La Presse Bisontine 196 - Mars 2018

BESANÇON

5 La Presse Bisontine n°196 - Mars 2018

HÔPITAL Du mouvement en cancérologie Le professeur Pivot a quitté Besançon pour Strasbourg L’ancien chef de pôle de cancérologie du C.H.R.U. Minjoz a été nommé en fin d’année directeur du centre anti-can- cer de Strasbourg. Son salaire annuel de 300 000 euros, révélé dans la presse nationale, fait déjà débat. Tandis qu’ici, les raisons de son départ restent floues.

Xavier Pivot (photo archive L.P.B.), spécialiste reconnu dans le cancer du sein, est parti en fin d’année du C.H.U. Minjoz. Il est remplacé par le P r Éric Deconinck.

É volution de carrière ? Intérêts personnels ? Conflit de per- sonnes ? Manque de moyens ? Les bruits de couloir à l’hôpital voient plusieurs causes possibles à ce

départ. Mais une chose rend unanime le personnel : la surprise. “Il a annon- cé son départ à la dernière minute et semblait avoir tout réglé d’avance” , nous explique-t-on. Le chef du pôle cancéro, par ailleurs directeur médical de l’Ins- titut régional fédératif du cancer, n’au- rait également pas pris le temps de dire au revoir à la direction et à ses collègues. Arrivé au C.H.R.U. Minjoz en 2001 et nommé professeur des uni- versités-praticien hospitalier l’année suivante, il travaillait ici pourtant depuis plus d’une quinzaine d’années et était apprécié, “bien qu’il avait quand même son caractère” , note l’une de ses anciennes collaboratrices. “C’est un bon praticien, mais aussi un bon gestion- naire : une qualité essentielle pour pou- voir diriger le pôle (N.D.L.R. : poste qu’il occupait depuis 2010-2011).”

On l’estime aussi pour avoir œuvré à l’uniformisation des protocoles de chi- miothérapie en région. “Avant, la Franche-Comté ne disposait pas de centre de lutte contre le cancer. On a tout construit aussi grâce à lui. S’ils veulent mettre tout en place à Stras- bourg, ils ont fait le bon choix !” , ajou- te-t-elle. L’un des grands projets qui se profile en effet pour lui, enAlsace voisine, sera de créer l’Institut régional du cancer (I.R.C.) du Grand Est, mais aussi de conduire l’alliance du Centre Paul- Strauss et des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg “vers le modèle d’un Com- prehensive Cancer Center européen” , d’après un communiqué d’Unicancer. Est-ce ce qui l’aurait motivé avant tout, avec une attrayante rémunération à la clef ? 26 000 euros nets par mois plus

une indemnité logement, dont le direc- teur de l’A.R.S. Grand Est, Christophe Lannelongue, s’est justifié dans le Canard enchaîné : ce salaire est aligné sur ceux des directeurs parisiens de l’Institut Curie et de Gustave Rous- sy. Sollicité, le principal intéressé n’a

Deux départs simultanés pour la can- céro, auxquels s’ajoute un manque de médecins spécialistes. “On fait venir des praticiens de Dijon, de Belfort… Certains disent déjà ne plus vouloir venir et d’autres départs sont pro- grammés comme le P r Bontemps, bien- tôt en retraite. ” Tandis que l’activité augmente dans tous les secteurs (hos- pitalisation, chimiothérapie, rayons). “On accueille aujourd’hui plus de 100 patients par jour en oncologie.” Des conditions d’exercice avec “des méde- cins qui ne se parlent pas entre eux” , qui peuvent aussi expliquer ce choix pour Strasbourg. Une nouvelle orga- nisation est actuellement à l’étude, conduite par le P r Éric Deconinck qui a succédé à Xavier Pivot. n S.G.

pas souhaité s’exprimer. La direction du C.H.R.U. Minjoz estime, de son côté, que ce n’est pas à elle d’apporter des élé- ments de réponse. En attendant, côté bison- tin, son départ contribue à “une atmosphère enco- re un peu plus tendue” selon certains syndicats, “car il a coïncidé avec celui du P r Villanueva, qui était chef de service.”

La cancéro perd son chef de pôle et son chef de service.

Du côté de l’hôpital, les langues ont du mal à se délier.

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