La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

BESANÇON

Une ancienne figure de la télévision régionale

Mustafa Haciane n’a pas dit son dernier mot

S’ il reste fier de son Algérie d’origine, dont il dépeint une nouvelle fois dans son dernier roman toutes les couleurs et les reliefs, c’est bien à Besan- çon qu’il a définitivement posé ses valises après une vie professionnelle et person- nelle qui l’aura fait bourlinguer de l’Afrique à la France, en passant notamment par le Brésil. “Mes valises sont plantées à Besançon, elles y ont fait des racines” lan- ce Mustafa Haciane qui a vécu ici une bonne partie de sa carrière et d’où il n’est plus jamais reparti. Sa vie avait commencé en France, mais de l’autre côté de la Méditerranée, avant guerre, quand l’Algérie était française et que rien n’annonçait encore les soubre- sauts qui suivront quelques décennies plus tard. Une enfance plutôt tranquille dans le milieu petit-bourgeois algérois où le petit Mustafa, déjà féru de lettres, composait ses premiers poèmes. C’est à ce moment-là que la vie lui a offert sa première rencontre marquante. “J’avais écrit au journal “Algérie actualité” pour essayer de leur montrer mon petit carnet de poésie. Ils m’ont dit de passer au siè- ge du journal et c’est là, au détour d’une porte que j’ai vu quelqu’un qui jouait au ping-pong : c’était Albert Camus ! Je me romans. Son dernier vient de sortir, et les projets ne manquent pas pour le Bisontin. Ancien reporter à France 3 Franche-Comté, Mustafa Haciane, bientôt 84 ans, continue à cultiver sa passion des mots à travers l’écriture de

Mustafa Haciane, ancien journaliste et désormais écrivain, vient de sortir son quatrième roman,

“Les larmes de l’olivier”.

il animera pendant plusieurs années une émission littéraire. “L’aventure a duré six ans, jusqu’au jour où une ban- de de fous est entrée dans la radio et a censuré les émissions.” Le début des années chaotiques de l’Algérie il y a une trentaine d’années… Mustafa Haciane repart donc à nouveau à Paris, où de rencontres en rencontres où “je faisais des piges ici ou là” , il croi- se le chemin de deux copains qui lui apprennent que la télévision a besoin de renfort. “Ce sera pour l’émission de France 3 qui s’appelait “Mosaïque”, consa- crée à la vie des communautés d’origi- ne étrangère. J’y ai travaillé plusieurs années, avant d’intégrer R.F.I., puis de repartir sur le réseau France 3 où on m’a proposé de présenter les journaux, à Nantes, puis à Dijon.” C’est comme ça que l’Algérois atterrit à Besançon en 1983. Il ne quittera l’antenne régiona- le de France 3 qu’en 2000, à l’heure de la retraite. Depuis, c’est aux livres que l’ancien jour- naliste consacre le plus clair de son

temps. Dans son dernier roman, avec le personnage de Mohand, il retrouve les racines de sa terre natale et l’histoire de tant de ces hommes qui à l’époque ont tenté de faire leur vie, avec plus ou moins de succès selon les cas, en France métro- politaine. Avec un regard toujours aussi curieux et une étonnante vivacité que le poids des ans ne parvient pas à émous- ser, Mustafa Haciane garde toujours un œil acéré sur l’actualité, qu’elle soit natio- nale ou locale. Se disant “sceptique et déçu de la façon dont on a traité la question de l’intégration des immigrés” , il estime par ailleurs que les médias, la télévision notam- ment, “ne remplissent plus vraiment leur mission d’informer réellement, et ne vont plus au bout des choses.” Aucunement aigri par l’âge, ayant trou- vé dans les livres une sorte de plénitude, Mustafa Haciane continue à s’émerveiller des mots et des choses de la vie. Comme si le temps n’avait aucune prise sur lui. “J’espère bien être comme ça jusqu’à cent ans !” termine-t-il dans un clin d’œil. n J.-F.H.

lais à Paris faire l’école de travaux publics alors que je suis allé un peu plus loin, à la Sorbonne…Je ne lui ai jamais avoué…” Mustafa laisse alors sa famille, ses deux sœurs et ses huit frères, pour une nou- velle vie parisienne. C’est au journal “Jeune Afrique” qu’il fera ses armes de journaliste. Deuxième rupture avec un départ soudain au Bré- sil pour suivre une fille. Il y restera deux ans. Après cette période d’insouciance, retour à Paris, puis direction l’Algérie natale à la fin des années soixante pour se marier. “Nous étions dans une pério- de un peu folle où le monde connaissait beaucoup de bouleversements, où la jeu- nesse commençait à s’exprimer, où il y avait un vrai bouillonnement intellec- tuel” se souvient Mustafa qui s’est essayé à cette époque à l’écriture de plusieurs pièces de théâtre, dont certaines seront jouées sur des scènes reconnues de la scène théâtrale européenne. C’est à Alger que Mustafa découvrira un autre média, la radio. Il est embauché à la R.T.A. (radio télévision algérienne) où

Bio express

l Mustafa Haciane est né le 11 janvier 1935 à Alger

Marié, 3 enfants

l

l Journaliste grand reporter à la retraite l Il débute sa carrière en 1967 à Jeune Afrique et la termine à France 3 Franche-Comté en 2000 l Auteur de plusieurs pièces de théâtre dès son plus jeune âge, il a également écrit quatre romans dont le dernier vient de sortir, “Les larmes de l’olivier”, aux éditions Érick Bonnier

souviens très bien de ses encouragements” raconte Mustafa Haciane soixan- te-dix ans après cette ren- contre qui l’aura marquée. Comme une autre ren- contre, celle avec l’œuvre de Paul Éluard, “qui a été un vrai choc pour moi.” C’est décidé, le petit Mus- tafa écrira. Alors pour ça, il faut quand même suivre des études. En 1952, cap sur Paris, la capitale. “Mon père voulait que je prenne sa succession dans son entreprise de travaux publics. Il pensait que j’al-

“Au détour d’une porte,

c’était Albert Camus !”

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