de-Losne. Elles ont été remplacées par l’Enéïde depuis. Une péniche habitée par Muriel et Luc au 19 faubourg Rivotte, qui louent deux de leurs chambres. Les commentaires sur Internet (de clients dijon- nais, alsaciens, belges…) sont cette fois plutôt élogieux. n S.G.

le Doubs partent-elles à la déri- ve ? À l’image du Balane (éga- lement installé à Rivotte), fer- mé deux ans après son ouverture fin 2014, puis mis en vente à 350 000 euros. Plusieurs avis négatifs sur Internet se plai- gnaient des odeurs de canali- sation à l’entrée et d’un servi- ce trop long. Son gérant, un restaurateur lédonien, avait pourtant cru au projet, en la faisant spéciale- ment venir par canaux depuis la Belgique. L’ancienne péniche de fret réaménagée en restau- rant, toujours équipée d’un moteur, serait aujourd’hui prê- te à mettre le large. Une idée qui a elle-même tra- versé l’esprit de Davy Ruffin, propriétaire du Chaland, devant

L’Enéïde se trouve au pied de la Citadelle, côté Rivotte. Non loin d’une autre péniche délaissée.

Le Balane, fermé depuis fin 2016, serait aujourd’hui prêt à mettre les voiles.