La Presse Bisontine 201 - Septembre 2018

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 201 - Septembre 2018

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RELIGION

Un parcours atypique

Il quitte les palaces pour devenir prêtre Jean-Marie Larue a été ordonné prêtre fin juin à la cathédrale Saint-Jean de Besançon. Un nouveau pas dans une vie déjà bien remplie, faite autrefois d’hôtels de luxe. Durant ses années

“J’ aime le contact du public et être au service des autres.” Si Jean- Marie fait naturellement le parallèle entre sa vocation et son ancienmétier, il suscite pour- tant l’étonnement de son audi- toire. La surprise est encore plus grande quand il explique que son choix de la prêtrise s’est posé au moment même où s’of- frait à lui un poste au Ritz Carl- ton à Dubaï. Mais il l’avoue, “il a fallu faire un choix” et sa voca- tion n’est pas venue d’un coup, d’un seul. Cela lui a demandé beaucoup de réflexions. Bien que tombé tout petit dans la foi : “Mes parents étaient professeurs de l’enseignement catholique et je suis issu d’une famille prati- quante originaire du Russey” , il n’a pas envisagé immédiate- ment cette voie. Un grand-oncle prêtre lui sou- lèvera d’ailleurs la question de la vocation sacerdotale dans une lettre adressée à ses 16 ans pour sa confirmation. “Quand il par- lait, on était pendu à ses lèvres, mais l’idée est entrée dans ma

tête et en est ressortie” , se sou- vient-il. “J’avais une copine à l’époque et je pensais à tout sauf à ça” , ajoute-t-il même amusé. Après une année de fac et un goût très modéré pour les études, il tombera finalement sur le cours hôtelier de Besançon. “C’était une formation courte, idéale à mes yeux.” Il commen- cera sa vie active au Luxem- bourg. S’ensuivra une expérience à Londres “faite de petits bou-

Ses six années passées l’éloi- gnèrent des messes, “j’y allais moins car je travaillais aussi le week-end” , mais il consacrait toutefois ses jours de repos au théâtre et à des visites d’églises. “Puis durant trois jours de congé passés à Ars (village du saint patron des prêtres, Jean-Marie Vianney), la foi est revenue à moi comme une évidence.” En rentrant, il décide de démis- sionner à la surprise de son patron, qui n’apprendra sesmoti- vations que plus tard. “Au bout d’une semaine, je me suis dit que j’avais fait une bel- le bêtise” , avoue le jeune prêtre de 33 ans. “Je suis alors allé voir un jeune curé, Jean-François Francisco, que j’avais connu séminariste, qui m’a parlé du parcours Samuel proposé dans le Diocèse de Besançon.” Y compris après cette année de réflexion et son entrée au sémi- naire, certains doutes perdure- ront, “reprendre des études longues me faisait peur. Il y avait également la question du céli- bat.” Mais c’est aussi ce qui fait la force des vocations aujour-

séminaires, Jean-Marie Larue est p assé par les paroisses du centre-ville bisontin, de Gray, Champlitte, Pesmes, Marnay, Notre-Dame des Vignes et du Pays de Franois.

lots et de colo- cation” , puis un passage au Gray d’Albion à Cannes où il a pu se frotter à l’effervescen- ce du festival, avant de rejoindre le Meurice à Paris. “J’y ai commencé com- me groom et je suis devenu “chasseur”. C’est là que je me suis le plus épanoui.”

En rentrant, il décide de démissionner à la surprise de son patron…

d’hui selon lui. “Dieu appelle des personnes tout le temps mais on met parfois un moment pour y répondre.” À ceux qui se posent la question, il conseille surtout “d’oser en parler, sans avoir peur du regard des autres” , ce qui lui a un peu manqué, “et de laisser

le temps au temps.” Il officie depuis ce 1 er septembre sur Luxeuil et la vallée du Breu- chin et se fait un défi de ren- contrer y compris les personnes les plus éloignées de l’église. “On n’est pas prêtre pour soi mais pour les autres, et notre

but est aussi de rejoindre les gens là où ils sont et où ils en sont dans leur vie.” À noter que trois autres ordinations diaco- nales ont été célébrées dans le Diocèse entre juin et sep- tembre. n S.G.

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