La Presse Bisontine 201 - Septembre 2018
40 ENVIRONNEMENT
La Presse Bisontine n° 201 - Septembre 2018
Qu’est-ce qu’un P.N.R. ? Peut être classé en Parc Naturel Régional (P.N.R.), un territoire rural habité, reconnu au niveau national pour sa forte valeur patri- moniale et paysagère, mais à l’équilibre fragile, dont les acteurs locaux s’organisent autour d’un projet concerté de développe- ment durable, fondé sur la préservation et la valorisation de ses patrimoines, de ses spécificités et de son identité. Organisme de mission au service du développement local, un Parc procède d’une démarche globale d’aménagement du terri- toire. Un P.N.R. poursuit cinq missions : - protéger, gérer et valoriser les patrimoines naturels, culturels, paysagers et les sites remarquables. - contribuer à l’aménagement du territoire. - Animer et coordonner le développement économique, social et culturel, en valorisant ses ressources naturelles et humaines. - Assurer l’accueil, l’information et l’éducation des publics, sur un plan touristique mais aussi via un concept fort d’éducation à l’environnement. - Favoriser des actions expérimentales ou exemplaires dans les domaines cités ci-dessus et contribuer à des programmes de recherche dans un esprit d’innovation. n
Feu vert pour la création du Parc Naturel du Doubs Horloger AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE Le principe validé Une étape cruciale vient d’être franchie en vue de la création d’un nouveau Parc Naturel Régional. Les élus régionaux ont validé le projet à l’unanimité. Reste à convaincre définitivement les autorités nationales.
quelques mois pour corriger le tir s’il le faut, après l’avis des instances nationales, et le dos- sier pourra alors être définiti- vement validé d’ici un an, “pour aboutir à la création officielle du Parc tout courant 2020.” Mais au juste, à quoi sert un P.N.R. ? “Le label P.N.R. est un vrai projet de territoire juge Denis Leroux. Il permet de mettre en valeur et en cohérence tous ses savoir-faire locaux en matière d’environnement, d’industrie et d’artisanat, de ressources natu- relles, d’agriculture, de gestion de l’eau. Un P.N.R. n’est pas un territoire sous cloche, c’est tout le contraire.” Et derrière ce label, c’est aussi “une notoriété accrue,
Comté a validé le projet de char- te, la colonne vertébrale de ce futur P.N.R., permettant d’ou- vrir l’étape 2 du processus de création. Les 10 et 11 septembre, une délégation nationale du minis- tère de la Transition écologique et de la fédération nationale des Parcs Naturels Régionaux vien- dra dans le Haut-Doubs à la rencontre des acteurs du terri- toire et mi-octobre, “nous irons défendre notre dossier au minis- tère. Et nous devrions être fixés définitivement en novembre” indique Denis Leroux, le prési- dent du syndicat mixte du Pays Horloger, porteur du dossier. Le Pays Horloger aura encore
U n dossier au long cours est en passe d’aboutir pour l’avenir du terri- toire. Lancée en 2007, notamment par Jose- ph Parrenin, la réflexion autour du projet de création d’un nou- veau Parc Naturel Régional (P.N.R.) est désormais en bon- ne voie d’aboutir après que les élus régionaux à l’unanimité
ont validé le projet de charte. Après le Parc duMorvan, le Parc du Haut-Jura et celui des Bal- lons des Vosges, le Parc Natu- rel Régional du Doubs Horloger serait donc le quatrième et der- nier P.N.R. de Bourgogne- Franche-Comté et le 54 ème fran- çais. Le 29 juin dernier, à l’unanimité de ses élus, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-
des rivières. C’était tout l’enjeu de la charte fondatrice de ce Parc Naturel validée par les élus régionaux au début de l’été. “Un des intérêts de la démarche est aussi de faire prendre conscien- ce à tout le monde, notamment aux élus locaux, que la consom- mation d’espace est un enjeu cru- cial. Les lotissements avec des parcelles de 12 ares, c’est défi- nitivement révolu” prévient le président du Pays Horloger. Un autre point, stratégique, res- te à trancher : où sera localisée la Maison du Parc ? Car parmi les missions d’un P.N.R., il y a notamment l’obligation d’en fai- re un lieu ouvert, de pédagogie et d’expositions. Une dizaine de sites potentiels ont été ciblés. “Il faudra qu’on choisisse un lieu ouvert sur le territoire, accessible, si possible un peu central et que les gens s’y identifient.” La Mai- son du Parc du Haut-Jura se situe à Lajoux, celle du Parc des Ballons desVosges àMunster. n J.-F.H.
un atout sur le plan touristique et un outil pour préserver la qua- lité de vie du territoire” ajoute le président. Si la démarche de constitution du P.N.R. est désormais bien engagée, les porteurs du projet ne sont pas encore au bout de leurs peines. “Nous devons désor- mais préparer les statuts du Parc, qui à terme, remplacera le syn- dicat mixte du Pays Horloger” note Denis Leroux qui ajoute : “Ce Parc ne sera donc pas une couche supplémentaire au mil- lefeuille, au contraire. Certains syndicats, comme celui du Des- soubre par exemple, n’auront plus lieu d’exister. Ses missions seront reprises par le P.N.R.” Avant de voir le dossier défini- tivement adopté, il aura fallu également apporter quelques garanties aux instances natio- nales sur les principaux points noirs du territoire, notamment la maîtrise de l’urbanisation, la question de la mobilité trans- frontalière et la qualité des eaux
Denis Leroux (à droite), président du syndicat mixte du Pays Horloger et Yannick Nancy, directeur de la structure.
“Ce Parc Naturel est sans doute une chance à saisir” LA PROFESSION AGRICOLE Le président de la chambre
Le président de la Chambre interdépartementale d’agriculture, dont les représentants étaient plutôt sur la réserve au départ, voit dans le P.N.R. une manière pour l’agriculture de se perfectionner encore sur les enjeux environnementaux et de mieux encore valoriser les produits.
forcer ces questions. Je pense notam- ment aux effluents d’élevage, qui doi- vent désormais se comptabiliser en termes d’euros, à la méthanisation. Je rêve de la fruitière du XXIème siècle qui collecte non seulement le lait mais aussi les effluents d’élevage pour deve- nir en énergie positive. Ces approches- là seront forcément abordées au sein du P.N.R. et c’est un autre aspect posi- tif selon moi. Je fais un peu le paral- lèle avec les aides de compensation à l’agriculture de montagne qui avaient été lancées dans les années soixante- dix et qui avaient boosté l’activité agri- cole dans notre région. Dans une autre mesure, le Parc peut avoir un réel inté- rêt. Il y aura aussi toute une série de choses à inventer autour de la valori- sation touristique de nos fruitières qui sont de véritables vitrines du savoir- faire agricole local. L.P.B. : La profession a-t-elle réellement souf- fert de pénurie d’eau ou de la sécheresse cet été ? D.P. : Les premiers plateaux ont été les plus affectés et les météorologues nous confirment bien qu’il faut s’attendre désormais à ces épisodes où alternent les fortes pluies, les grandes chaleurs ou les grands froids. Dans ces condi- tions nouvelles, beaucoup d’agricul- teurs testent des choses concernant
gnot par exemple afin d’avoir de nou- velles solutions de pâturage pour l’été. L.P.B. : Vous y voyez d’autres avantages ? D.P. : Sans doute que ce P.N.R. va ame- ner dans l’esprit de tous, notamment des agriculteurs, une sensibilité envi- ronnementale encore plus forte. L’A.O.C. comté, et les autres A.O.C. ont sans doute encore à se perfectionner. Les pessimistes verront sans doute le P.N.R. comme un mal pour un bien, et les optimistes comme une chance à sai- sir. Je vois plutôt ce Parc comme une chance à saisir. L.P.B. : Ce P.N.R. ne sera pourtant pas la solu- tion à tous les maux, il ne réglera notamment pas les épisodes de sécheresse que l’on a connus cet été ? D.P. : On ne sera évidemment pas à l’abri de revivre ces épisodes si on en croit les météorologues qui intervien- nent régulièrement à la chambre. La chambre va être en renouvellement de ses élus en janvier prochain. Dans les thèmes que je souhaite voir abor- der dans cette période de réélection, l’aspect lié à la qualité de l’eau et à l’image de notre produit par rapport à son empreinte territoriale sont des éléments majeurs que l’agriculture locale doit prendre à bras-le-corps. Le Parc va sans doute contribuer à ren-
L a Presse Bisontine : La profession agri- cole est-elle associée aux réflexions sur la création de ce P.N.R. ? Daniel Prieur : Nous avons été bien asso- ciés dès le départ. J’avoue qu’il y avait pas mal de réserves et de craintes concernant cette idée de Parc. Parce qu’on voit que là où ont été créés les Parcs en France, c’est à des endroits où il y a de la déprise agricole et les collectivités se servent de l’outil Parc pour valoriser les produits du terroir, ou créer des bâtiments-relais pour l’agriculture, ce qui s’est passé notam- ment dans le Morvan, dans le Haut- Hura ou dans les Ballons des Vosges. Or, ici dans le Doubs Horloger, il n’y a pas de déprise, au contraire, nous sommes plutôt dans un contexte de concurrence, entre agriculteurs pour le foncier, et aussi entre l’agriculture, les collectivités et l’industrie, toujours pour les questions foncières. Partant de ce constat, est-ce que l’outil Parc est vraiment pertinent ? C’est une question qui nous préoccupait un peu.
L.P.B. : Puis votre position a évolué ? D.P. : Oui, car au fur et à mesure des discussions, on a pris conscience que ce Parc pouvait justement être le bon outil pour réfléchir en commun à ces problématiques de foncier, avec une volonté commune de tout le monde de mieux encadrer cette question. Le Parc peut sans doute amener à une gestion plus économe du foncier, qui peut cor- respondre aux nouveaux contours de l’A.O.C. Comté que nous avons sou-
les techniques de maintien de fourra- ge, avec de la luzerne par exemple. Le Parc est censé encourager toutes les expérimentations novatrices, c’est ins- crit dans la charte. Il peut en cela éga- lement être un outil utile pour l’amé- lioration des pratiques agricoles. n Propos recueillis par J.-F.H. “Sans doute que ce P.N.R. va amener une sensibilité environnementale plus forte.” Daniel Prieur, président de la chambre d’agriculture 25-90 :
haité, avec une inten- sification freinée et des solutions contre le mitage des terri- toires. Sur ce point, des agriculteurs ont déjà innové et trouvé des solutions, comme dans le Val de Mor- teau où certains ont repris des fermes d’al- page sur le Mont Vouillot ou le Châtai-
“Amener à une gestion plus économe du foncier.”
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