La Presse Bisontine 203 - Novembre 2018

DOSSIER

25 La Presse Bisontine n°203 - Novembre 2018

l Collections Donations Pâris, Gigoux, Besson… Le plus ancien musée de France dépoussiéré L’une des particularités du M.B.B.A. tient dans la constitution de ses collections. Les fonds du musée sont pour la plupart issus de collections privées.

L’installation et l’accro- chage se poursuivent. Le célèbre tableau du Bronzino prêté l’an dernier au Palazzo Strozzi de Florence a retrouvé le musée de Besançon.

D ès 1694, l’abbé Boisot lègue à la Ville de Besançon sa collection composée en gran- de partie de celle de la puis- sante famille des Granvel- le, “à condition qu’elle soit montrée au public deux fois par semaine.” Cette exigence, exprimée pour la première fois dans l’histoire, préfigure l’idée d’une collection publique, en quelque sorte un “musée”, cent ans avant la création

du Louvre à la Révolution française. Par la suite, la collection va s’enrichir de manière spectaculaire grâce aux dons des collectionneurs, pour la plu- part bisontins, qui auront à cœur de soutenir le patrimoine franc-comtois. Les fonds les plus importants pro- viennent de la générosité de Pierre- Adrien Pâris, architecte du roi Louis XVI en 1819 (dont 183 dessins et 38 peintures) et du peintre Jean Gigoux

en 1894 (3 000 dessins et 460 tableaux). Enfin, le dépôt proposé par George et Adèle Besson (112 peintures et 221 œuvres graphiques), grands amateurs d’art moderne, en 1963, est l’occasion pour l’architecte Louis Miquel d’agran- dir lemusée en édifiant dans son ancien- ne cour centrale une structure de béton brut que la récente rénovation a subli- mée. n J.-F.H.

l Interview

Nicolas Surlapierre, directeur des musées du centre “Doubler la fréquentation me paraît tout à fait jouable” Le directeur du Musée des beaux-arts

Désormais, ce sont trois salles successives qui racontent beau- coup mieux cette période. Deuxième élément : les restau- rations réalisées sur de nom- breuses œuvres ont été d’une exceptionnelle qualité. Nous avions retenu un groupement des restaurateurs parmi les plus pointus de France. Et l’aména- gement des salles, ajouté à la présentation des collections, don- ne un résultat véritablement exceptionnel. Il faut surtout pré- ciser que 40 % des œuvres expo- sées n’avaient jamais été vues, soit parce qu’elles étaient dans les réserves, soit parce qu’elles n’étaient pas présentables dans

chiffre de 80 000 à 100 000 visiteurs est un objectif atteignable. Dou- bler la fréquenta- tionme paraît tout à fait jouable. Ce serait d’ailleurs une juste récom- pense par rapport au travail fourni ces dernières années.

gure. L’idée, après le pic de fré- quentation lié à la réouverture, est de donner tous les ans de nouvelles occasions au public de franchir la porte de ce musée. L.P.B. : Les outils numériques seront- ils présents pour les visiteurs de ce “nouveau” musée ? N.S. : Bien sûr, même si on sou- haite privilégier le rapport direct à l’œuvre. Ce musée sera un musée du XXI ème siècle, avec des audioguides intelligents notam- ment et des expérimentations ludiques, mais je ne souhaite pas qu’il y ait des écrans dans toutes les salles. Nous souhai- tons qu’il y ait au sein de ce musée des lieux dédiés à la médiation numérique, mais ce serait dommage de voir des écrans à côté du Bronzino par exemple ! Dans un musée, il y a aussi un vrai droit à la décon- nexion, pour une reconnexion directe à l’œuvre. Concernant les outils numériques, nous serons sur des offres évolutives en fonction aussi de l’évolution des technologies. L.P.B. : Vous espérez la venue du pré- sident de la République le 16 novembre ? N.S. : Ce serait vraiment bien en signe de reconnaissance de l’énor- me travail qui a été accompli pour ce musée. n Propos recueillis par J.-F.H.

leur état et qu’elles ont fait l’ob- jet de ce remarquable travail de restauration. L.P.B. : Si vous deviez donner le Top 3 de vos coups de cœur à découvrir dans ce nouveau musée ? N.S. : Je citerais notamment l’œuvre majeure de Van Orley, le peintre flamand du XVI ème siècle dont le musée possède un triptyque magistral. Je citerais ensuite les salles XVIII ème siècle qui m’ont complètement fasci- né par leur rythme, l’élégance de la présentation et de l’accro- chage des œuvres et la couleur très douce de ces salles. Je gar- de un faible également pour une autre œuvre, du XVIII ème siècle, “La partie de dés” de Valentin de Boulogne.Et je ne parlemême pas de l’archéologie ! Une pièce m’émeut particulièrement, c’est la “mosaïque de Neptune” datant du début du II ème siècle après Jésus Christ, qui avait été mise au jour en 1973 dans le sous-sol du centre-ville de Besançon. L.P.B. : Vous êtes-vous fixés des objec- tifs en termes de fréquentation ? N.S. : Bien sûr, en établissant le budget du musée, nous avons mis en face des recettes liées aux entrées, mais nous avons été à mon sens plutôt modestes. Au moment de la fermeture du musée, nous étions à 48 000 visi- teurs par an. Je pense que le

et d’archéologie (M.B.B.A.) de Besançon et des musées du centre livre son sentiment à trois semaines de la réouverture.

“40 % des œuvres exposées n’avaient jamais été vues.”

L a Presse Bisontine : Les Bison- tins reconnaîtront-ils leur musée ? Nicolas Surlapierre : Pour moi, c’est un autre musée. Les premiers changements viennent avant tout de la lumière. Et en ayant fait sauter des cloisons, on redé- couvre les arches, on recrée de la circulation et les relations entre les œuvres sont magnifi-

quement rétablies. Le musée a subi une vraie transformation, je ne reconnais pas le musée d’avant les travaux. L.P.B. : Les œuvres sont beaucoup mieux mises en valeur ? N.S. : C’est évident. L’espace consacré aux peintures du XVIII ème siècle était auparavant organisé en une seule salle.

L.P.B. : Deux exposi- tions temporaires seront proposées à la réouverture. Quelles seront les suivantes ? N.S. : La grande exposition tem- poraire suivante, après les deux premières de cette année, sera organisée à l’automne 2019 sur le thème “François Boucher et la Chine”. Nous avons une dizai- ne de tableaux de François Bou- cher, ce peintre duXVIII ème siècle, auxquels nous ajouterons d’ex- traordinaires tapisseries de Beauvais ayant appartenu à l’Empereur de Chine et qui sont actuellement dans des collec- tions privées et au palais royal deTurin notamment,car il s’agis- sait pour certaines de com- mandes du Duc de Savoie. Le rythme des expositions tempo- raires sera le suivant dans le nouveau musée : deux exposi- tions de collections par an et une troisième de plus grande enver-

Nicolas Surlapierre, directeur des musées du centre à Besançon.

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