La Presse Bisontine 199 - Juin 2018

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 199 - Juin 2018

Jean-Louis Fousseret et Nicolas Bodin sur le chantier de déconstruction.

Une déconstruction dans les temps pour la Rhodia URBANISME 3,1 millions d’euros L’espace s’ouvre peu à peu au fil du grignotage. Sur les 4,5 hectares, resteront la cathédrale, le château d’eau, la pas- serelle. Des logements, un restaurant, une fabrique culturel- le, l’installation du Club nautique bisontin, sont envisagés.

O pération communication autour de la déconstruction de l’usine Rhodiaceta de Besançon. “Nous sommes dans les délais et dans le budget de 3,1millions d’euros” indique d’emblée le maire pendant que les pel- leteuses sont en action. Une façon de couper court aux rumeurs selon les- quels l’enveloppe budgétaire va explo- ser, le délai s’allonger. Si le chantier ne l’empêche pas de dor- mir, le maire rappelle que ce dossier a souvent empoisonné ses pensées. “À chaque fois que je descendais la côte de Morre en voiture, je me disais :“Jean-

La cathédrale est conservée.

Louis, il faut vraiment faire quelque chose.” Bientôt, lorsqu’il reprendra son véhicule, Jean-Louis Fousseret n’au- ra plus à se parler à lui-même. Près

l’ex-usine, la cathédrale, le château d’eau ou encore la passerelle trans- bordeur sont conservés. Ils font par- tie du patrimoine industriel. De l’amian- te, il y en a bien confirment les services de la mairie alors que d’anciens sala- riés assurent l’inverse. Il a été enlevé. Dès l’été 2019, un grand parc urbain post-industriel sera à disposition du public. Les 4,5 hectares vont rapide- ment changer de visage. Le Club nau- tique bisontin à l’étroit dans ses murs au niveau de Port Joint devrait migrer ici. Les kayakistes auront accès direct auDoubs. L’implantation d’une fabrique culturelle est actée. “On imagine pour- quoi pas un beau restaurant sur le pont-transbordeur, juste au pied de la Citadelle” indique l’édile en compa- gnie de Nicolas Bodin, chargé de l’ur- banisme. Effectivement, ça aurait de la gueule. D’autres projets peuvent aussi se nouer. Tout est ouvert comme comme la créa- tion de bureaux ou de logements pour des créateurs d’entreprise. À la fin de cette déconstruction, resteront 3 000m 2 de bâtiments, dont le plus ancien, créé en 1895. L’entrée de ville est transfi- gurée. Le passé industriel bisontin, lui, ne disparaît pas. n

de 25 ans après une bataille judiciaire avec l’ex-pro- priétaire des lieux, lamuni- cipalité a les coudées franches pour faire de cet- te friche industrielle un nouveau complexe “qui sera un lieu de vie, un lieu fes- tif.” Si de nombreux bâtiments ont été déconstruits dans

Été 2019, ouverture du parc.

Pourquoi pas un restaurant sur le pont- transbordeur, sous la Cita- delle ?

JUSTICE

Les syndicats réservés

Les tribunaux plaident leur cause Trois émissaires du gouvernement sont venus à Besançon plaider la cause de la réforme judiciaire du gouvernement. Objectif : rassurer le personnel judiciaire bisontin. Les syndicats émettent quelques réserves.

se veulent optimistes, on ne peut que regretter la déjudiciarisa- tion de nos missions au profit d’organismes privés (saisine du greffe par voie informatique par les justiciables, dépôt de plain- te en ligne, constitution de par- tie civile par voie électronique…).” Le syndicat dénonce également “la perte de la justice de proxi- mité. Jusqu’à présent le conten- tieux T.I. était traité avec effi- cacité. Avec cette réforme, il sera noyé avec le contentieux T.G.I.” De son côté, par la voix de son représentant bisontin Jérôme Cotteret, l’U.S.M. (union syndi- cale des magistrats) dénonce “la disparition du juge d’instance en tant que tel car il dépendra désormais du président duT.G.I. qui n’aura peut-être pas les mêmes priorités.” Pour l’U.S.M., cette rencontre avec les services du ministère début mai “n’était qu’une opération de communi- cation de la Chancellerie venue juste pour nous dire que nous ne serions pas mutés de force.” Pour la C.F.D.T. justice, Emma- nuel David estime que cette réforme dont les premiers effets interviendront en janvier 2020, “va rendre encore plus confus le

éloignée d’un T.G.I., il sera tout à fait envisageable d’augmen- ter les compétences d’une chambre détachée en lui confiant, par exemple, une affaire fami- liale. Cette réforme contribuera donc à renforcer la présence sur les territoires” ajoute Stéphanie Kretowicz. Le contenu de la réforme a été présenté aux syndicats locaux. S’ils accueillent dans l’ensemble avec soulagement l’annonce du maintien de toutes les juridic- tions sur le territoire de la cour d’appel de Besançon, ils émet- tent encore quelques

“C’ est un projet de loi qui rationa- lise la procédu- re civile et péna- le. Le budget de la justice augmentera de 24 % sur les cinq années du mandat. C’est le seul budget de la Nation avec celui de l’armée qui augmentera dans de telles proportions” observe d’embléeValérie Delnaud, direc- trice adjointe desAffaires civiles et du Sceau au ministère de la Justice, venue avec deux de ses collègues défendre le projet de loi à Besançon le 3 mai dernier. Autre crainte définitivement levée avec le maintien annon- cé “de tous les sites en Franche- Comté : cour d’appel à Besan- çon ainsi que les T.G.I. Les tribunaux d’instance s’appelle- ront désormais des chambres détachées des T.G.I. mais aucun site ne sera fermé” insiste la

représentante duministère. “Les deux juridictions de première instance, à savoir les T.G.I. et les T.I. fusionneront mais les sites seront maintenus. Pontarlier et Lons-le-Saunier par exemple continueront à avoir des conten- tieux de proximité” ajoute Sté- phanie Kretowicz, sous-direc- trice de l’organisation judiciaire et de l’innovation à la direction des services judiciaires qui pré- cise que pour les magistrats “cela ne changera rien, ils conti- nueront à être nommés dans les mêmes chambres. Il faut voir dans cette réforme une démarche de simpification pour le justi- ciable qui n’aura plus à se demander si sa demande relè- ve d’un T.I. ou d’un T.G.I.” Les représentantes du minis- tère voient un autre avantage à la réforme judiciaire en cours : “Si une chambre détachée est

“À moyen terme, ça se jouera entre Dijon et Besançon.”

réserves.À l’ima- ge de l’U.N.S.A. services judi- ciaires qui y voit des menaces directes sur l’em- ploi, malgré les annonces budgé- taires. “Cette réforme est pré- occupante et à ter- me sera destruc- trice d’emplois entrevoit l’U.N.S.A. Malgré les annonces qui

Des représentantes du ministère de la Justice sont venues à Besançon faire le S.A.V. de la réforme judiciaire.

réserves, malgré l’annonce du maintien de toutes les cours d’appel, sur l’avenir de la cour bisontine. “Il ne faut pas être dupe, à moyen terme, ça se joue- ra entre Dijon et Besançon” pré- dit Emmanuel David. L’opéra- tion communication de la Chancellerie n’aura donc pas produit tout l’effet escompté. n J.-F.H.

système judiciaire auprès des citoyens avec la fusion des T.G.I. et des T.I. Si les T.I. deviennent des chambres détachées, rien n’indique que cette évolution n’annonce pas d’ici 3 ou 5 ans des fermetures pures et simples de ces petits tribunaux dans les- quels les départs ne sont pas sys- tématiquement remplacés.” La C.F.D.T. émet également des

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