La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

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PIREY

Monde combattant

Les “Gueules Cassées” continuent d’écrire l’histoire

O n parle souvent des morts de la guerre de 14-18 mais moins, en revanche, de ses survivants dont faisaient partie les “Gueules Cassées”. Ces soldats lour- dement blessés au visage par l’effet des gaz, des éclats d’obus ou de la vio- lence des combats sur le front, qui étaient méconnaissables et que leurs familles rejetaient parfois. S’il n’y a plus aujourd’hui de représentants de la Grande guerre, d’autres combat- tants de 39-45, du Vietnam, d’Indo- chine, d’Algérie et plus récemment des Opex (ces interventions des forces mili- taires françaises à l’étranger) leur ont succédé au sein de l’U.B.F.T. - plus connue sous le nom des “Gueules cas- sées” -. Pour arriver à quelque 2 500 membres, dont 88 pour la seule délé- gation franc-comtoise actuellement dirigée par Jacques Mougin, major de gendarmerie et ancien d’Algérie, bles- sé en service commandé. Les effectifs se sont élargis au fil des années aux policiers, gendarmes, pompiers, vic- times des attentats… “Cette année, j’ai fait six admissions issues d’Opex qui étaient déjà reconnues blessés des yeux et une femme blessée en service pom- pier pourrait nous rejoindre bientôt.” Pour ce fils de Poilus, les “Gueules cas- sées” ont bien sûr une signification particulière. Créée en 1921 par Bie- naimé Jourdain et Albert Jugon (deux grands mutilés) et une quarantaine

L’Union des blessés de la face et de la tête (U.B.F.T.) tenait début octobre son assemblée régionale annuelle à Pirey. Un rendez-vous qui avait un écho particulier en ce centenaire de la Grande guerre.

L’assemblée régionale des “Gueules cassées” a réuni quelque 70 participants.

de blessés, l’association cherchait d’abord à leur apporter un soutien et poursuit aujourd’hui cette mission. “On prend en charge les dossiers admi- nistratifs, les interventions chirurgi- cales et on aide financièrement nos membres ou leurs familles (veuves d’an- ciens combattants, enfants handica- pés, militaires souffrant de stress post-

mis à l’association d’acquérir le domai- ne de Coudon, reconverti désormais en E.H.P.A.D. et prochainement en résidences seniors. “Une Américaine, dont le fils blessé dans les tranchées avait été sauvé par l’armée française, avait aussi offert aux Gueules Cassées le château de Moussy, dans lequel des milliers de mutilés ont vécu un temps en autarcie. Actuellement mis en ven- te.” L’histoire de l’accompagnement appor- té à tous les anciens et nouveaux bles- sés de la tête, continue donc de s’écri- re aujourd’hui. Un peu plus de 70 personnes ont assisté à l’assemblée régionale parmi lesquelles le Profes- seur Ricbourg, ancien chef du service maxillo-facial du C.H.U. de Besançon. Les associations régionales des ampu- tés de guerre et mutilés des yeux étaient également associées à cette réunion. n

traumatique…)” , indique à titre d’exemple Jacques Mougin. Des démarches qu’elle peut encore aujourd’hui assurer grâce aux parts que lui reverse la Fran- çaise des jeux. Car on le sait peu, mais les “Gueules Cassées” sont à l’origine du loto natio- nal, dont la création remonte en 1927. “C’était une façon de financer ses actions.” Cela a aussi per-

Une aide médicale et financière.

Jacques Mougin (à droite) aux côtés de Jean-Yves Monnin, directeur départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

S.G.

EN BREF

MORRE

Livre mémoire Ils ont besoin d’un coup de pouce pour faire revivre l’histoire du village

Olympisme L’universitaire

montfalconnais Éric Monnin a été nommé vice-président délégué à l’Olympisme - Génération 2024 pour le compte de l’Université. Sa nomination permettra de développer de nouvelles collaborations et de confirmer l’Université de Franche-Comté dans une démarche active dans le domaine de l’olympisme, avec par exemple l’objectif de Labellisation “Génération 2024” lancée par la ministre Frédérique Vidal le 20 septembre dernier. Radar Dans le cadre des travaux d’aménagement du carrefour de la piscine de Chalezeule et d’une piste cyclable dans l’emprise de la R.D. 683 à Thise et afin d’assurer une meilleure sécurité des personnels, un radar autonome a été installé le 18 octobre pour toute la durée du chantier, jusqu’en mai 2019. Il assurera le contrôle des vitesses dans les deux sens. Dialogue La section C.F.D.T. du Conseil régional de Bourgogne-Franche- Comté a appelé à une grève tournante et illimitée. Elle demande un meilleur dialogue social.

Après le succès de leur premier ouvrage “Le passé en habit du dimanche” paru en 2009, des habitants de Morre attendent de nouvelles souscriptions pour pouvoir publier le tome II.

D es anecdotes ? Ce deuxième livre en regorgera. Comme cette his- toire de la vierge vandalisée jetée au creux de l’enfer ou des latrines de l’école qui ont fait la une au début du XX ème siècle. Il y eut aussi cette crois- sance soudaine de la population entre 1872 et 1876 et ce boulanger dénon- cé, mais surtout cette grosse bataille menée auTrou au loup pendant la secon- de Guerre Mondiale. C’est justement parce qu’ils avaient enco- re plein de choses à raconter et qu’ils ont fait de nouvelles trouvailles, que les quatre instigateurs du premier livre ont décidé de renouveler l’aventure. “On avait retrouvé le fascicule deWalter Béne- ch, “Mémoires de guerre 39-40”, sans pouvoir l’intégrer au livre. Depuis, on est également rentrés en contact avec les des- cendants d’un soldat allemand qui a participé à cette bataille grâce à Inter- net” , explique Francine Taillard. Des trésors d’archives, totalement inédits, qui devraient pouvoir être présentés et qui s’inscrivent dans la continuité de la première publication vieille d’une dizai- ne d’années. Son titre : “Le passé com- me un jouet retrouvé”, joue d’ailleurs la complémentarité. Au départ, cette habi- tante de Morre, bénévole à la biblio- thèque, souhaitait présenter une expo-

sition. Et au fur et à mesure des col- lectes de documents administratifs, de photos de classe, de cartes postales… l’idée d’un livre s’est imposée. “Nous sommes remontés jusqu’en 1700-1800. ” Depuis lors, les recherches ne se sont plus arrêtées. Avec ses complices Jean- Claude et Sophie Bouverot et Dorian Cornubert, ils ont pu monter huit nou- veaux chapitres consacrés aux XIX ème et XX ème siècles. Eux n’habitent aujour- d’hui plus le village mais y restent très attachés. Les informations consignées les ont amenés à se pencher sur ce tome sur l’évolution du village, la vie quoti-

Francine Taillard reste à la recherche de tous documents en lien avec Morre, dont une photo de l’église brûlée

dienne, les faits militaires et d’actualités… “Un vrai travail de fourmi, qui prend énormément de temps” , précise Francine Taillard. Ce qui la fait douter de voir un jour un tome III. Pour l’heure, elle cherche déjà à réunir les dernières souscriptionsmanquantes indispensables à la paru- tion de ce livre. Le tirage ne pouvant se faire en dessous de 350 exem- plaires. Lamairie deMor- re les soutient par l’achat

300 pages en couleurs autour des XIX ème et XX ème siècles.

en 1970, à ce jour introuvable.

de 100 exemplaires et 189 particuliers l’ont réservé. Ne manque donc plus que quelques réservations. L’ouvrage de 300 pages, tout en couleurs et de présenta- tionmoderne grâce à l’intervention d’une

graphiste bénévole, se vend 30 euros. Il pourrait être édité d’ici le printemps. dévoilée par Stéphane Bern, la liste des monuments retenus ne seraussi partie des heureuses bénéficiaires. n S.G.

Infos et réservation au 07 81 49 21 31

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