La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

BESANÇON

Mustapha Kharmoudi

“Besançon, la ville de mon cœur”

A ssis à une table de la Brasserie du Commerce, l’homme est plongé dans les corrections de son der- nier manuscrit. Le romancier, nou- velliste, auteur de théâtre et scénariste s’astreint à ce rituel tous les matins. Che- mise bleue, jean clair, il pourrait passer inaperçu s’il n’était cet érudit homme de lettres bien connu à Besançon. À l’inté- rieur de la Boucle, on le salue, on l’in- terpelle. Installé dans la capitale comtoise depuis plus de dix années,Mustapha Kharmoudi est tombé sous le charme de la cité de Victor Hugo, sa “résidence d’auteur.” Né dans l’arrière-pays de Casablanca au Maroc, à Ben Ahmed, du temps du pro- tectorat, Mustapha Kharmoudi évoque son pays natal avec rudesse, mais aussi nostalgie. Une pauvreté qu’il relate dans “L’orage” ou encore “La saison des figues” : bisontin Mustapha Kharmoudi se livre sur ses expériences de tournage et ses projets. “Amin”, sur un scénario co-écrit avec le réalisateur Philippe Faucon, est en cours de tournage. Rencontre. Consultant pour le film “Fatima” récompensé par trois César, l’homme de lettres

“On peut y saisir cette misère noire, mais aussi cet optimisme. Je parle du Maroc de façon crue, mais j’ai la chance d’avoir eu une famille aimante.” Diplôme d’un Bac S, il débarque à Besançon en 1971 pour intégrer une prépaH.E.C. au lycée Per- gaud. Une destination qui ne s’impose pas naturel- lement depuis la plaine de la Chaouia… “Une maîtresse nous lisait des poèmes de Victor Hugo en pleurant. Elle nous avait précisé qu’il était de Besançon. J’ai gardé alors cette ville en tête, comme une étoile.” Il décidera plus tard de venir “vivre et mourir à Besançon.” Après une école supé-

“Je parle du Maroc de façon crue.”

Chaque matin, l’écrivain, “homme de rituel” comme il se qualifie, s’adonne à une balade à travers les villes du centre-ville.

rieure de commerce à Dijon, Mustapha poursuit ses études en économie et socio- logie. Très rapidement, il devient res- ponsable de structures culturelles, notam- ment la Maison de la Méditerranée à Belfort pendant 20 ans. “En parallèle de cette vie professionnelle épanouissante, j’ai toujours écrit. Le goût des mots me vient de l’école.” Prolifique, l’écrivain a publié une quinzaine d’ouvrages, dont un texte de théâtre poignant lauréat de la Scène francophone Internationale, “L’Humanité tout ça tout ça”. C’est peut-être à travers ses thèmes de prédilection - le Maroc, l’immigration, l’intégration - qu’il attire l’attention du réalisateur Philippe Faucon. “Après avoir acquis les droits d’une de mes nouvelles, il me propose une collaboration en tant que co-scénariste. Mon premier réflexe fut de refuser. Puis on s’est rencontré à Besançon, avec sa productrice, et je suis

Bio express 1952 : Naissance à Ben Ahmed 1971 : Obtention d’un Bac S

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tombé amoureux d’eux !” raconte hila- re l’écrivain. Un coup de foudre amical qui ouvrira la voie à plusieurs collabo- rations, parmi lesquels “La Désinté- gration”, film noir sorti en 2012. Puis arrive “Fatima”, où il intervient en qua- lité de consultant au scénario et aux dialogues, et répétiteur. Le film fut cou- ronné par trois César et sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Fes- tival de Cannes 2015. “Le tournage a duré trente jours et trente nuits, avec une équipe formidable. Les scènes étaient répétées des dizaines de fois. Quand Phi- lippe Faucon demandait aux comédiens de réciter à leur manière alors qu’on avait consacré des heures aux répéti- tions, je bougonnais. C’est dur pour un auteur de théâtre de voir son texte non

respecté” sourit Mustapha. Avant l’ascension fulgurante de “Fatima”, une première collaboration avait déjà rap- proché les deux amis : la co-écriture du nouveau long-métrage de Philippe Fau- con, qui porte cette fois-ci le prénom d’un homme, “Amin”. Le film est en ce moment même en tournage à Paris, avec notam- ment l’actrice Emmanuelle Devos. Mustapha Kharmoudi vient également de terminer un nouvel ouvrage,“J’attends Anna”, roman sur les vicissitudes d’un amour non réciproque subi par un Bison- tin. Le roman aurait d’ores et déjà atti- ré l’attention de cinéastes français. En attendant, l’écrivain continue de s’inves- tir en faveur de la culture en soutenant des projets culturels et artistiques locaux. n C.G.

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1971 : Arrivée à Besançon

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l 1984 : Première publication autonome, “Le temps des chacals” 2010 : Rencontre avec Philippe Faucon l 2015 : Sortie de “Fatima” l

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