La Presse Bisontine 205 - Janvier 2019

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n°205 - Janvier 2019

LIBRAIRIE

Reprise Les Sandales d’Empédocle ont changé de main

Son histoire, vieille de 45 ans, a commencé au 138, Grande rue, impulsée par Claire Grimal. Aujourd’hui, la librairie bisontine écrit un nouveau chapitre aux mains de Jean-François Tréhant et de l’écrivain Arnaud Friedmann.

L es Bisontins, habitués à trouver ici les sciences humaines en sous-sol, la littérature jeunesse dans le prolongement du rez-de-chaus- sée et les étalages de romans à l’entrée, ont frémi en apprenant la mise en vente des “Sandales” par son ex-propriétaire, Romain Méchiet. Avec la peur de la voir fermer comme sa voisine Siloë- Chevassu, en mars dernier, fau- te de repreneur. Mais ils ont été vite rassurés en retrouvant cet- te institution bisontine telle qu’ils la connaissaient.

y travaillait depuis une dizai- ne d’années comme la plupart des salariés ici, quand la ques- tion de la reprise s’est posée. Neuf mois de réflexion lui auront été nécessaires. “Il y a toujours un risque, ce n’est pas un sec- teur en fort développement” , concède-t-il. S’ajoutait la ques- tion du portage financier, “sans l’Association pour le développe- ment de la librairie de création (A.D.E.L.C.), je n’aurais sans doute pas pu reprendre.” Mais il y croit bien sûr, tout com- me son ami et associé, Arnaud Friedmann (auteur de plusieurs romans dont “La vie secrète du fonctionnaire”), qui a lui aussi décidé d’investir. “Toute la chaî- ne du livre m’intéresse. Mainte- nant, je vois la librairie de l’in- térieur et j’en découvre tous les aspects de gestion derrière.” Pré- sent l’après-midi (il conserve ses matinées pour écrire), l’écri- vain bisontin fait figure de petit nouveau dans l’équipe depuis longtemps en place, mais a très vite trouvé ses marques en apportant ses conseils aux lec- teurs et en défendant les choix de présentation. C’est d’ailleurs l’une des valeurs ajoutées des librairies indé- pendantes selon Jean-François Tréhant. “Nous mettons à dis- position tous les livres pour tous les lecteurs. Ce qui va aussi bien

“Nous voulons garder la belle histoire de cette maison qui pla- ce le lecteur au centre, tout en nous l’appropriant” , indique Jean-François Tréhant, à la tête

de l’enseigne depuis le 26 septembre. Ce libraire au riche parcours (ancien professeur de lettres modernes, reparti en licence métier du livre à Mulhouse, puis salarié un temps à la librairie Kléber),

“Une librairie a un rôle social.”

“On peut se contenter d’Internet mais s’il n’y a plus, à terme, de proximité, ce sera une sacrée moins value sociale pour tout le monde”, d’après Jean-François Tréhant (à droite) et Arnaud Friedmann.

lent créer une association “Les amis de la librairie “ pour por- ter toutes sortes d’animations et mettre en place un club de lecture animé par Bérangère Cornu. Les premiers ateliers écriture ont, eux, déjà reçu 25 inscriptions en trois jours. n S.G.

de la poésie au roman grand public. Notre rôle passe aussi par la mise en avant d’un édi- teur qui, sans nous, n’existerait pas.” Derrière cela, se cache une exigence de qualité et de diver- sité. “Si les librairies indépen- dantes venaient à disparaître, le choix en serait restreint aux

seuls livres vendeurs.” De même, on ne se déplace plus à son sens pour le côté pratique, mais parce qu’on y trouve quelque chose en plus. “C’est avant tout un lieu de vie et d’échanges. Une librairie a un rôle très social.” Dans cette optique, les deux associés veu-

Les commentaires manuscrits apposés sur leurs livres coups de cœur sont appréciés.

SOCIÉTÉ

Auteur-compositeur

“La musique m’a guéri” Bien connu dans la Boucle bisontine pour y chanter régulièrement dans la rue, Matthieu Diaz prépare un deuxième album qu’il financera en partie grâce à la participation des passants.

“Je me sers de l’argent des passants pour investir dans des projets musicaux”, explique Matthieu Diaz.

V ivre de sa musique est le rêve de ce trentenaire. Armé de sa guitare, il bat le pavé depuis 10 ans, après s’être découvert une pas- sion pour le chant dans la cho- rale de son collège. “J’ai été ame- né à chanter devant 600 personnes au théâtre de Dole et ce soir-là, j’ai compris ce que je voulais faire” , confie Matthieu. Au-delà de la révélation, la musique a été pour lui une vraie thérapie. “Cela a soigné l’épi- lepsie dont je souffrais depuis des années et m’a permis de me faire une place dans la société.” Une passion qu’il aime aujour- d’hui partager avec le plus grand nombre. Son envie de percer dans le métier l’a d’ailleurs ame- né à tracer la route cet été pour se produire dans les rues de

Dijon, Lyon, Avignon, Montpel- lier, Rennes,Toulouse ouNantes. Se débrouillant avec ses maigres moyens en prenant le train ou en faisant appel au covoitura- ge. “Je suis même monté à Paris” , explique avec enthousiasme le jeune musicien.

En mars, Matthieu Diaz a aussi rejoint le Chili, d’où il tient une partie de ses origines paternelles. Mais là-bas, on ne l’a pas laissé jouer dans la rue. “Ils commencent à fai- re la chasse aux petits commerces ambulants et inter- disent tous men- diants” , explique-t- il. Lui n’assimile

Parti sur les routes de France.

Daniel Pelot. Il poursuit aujour- d’hui sur des cours de chant en fonction de ses cachets. Sur la place du 8-Septembre, au parc Micaud, place Pasteur… Il reçoit généralement un bon accueil, hormis de certains commerçants qui le traitent parfois de sal- timbanque. Mais qu’importe pour “ce musicien public” qui a érigé sa passion en philosophie de vie. n S.G.

pourtant pas la chanson de rue à la mendicité. Reprenant les paroles de Brassens (“Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux”), il regrette qu’on puis- se coller ainsi des étiquettes. “Moi, j’y vois surtout une façon de faire du bien aux gens. Je n’ai pas d’immenses pouvoirs avec mes chansons, mais j’aimerais qu’elles puissent apporter un regard plus humain et multi-

Yves Jamait ou encore Johnny Hallyday. Son premier opus, que l’on peut se procurer dans la rue auprès de lui pour 12 euros, alliait rock, chanson française, latino espa- gnol et même slam. Avec des chansons qu’il avait lui-même écrites, arrangées ensuite par AhmedMallek et BernardMira. Cet autodidacte a appris ses premiers accords avec son père, avant de suivre les cours de

culturel.” Cet hiver, on le retrou- vera plutôt dans les bars. Après la sortie d’un premier album auto-produit il y a trois ans, appelé “La princesse des mille et une nuits” en référen- ce à une fille qu’il a aimée, il bûche donc sur 15 nouvelles chansons qui sortiront pro- chainement. Il veut désormais s’attaquer à plus de sujets de société dans la lignée de ses influences musicales : Renaud,

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