La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

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ACCIDENTOLOGIE

34 tués l’an dernier

Toujours plus de radars, et pas moins de victimes

Depuis 2015, l’accidentologie est

27 personnes avaient perdu la vie sur les routes du Doubs en 2015, 34 en 2016 et combien cette année ?… Avec le dramatique accident qui a fait trois morts au rond-point du Fort Benoît à Besançon le 30 septembre dernier, le macabre décompte fait déjà état de 30 morts depuis le début de l’année. “On a déjà presque atteint le nombre de tués global de l’année 2015” déplo- re Damien David, coordinateur sécu- rité routière à la D.D.T. du Doubs. Il semble hélas que la courbe de bais- à nouveau repartie à la hausse sur les routes du Doubs. Déjà 30 morts à déplorer. Les campagnes de prévention et de contrôle s’intensifient.

se des victimes de la rou- te amorcée en 2003 avec le plan Chirac ait atteint un étiage. “C’est vrai qu’on semble avoir atteint un plancher en deçà duquel on ne peut pas descendre corrobo- re Gilles Guérin, chef de l’escadron de sécurité routière à la gendar- merie du Doubs. Il res- te un petit noyau de per- sonnes qu’aucun message de prévention ne semble atteindre. La Code de la route est sans doute le document offi- ciel le plus bafoué en France mais certaines personnes ne se sentent toujours pas concernées, ou sont dans le déni. Hélas, la délinquance routière n’est pas un sujet suffisamment pris au

Une troisième catégorie

d’addiction : le portable.

bus. “C’est évidemment dès le plus jeu- ne âge qu’il faut les sensibiliser. Mais on a l’impression qu’une fois le permis obtenu, les jeunes font “reset” dans leur cerveau et reproduisent les mêmes erreurs que leurs aînés” note le res- ponsable de la gendarmerie avec un certain dépit. Une chose est sûre : les forces de l’ordre seront de plus en plus vigilantes au bord des routes du Doubs. n J.-F.H. Sur les 8 premiers mois de l’année, les forces de l’ordre ont relevé 1 174 infrac- tions pour conduite sous l’emprise d’al- cool, 211 infractions pour conduite sous l’emprise de stupéfiant et 6 215 excès de vitesse (hors radars fixes). “Les ser- vices de police et de gendarmerie vont renforcer leurs contrôles notamment aux abords des établissements de nuit” précise la préfecture. n Près de 1 200 infractions pour conduite en état d’ivresse A près le brutal retournement de situation de septembre et son cortège de 12 morts en un mois, “soit plus du tiers depuis le début de l’année” précise la préfecture, Raphaël Bartolt, le préfet du Doubs a décidé de renforcer les sanctions en allongeant la durée de suspension des permis de conduire pour conduite sous emprise d’alcool et de stupéfiants.

Gilles Guérin commande l’escadron de sécurité routière à la gendarmerie du Doubs.

sérieux.” Même les précautions que l’on croyait définitivement acquises comme le port de la ceinture sont enco- re bafouées. La preuve : 380 personnes ont été tuées sur les routes de France l’an dernier car elles n’avaient pas bou- clé leur ceinture. “On en voit certains qui achètent des boucles de ceinture

poursuivre. “Nous mettons en place de plus en plus des opérations de contrôles multiples sur unmême axe où plusieurs contrôles de gendarmerie peuvent se succéder à quelques kilomètres d’in- tervalle. Les gens sont surpris, mais ça contribue sans doute à freiner les ardeurs de certains” poursuit le com- mandant. Les causes d’accident sont connues : la vitesse, en premier, et l’alcool. “La vitesse inadaptée est la plupart du temps en cause dans les accidents cor- porels. La deuxième cause, ce sont les conduites addictives et notamment l’al- cool et les drogues qui restent la pre- mière cause d’accidents mortels (au moins 20 % des cas). Ensuite vient le non-respect des priorités” énumère M. Guérin. À côté des conduites addic- tives que sont l’alcool et la drogue, il y en a désormais une troisième, qu’il est pourtant difficile à comptabiliser dans les statistiques : le téléphone por- table. “C’est devenu en effet la troisiè- me catégorie d’addiction” , sans doute un des facteurs qui explique que l’ac- cidentologie soit repartie à la hausse ces deux dernières années. Pour tenter d’enrayer le phénomène, le commandant Guérin prône la “mar- teau-thérapie” , c’est-à-dire “rabâcher, rabâcher, rabâcher les messages. Et s’il le faut, passer à des sanctions plus fortes” prévient-il. En matière de pré- vention, les actions de sensibilisation commencent dès le plus jeune âge. Comme cette animation qui s’est tenue le 28 septembre dernier devant le col- lège de Valdahon où les forces de gen- darmerie et les services départemen- taux de la sécurité routière se sont déplacés pour sensibiliser les collé- giens au port de la ceinture dans le

dans des casses et qui les mettent com- me ça pour éviter que ça ne bipe dans la voiture et donc qui ne sont pas atta- chés.” La montée en puissance des contrôles, l’installation de radars et certaines opérations coup de poing menées par les forces de l’ordre devraient donc se

Bilan Une année d’accidents en chiffres En comparaison avec l’année

en 2016, soit 29,6 % de plus qu’en 2015. La mortalité a certes été divisée par 4 depuis les années soixante-dix, pério- de noire de l’accidentologie en France, mais les chiffres sont à nouveau orien- tés à la hausse. l La plupart des accidents mortels se sont déroulés à moins de 5 km du domi- cile (60 % d’entre eux). Au total, 86 % de ces accidents ont lieu à moins de 20 km du domicile. l Concernant le type de victimes, ce sont les automobilistes les plus tou- chés. Sur les 35 décédés de l’an der- nier, 21 étaient des automobilistes (et 97 blessés hospitalisés). 6 des victimes qui ont succombé étaient des piétons (et 40 piétons blessés hospitalisés), 5 étaient des motards (47 motards hos- pitalisés), 1 tué était un cycliste (9 cyclistes hospitalisés), 2 tués étaient dans un poids lourd, et 3 autres dans une autre catégorie (trottinette ou autre).

l L’âge des victimes. 4 tués et 18 bles- sés hospitalisés avaient moins de 13 ans, 8 tués avaient entre 14 et 24 ans, 17 entre 25 et 64 ans et 6 avaient 65 ans et plus. l Les facteurs d’accidents sont mul- tiples mais les deux causes les plus fré- quentes sont toujours immanquable- ment l’alcool (13 tués, soit 42 % des décès) et la vitesse (7 tués, soit 21 %). La prise de stupéfiants a été à l’origine de 3 accidents mortels, le refus de prio- rité 3 autres et l’imprudence 3 autres. Les malaises au volant ont fait 2 vic- times, la circulation à gauche 1 victime et le manque de vigilance une derniè- re. La prise de stupéfiants semble en croissance constante : 433 tests se sont révélés positifs l’an dernier sur les routes du Doubs. Quant à l’alcool, les taux mesurés dans les accidents s’étalaient de 0,93 g par litre de sang, à 2,76 g dans le cas le plus extrême.

l L’année 2017 risque fort de ressem- bler à 2016 qui a été caractérisée par un nombre d’accidents en baisse, mais avec des victimes hélas plus nom- breuses. 312 accidents corporels ont été comptabilisés sur les routes du Doubs en 2016, c’est 12,4 % de moins que l’année précédente. Ces accidents ont causé 359 blessés, dont 217 hos- pitalisés. Là encore, c’est 14,5 % de moins que l’année d’avant. Mais c’est sur le nombre des tués que la courbe s’envole entre 2015 et 2016 : 35 tués précédente, 2016 laisse apparaître une baisse de 12,4 % des accidents corporels mais 31 accidents avaient causé la mort de 35 personnes. Près de 30 % de tués en plus par rapport à 2015.

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