La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

SALANS

Agriculture Ils se reconvertissent dans la spiruline, l’algue miracle

Florence et Nicolas Sarrazin se sont lancés dans la culture de la spiruline, une algue prisée pour ses vertus nutritives. L’exploitant se dit prêt à aider des agriculteurs qui souhaiteraient trouver de nouveaux débouchés.

S ur le terrain familial d’1,5 hectare située à Salans (Jura Nord), à trois kilo- mètres de Saint-Vit, les 8 serres de Florence et Nicolas Sarrazin abritent une culture particulière : la spiruline. Rien ne prédestinait le couple à deve- nir agriculteur. “Tout a com- mencé par un reportage à la télévision où il était question de spiruline. ça a fait tilt” retra- ce Nicolas, ancien ingénieur commercial. Pour en arriver à la création d’une ferme de spiruline pay- sanne biologique (bien que le label ne soit pas officiellement attribué aujourd’hui), il lui a fallu de la persévérance. La pre- mière année, Nicolas et Florence se forment, apprennent, obser- vent cette culture, avec un pre- mier bassin sous serre. Bientôt, un second, puis un troisième bassin sont aménagés. Aujour- d’hui, la ferme est composée de huit bassins. “Entre spiruliniers, il y a de l’entraide, d’échanges

tir dans un projet de ferme tota- lement autonome en eau et en électricité. Des panneaux pho- tovoltaïques en autoconsom- mation produisent une énergie directement consommée par la ferme et le domicile du couple. Un système de récupération des eaux de pluie apporte l’eau néces- saire aux cultures. Il s’agit là de la première ferme de spiru- line de France sur ce modèle. Après la période hivernale de “sommeil” de l’algue, revient la saison de production, d’avril à octobre. Les interventions du spirulinier sont alors nom- breuses : nettoyer les bassins, nourrir la spiruline, entretenir les cultures, vérifier les niveaux d’eau, surveiller le P.H. de l’eau. La sécheresse cause quelques soucis. “Il ne faut pas penser que c’est un sous-produit pour finan- cer une autre culture mais bien une technique particulière. Si des fermes capotent, c’est parce qu’elles oublient que cela prend du temps.”

de savoir-faire, de trocs.Mes pre- mières souches ont été récupé- rées auprès de producteurs. La filière est attentive aux oppor- tunistes et aux véritables por- teurs de projets, mais aussi à la qualité et à l’hygiène des fermes. Je viens d’aider un agriculteur qui a vendu une partie de son cheptel pour se financer une ser- re. Je suis prêt à en aider d’autres qui voudraient se reconvertir car le marché est porteur. Il n’y a pas de concurrence” , explique le chef d’exploitation. Cette algue d’eau douce pous- se naturellement enmilieu salin,

La première ferme de spiruline de France avec chauffage par panneaux photovoltaïques et récupération d’eau de pluie est à Salans, à 3 km de Saint-Vit. Ici, Nicolas Sarrazin.

sous un climat équatorial. Elle a besoin d’une tem- pérature compri- se entre 20 et 38 °C, et un taux d’humidité de 80 % pour s’épa- nouir. Des condi- tions réunies sous les serres. Le choix fut d’inves-

“C’est une vraie technique.”

Après récolte, il faut 7 à 8 heures de séchage pour parvenir au produit final : la spiruline sèche. Elle est ensuite façonnée sur place en paillettes séchées. Ces dernières ne se cuisent pas, ne se chauffent pas, et se consom- ment ainsi en s’ajoutant à l’ali- mentation habituelle : salades, yaourts, sauces, plats après cuis- son… L’agriculteur privilégie la ven-

te directe ou les intermédiaires de style A.M.A.P. (association pour le maintien de l’agricul- ture paysanne) oumagasins bio. Il vend son produit au Locavo- re de Besançon. Le prix : 16 euros les 100 grammes. Cet aliment aux extraordinaires qualités nutritionnelles possède les plus hautes teneurs en protéines, fer,

bêtacarotène, vitamine B12, aci- de gamma-linolénique et phy- cocyanine. Un élixir pour les personnes carencées, pour ren- forcer ses défenses immuni- taires, lutter contre les stress, accompagner les femmes enceintes ou les sportifs. Et en plus, c’est local ! n E.Ch.

Renseignements : spirulinedujura@gmail.com

BÂTIMENT Orientation professionnelle Objectif, recruter 15 000 bâtisseurs Sur le Pôle Viotte en chantier, la Fédération du Bâtiment a accueilli 180 lycéens pour casser certains “vieux” clichés.

TRAVAUX PUBLICS Inquiétudes Les T.P. menacent

de tout bloquer

“O n va rogner nos marges. Alors que les entreprises commencent tout juste à se remettre à flot, le gou- vernement met un coup d’arrêt net aux prochaines embauches et aux investissements !” En synthèse, voilà comment la Fédération régionale des Tra- vaux publics (F.R.T.P.) analy- se la décision de l’État de sup- primer le taux réduit de fiscalité du gazole non routier (G.N.R.) dans son projet de loi de finances 2019. La décision, si elle est appli- quée, devrait occasionner une augmentation de 70 % pour ce carburant réservé aux engins de chantier ! “Pour une entre- prise de T.P. de 20 salariés, cela représentera 25 000 euros de surcoût supplémentaire par an. Pour une autre réalisant 3,5mil- lions de chiffre d’affaires, ce sera 700 000 euros de plus ! Cela va éroder de 60 % les marges de nos entreprises” ana- lyse Jean-Pierre Dauge, secré- taire général de l’organisme du prix du gazole non routier (G.N.R.) voulue par l’État. La Fédération régionale des travaux publics dénonce l’augmentation de 70 %

L e chantier “Pôle Viotte” à Besançon n’a pas été choisi par hasard par la Fédé- ration du Bâtiment du Doubs pour orga- niser l’opération “Coulisses du bâti- ment” visant à faire connaître les métiers du bâtiment auprès des jeunes. “C’est l’un des chantiers les plus emblématiques de Besan- çon qui va mobiliser durant deux années les

12 octobre pour leur présenter la panoplie des métiers. “Nous avons besoin d’une main- d’œuvre qualifiée. Nous sommes confrontés à des difficultés de recrutement tant sur les métiers d’encadrement que sur les métiers de la production. Le bâtiment est en tension ! Cette situation est insoutenable économique- ment et intolérable socialement” commente Dominique Viprey, président de la fédération F.F.B. du Doubs. Des solutions doivent être trouvées : “Il faut identifier, préparer, et inté- grer les jeunes. L’objectif étant de recruter 15 000 bâtisseurs. Il appartient au bâtiment de mieux faire connaître les formations, mon- trer la réalité de nos métiers, mieux explici- ter les conditions de travail au-delà des cli- chés. La brouette et la pelle, c’est du passé !” conclut le président qui espère que parmi les 180 élèves accueillis, certains décideront de conduire une pelleteuse, d’autres deviendront grutier, ou responsables de chantier… n

entreprises du bassin bisontin avec 90 000 heures de travail pour les équipes d’Eiffage dont plus de 10 000 par le biais de l’insertion” présente Anthony Tence, directeur régional d’Eif- fage Constructions qui a ouvert les portes du chantier. En 2020, 800 fonctionnaires tra- vailleront ici et un éco-quartier va sortir de terre. La fédération B.T.P. du Doubs a accueilli 180 élèves vendredi

“La brouette et

la pelle, c’est du passé !”

Vincent Martin, président de la F.R.T.P. (à droite), fait part de ses inquiétudes au nouveau préfet du Doubs.

secteur représente 11 000 emplois dans la région, 2 220 dans le Doubs. “Nous projetons d’embaucher 2 000 salariés entre 2019 et 2021 au niveau régional. C’est remis en cause” poursuit la Fédération. Les entreprises pouvaient-elles anticiper en choisissant des machines fonctionnant avec d’autres énergies ? “Non, répond le secrétaire général. Actuelle- ment en Allemagne des tests avec des pelleteuses qui fonc- tionnent à l’hydrogène sont menés : mais ce ne sont que des tests.” n

présidé par Vincent Martin. Une solution simple : répercu- ter la hausse sur la facture. “Impossible, car la plupart de nos contrats ont déjà été signés” indique un professionnel. Il demande un lissage de la haus- se sur 5 ans. Lors du Carrefour des maires et des collectivités mi-octobre à Besançon, l’ins- tance a interpellé le - nouveau - préfet du Doubs Joël Mathu- rin, prévenu de l’opération escargot (le 23 octobre dernier sur la R.N. 57 à Besançon). “Nous sommes prêts à tout blo- quer” prévient la F.R.T.P. Le

Le président de la fédération F.F.B. du Doubs Dominique Viprey (à gauche) accueille un groupe d’élèves sur le chantier du futur Pôle Viotte.

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