La Presse Bisontine 202 - Octobre 2018

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 202 - Octobre 2018

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POLITIQUE

Jean-Louis Fousseret

“Ma succession rend fébrile…”

L a Presse Bisontine : Dure dure la rentrée politique ?… Jean-Louis Fousseret : Je reconnais qu’il s’est passé pas mal de choses depuis cet été. Il y a notamment eu des dis- cours indignés, des propos outranciers, des candidatures aussi… Ce que je pense honnêtement, c’est que cette fébrilité actuelle ne correspond en rien à l’attente des Bisontines et des Bison- tins. Ils ne souhaitent pas qu’on trai- te au sein du conseil municipal ou du conseil communautaire des problèmes nationaux ou que l’on débatte pour savoir qui me succédera. Pour moi, la politique, ce n’est pas cela. Cette façon de faire est très éloignée de ce qu’at- tendent nos concitoyens. J’ai bien conscience que ces épisodes récents ne sont que les premiers d’une longue série à venir et que ma succession rend fébrile. D’ailleurs, ce n’est pas anor- mal, mais à une seule condition : que l’on continue tous à travailler au ser- vice des habitants de cette agglomé- ration. J’ai toujours dit que c’était mon dernier mandat, mais j’ai aussi dit que je mènerais ce mandat à son terme. J’ai été élu avec une liste et des objec- tifs. Je m’y tiendrai jusqu’au bout. Et quand on fera le bilan, on s’apercevra que tout ce qui a été annoncé, on l’au- ra réalisé à au moins 90 % et qu’on a même réalisé des choses qui n’étaient pas prévues au départ. Ma feuille de route est claire jusqu’au bout. Certains pensaient peut-être qu’à la fin de ce mandat j’allais me retirer à Saint-Fer- jeux et ne plus rien faire. Ce n’est pas le cas. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous reste à accomplir d’ici mars 2020 ? J.-L.F. : Si je ne prends que quelques extraits de ma feuille de route, je peux citer évidemment l’inauguration pro- chaine du musée des beaux-arts le 16 novembre, l’avancée du projet Saint- Jacques avec notamment la future bibliothèque universitaire, la nouvel- le Rodia agrandie qui sera inaugurée en avril prochain, la Bastion rénové au-dessus de la mêlée et désamorcer tous les sujets éventuels de discorde. J ean-Louis Fousseret martèle qu’il se consacrera à 100 % à sa ville “ jusqu’au 19 mars 2020” dit-il. Et si, pour calmer les ardeurs de beaucoup de prétendants, il décidait de se repré- senter une dernière fois et passer ensui- te le relais en douceur ?… Cette hypo- thèse fait sourire l’intéressé, qui ne dément pas complètement. Parallèlement, le maire de Besançon a pris une responsabilité nationale en deve- nant cet été le président de “Tous poli- tiques !”, l’association émanation du mou- Tous politiques ! Avec un début d’automne pour le moins agité pour un maire sous le feu des critiques et les assauts de ses “partenaires”, Jean- Louis Fousseret veut se lacer

Jean-Louis Fousseret tente de

reprendre la main après une rentrée politique bien compliquée.

ger. Qu’on me cite une chose que j’ai faite qui soit contraire à notre programme électoral de 2014 ! L.P.B. : On vous reproche aussi de soutenir la contrac- tualisation voulue par le gouvernement. J.-L.F. : Cette contrac- tualisation est meilleu- re pour la Ville et l’Ag- glo que les coupes budgétaires qui avaient été faites entre 2013

demment à transmettre cette ville en bon état, j’aime Besançon de toutes mes forces et j’ai une mission bien supérieure à ces querelles et ces polé- miques actuelles. L.P.B. : Vous dites vouloir aller jusqu’au bout mais si vous n’avez plus le soutien de vos alliés, il y a un risque que vous deveniez mino- ritaire dans votre propre camp ? J.-L.F. : Imaginons qu’un budget ne soit pas voté par tel ou tel groupe de la majorité. Dans ce cas-là, c’est le pré- fet qui gérerait le budget de la ville jusqu’à l’année suivante. Je ne crois pas que ce soit la volonté de qui que ce soit d’aboutir à une telle situation et je crois au contraire que la majori- té des élus souhaitent qu’on applique jusqu’au bout le programme pour lequel nous avons été élus. Je ne suis pas sûr que si un budget n’était pas voté, ça plairait beaucoup aux Bisontins. Je reste très serein par rapport à tout cela. Je pense que j’aurai une majori- té jusqu’à la fin de ce mandat. L.P.B. : Le fait que les Verts ou les commu- nistes ne votent pas le budget ne relève pas pourtant de la science-fiction ! J.-L.F. : C’est possible, on verra. Mais je reste persuadé que la majorité des élus de cette ville a envie d’aller au bout ensemble. L.P.B. : Il est clair que votre conversion à En Marche a envenimé vos rapports avec le res- te de votre majorité. Certains qui se sentent floués par votre choix pensent que vous auriez dû refaire des élections après être passé à En Marche… J.-L.F. : On aurait pu envisager de refai- re des élections si j’avais décidé de changer le programme municipal ! Ce n’est pas du tout le cas. Certes j’ai été un des premiers élus locaux à rejoindre le mouvement En Marche mais ce qui me lie aux Bisontins, ce n’est pas l’en- gagement que j’ai pris avec Emma- nuel Macron qui relève des questions de politique nationale. Ce qui me lie aux Bisontins, c’est juste le program- me sur lequel nous nous sommes enga- gés en 2014. Il ne faut pas tout mélan-

et agrandi, la nouvelle M.J.C. de Palen- te, la poursuite de l’extension de Témis avec l’accueil prochain de la société Innotech et le service après-vente d’Au- demars-Piguet, l’investissement de 10 millions d’euros dans l’Université, le lancement de Témis Santé, le pas- sage du Grand Besançon en commu- nauté urbaine courant 2019, la livrai- son à l’automne 2019 du parc post-industriel en lieu et place de l’an- cienne Rhodia, la livraison du nouveau bâtiment administratif Le Signal à la gare Viotte, la nouvelle piscine de Cha- lezeule, etc., etc. Mon job, c’est ça, et rien d’autre. Après seulement viendra le temps de ma succession.

L.R.E.M. n’est pas désigné. Je n’ai donc pas à soutenir quelqu’un qui n’est pas désigné. C’est une commission natio- nale qui désignera en juin prochain le candidat du mouvement et je sou- tiendrai alors ce candidat. L.P.B. : Un mot sur le leader de l’opposition Jacques Grosperrin qui fait feu de tout bois contre vous en cemoment. Les esprits s’échauf- fent aussi à droite… J.-L.F. : Je crois que Jacques Grosper- rin a décroché le pompon en termes d’indécence, de caricature et d’outrance. Il se laisse aller à de graves dérapages verbaux, sans plus aucune retenue. Dans la bouche d’un sénateur, tenir de tels propos outranciers en parlant de moi comme d’un “corps mort qui bouge encore”, c’est purement et sim- plement de la délinquance verbale. L.P.B. : Avez-vous envisagé de porter plainte contre lui pour injure ? J.-L.F. : Ce serait lui faire trop d’hon- neur et une publicité qu’il ne mérite pas. Jacques Grosperrin abîme la fonc- tion et la politique. Jamais Raymond Tourrain, Jacques Weinman, Michel Bittard ou Michel Jacquemin ne seraient tombés à ce niveau. Par ses déclarations indignes, M. Grosperrin ne fait que se disqualifier. Malgré ses sourires et ses poignées de main méca- niques, je ne pense pas qu’un tel élu soit capable de conduire cette ville. Il utilise des procédés d’un autre âge. L.P.B. : Le sujet de l’armement des policiers municipaux revient dans le débat. Un rapport d’un député L.R.E.M. préconise de les armer, sauf avis contraire du maire. Votre position a-t-elle évolué sur cette question ? J.-L.F. : Je regarderai les 78 proposi- tions de ce rapport parlementaire et surtout, j’attendrai de voir ce que le gouvernement en fera. Ici, les poli- ciers municipaux sont déjà armés, de bâtons de défense ou de pistolets à impulsion électrique. Sur la question des armes létales, nous en rediscute- rons sereinement avec mon équipe municipale. n Propos recueillis par J.-F.H.

“Jacques Grosperrin, c’est de délinquance verbale.”

et 2016. La Ville avait alors été ampu- tée de plus de 9 millions d’euros de dotations en cumulé. Pour la premiè- re fois depuis longtemps le budget municipal n’a pas été amputé cette année de sommes supplémentaires. L.P.B. : Autre sujet de crispation récent : le fameux arrêté anti-mendicité. Vous ne regret- tez rien ? J.-L.F. : Il est destiné à renforcer nos moyens d’action contre les comporte- ments dérangeants. Si j’ai pris cet arrê- té, c’est uniquement pour prendre en compte la demande des Bisontins et des commerçants. Cela ne nous empêche pas, au contraire, de maintenir notre soutien aux plus faibles dans cette vil- le. L’objet de cet arrêté est de faire en sorte que cessent les troubles à l’ordre public et les incivilités. Le tribunal administratif a d’ailleurs reconnu que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. J’ai reformulé l’arrê- té car certains mots ou formules pou- vaient en effet choquer mais sur le fond, je n’ai rien changé. Et je le répè- te une nouvelle fois : on ne fait pas la chasse à la mendicité. Je ne trouve pas très honnête de faire de la récupéra- tion politique par rapport à ce sujet. L.P.B. : On va quand même évoquer la suite, même si vous ne le voulez pas : soutiendriez- vous Éric Alauzet s’il était le candidat En Marche à votre succession à la mairie ? J.-L.F. : Je ne soutiens personne pour l’instant car pour l’instant le candidat

L.P.B. : Vous ne pourrez pas éluder la question jusqu’en 2020 car il faudra bien que vous la prépariez votre suc- cession ? J.-L.F. : Pour l’instant, les autres parlent, je les laisse parler. Je suis lemaître demon temps. Si chaque semaine pen- dant un an et demi on ne fait que de parler de ce sujet, on va tous pas- ser à côté des enjeux principaux pour cette ville et cette agglomé- ration. Je tiens évi-

“J’aurai une majorité jusqu’à la

fin de ce mandat.”

vement En Marche créée pour former les actuels et futurs élus de la macro- nie. Son rôle ? “Accompagner tous ceux qui veulent participer au changement de société. On veut décloisonner la poli- tique et lui rendre ses lettres de nobles- se” commente Jean-Louis Fousseret qui préside cette nouvelle organisation “à titre bénévole” précise-t-il. Cette nouvelle fonction mobilise au mai- re de Besançon quelques séminaires auxquels il participe et “beaucoup de réunions en télé-conférence” dit-il pour faire comprendre que c’est bien à Besan- çon qu’il continuera à passer le plus clair de son temps. n

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