La Presse Bisontine 195 - Février 2018

22 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 195 - Février 2018

l Naisey-les-Granges

Encore beaucoup d’abandons

Un toit et une vie pour les chats errants L’association Doubs espoirs prend en charge les chats abandonnés ou errants, en les intégrant à des familles d’accueil et en les proposant à l’adoption.

pour la stérilisation, “même si c’est encore mal vu parfois” , concède Marie Burla, sa vice- présidente. “C’est une réponse à apporter à la surpopulation féline. Des villes ont d’ailleurs fait le calcul et se sont rendu compte que la stérilisation revien- drait moins cher que l’eutha- nasie et la fourrière sur le long terme.” Du chat jeté par la fenêtre dans Chailluz, à ceux entassés et mal nourris dans une maison près de Vesoul, jusqu’au placement suite à un décès, les cas d’aban- don sont variés. “Le plus sou- vent et justement faute de sté- rilisation, les familles se retrouvent débordées par les por- tées.” Depuis la création de Doubs espoirs en avril 2013, 350 chats ont été pris en charge “dont 70 sur la seule année 2017 avec 57 adoptions” , poursuit sa prési- dente, Lesley

Q uand on leur deman- de qu’est-ce qui a motivé leur engage- ment, Ophélie Sal- gado et Adrien Santamaria disent qu’ils voulaient “se rendre utiles.” Et “en recueillant des chats, on reçoit beaucoup d’amour et de câlins gratuits !” , s’amusent-ils. Pour ce couple de végétariens (passés récemment végétaliens), la cause animale est une évi- dence. Mais plutôt que de mani- fester ou d’apporter un soutien financier, eux, ont choisi de don- ner de leur temps. “Ce qui nous intéressait, c’était d’être sur le terrain pour aider.” Ils vont ain- si régulièrement “trapper” avec l’association : ce qui revient à capturer les chats errants à l’ai- de d’une cage pour les emme- ner chez le vétérinaire, et peut- être ensuite les réintroduire dans une famille quand c’est possible. Car “faire adopter un chat sauvage est la pire idée du monde” , rappelle Adrien. Cer- tains ne peuvent être socialisés et sont donc laissés sur site avec la présence de nourrisseurs. L’association, qui intervient dans tout le Grand Besançon, plaide

Ophélie et Adrien font partie des 40 bénévoles de l’association. Ici avec la vice- présidente, Marie (à droite), dans leur appartement rue de Belfort.

L’association compte une dizaine de familles d’accueil. Ophélie est ici avec l’une de ses deux pensionnaires : Flora (borgne) et Pâquerette, âgées de 7 mois, autrefois entassées à 30 dans une maison.

Gérard. L’associa- tion dont le siège se trouve à Naisey-les- Granges ne dispose pas de refuge. Reconnue d’utilité publique depuis un an, elle ne vit que grâce aux dons (en partie défiscali- sables) et à ses actions (collecte en supermarché, tom- bola…). “Nous avons 10 000 euros de frais par an, principale-

Jeté par la fenêtre dans Chailluz.

ment liés aux vétérinaires” , car Doubs espoirs prend en charge les soins dans les familles d’ac- cueil. La stérilisation et l’iden- tification sont également com-

prises dans l’adoption fixée à 95 euros.Actuellement, dix chats entre 10 mois et 4 ans sont à l’adoption. n S.G.

Contact : www.doubsespoirs.org Sur Facebook @doubs.espoirs

l Mobilisation Un lobby pour la cause animale Humanimo met la pression sur les institutions

L’association demande à la Ville une position claire sur l’installation des cirques avec animaux, réclame un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires. Besançon doit “devenir pionnière” dit-elle.

E n matière de combats pour la défense de la cause animale, Mathilde Vernerey n’a aucu- ne leçon à recevoir. Si elle mili- te moins sur le terrain et plus sur les dossiers, c’est avant tout pour faire évoluer les pratiques. Un travail de l’ombre. “Mais les mentalités évoluent : on note une véritable prise de conscien- ce de la part de la population vis-à-vis de la cause animale” rapporte la vice- présidente d’Humanimo qui mesure toutefois tout le chemin encore à par- courir. En octobre 2011, voilà bientôt 7 ans, Mathilde était agressée - avec 70 autres personnes - lors d’une mani- festation anti-corrida près de Nîmes. Frappée, molestée, la Bisontine n’a rien oublié de ce moment qui lui valut deux jours d’I.T.T. Les agresseurs, des pro-tauromachie, ont été jugés et pour certains condamnés à de la prison fer- me. Cet événement,marquant et média- tiquement relayé au niveau national, a motivé Mathilde, et Virginie Vernay, une autre Bisontine elle aussi présente à la manif anti-corrida, de poursuivre leur action en créant en 2014 l’asso- ciation Humanimo. “Après des années de militantisme, on cherchait une asso- ciation qui nous ressemble, une asso- ciation locale qui se mobilise pour l’en- semble de la cause animale et pas seulement les chats et les chiens” se souvient Mathilde, professeur de mar- keting à Besançon et aussi présiden-

te du P.S.B. judo. Composée aujourd’hui d’une quaran- taine d’adhérents, “Humanimo” ne vit d’aucune subvention publique mais des adhésions. Sans comparaison avec l’association L 214 qui a révélé le scandale dans certains abattoirs français, Humani- mo veut influencer l’opinion sur des dossiers locaux. Le dernier en date : la question de l’installation des cirques à Besançon en novembre dernier, dont celle illégale du cirque Zavatta aux Prés-de-Vaux. “De plus en plus de pays interdisent les cirques avec animaux. Trouvez-vous normal de demander à un lion de passer dans un cerceau ? Moi, non ! À Besançon, il y a eu le pro- blème de l’accueil du cirque Zavatta venu s’installer sans autorisation. Il y

a eu les affichages sau- vages annonçant les représentations publiques que nous dénonçons, la loi Bar- nier obligeant les asso- ciations et entreprises à apposer leur publi- cité sur les panneaux réservés à cet effet. On ignore d’ailleurs si l’amende a été payée ! On estime que la Ville de Besançon n’a pas de position claire sur ce sujet. On lui demande

Mathilde Vernerey, vice-présidente de l’association Humanimo.

“Que les élus comprennent que les

de trancher…Elle veut bien des grands cirques à Besançon, mais seulement à Micropolis, parce que cela rapporte de l’argent à la société d’économie mixte” dit-elle. Autre sujet sur lequel Humanimo veut peser : les menus dans les cantines scolaires. Mathilde est une végéta- rienne convaincue. “On a déjà rencontré l’élue en charge de ce dossier. Il y a déjà un repas végétarien par moi. Nous disons ceci : passons à la vitesse supé-

rieure avec un repas végétarien par semaine. L’argument du prix ne tient pas car ce qui coûte le plus cher, c’est la viande. Le coût économisé peut être transféré sur d’autres protéines, bio” émet la protectrice de tous les ani- maux. Loin d’être dupe, Mathilde Vernerey mesure les freins : la filière de la vian- de locale en étant une des principales. Elle génère de l’emploi. “Pourtant, il y a des arguments à réduire nos consom-

mations de viande ou encore de faire des efforts sur les produits laitiers pour notre santé, pour l’écologie, pour les animaux. Il faut que Besançon soit pionnière et que nos élus comprennent que les mentalités ont beaucoup évo- lué sur cette question-là. Sinon, on sera à la traîne.” Finalement, le travail de lobbyiste est tout aussi prenant que celui de mili- tant ! n E.Ch.

mentalités changent.”

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