La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

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POLITIQUE

Le nouveau directeur de cabinet du maire

“Je suis là pour mettre du liant, de l’écoute, de la bienveillance”

L a Presse Bisontine : En quittant la fonction publique territoriale pour intégrer le cabinet du maire, vous donnez une tournure plus politique à votre carrière. Pourquoi ce choix ? Pascal Gudefin : J’arrive en fin de car- rière en 2021. Pour ces dernières années, j’avais le souhait d’appor- ter à cette ville et à son maire un peu de mon expérience, mon savoir- faire, ma connaissance du terrain. Je suis bien conscient que ce pos- te est fait d’abnégation, d’énergie, de temps. Le maire de Besançon m’avait confié le projet de tram- way, c’était une première marque de confiance. Cette transition au cabinet est presque logique. Ce nou- veau poste me permettra d’être encore plus prêt de l’organe déci- sionnel. Je suis là pour mettre du liant, de l’écoute, de la bonne volon- té et de la bienveillance entre tous. L.P.B. : Surtout au moment où la majori- té municipale montre des signes de fra- gilité, voire de fracture… P.G. : C’est la raison pour laquelle ce rôle de dialogue, de diplomatie sera essentiel. C’est ce que j’ai envie d’apporter. Nous ne sommes qu’à mi-mandat et il reste encore beau- coup à accomplir dans un pro- gramme électoral qui était très ambitieux. Je souhaite évidemment travailler avec l’ensemble des élus, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition. Je veux aussi être celui qui permette cette écoute des citoyens bisontins, des bonnes volon- tés et des énergies. L.P.B. : À l’écoute des nouveaux talents politiques qui émergent également ? Sym- pathisant du mouvement En Marche, vous êtes sans doute aussi là pour préparer la succession de Jean-Louis Fousseret ? P.G. : J’ai en effet soutenu le candi- dat Macron pendant la campagne présidentielle ainsi que les candi- dats En Marche aux législatives. C’était un engagement citoyen et très personnel qui correspondait aux valeurs d’humanisme social que j’ai toujours défendues. J’ai aimé également cette façon de vou- loir décloisonner les choses, de mobi- Entretien du nouveau dir’cab au moment où il prend ses fonctions. Pascal Gudefin, le Monsieur Tramway de Besançon devient directeur de cabinet du maire de Besançon Jean-Louis Fousseret. Pourquoi ce haut fonctionnaire bisontin a-t-il voulu amorcer un virage politique dans sa carrière ? Quelles sont ses ambitions ?

de Franois que la Région refuse de finan- cer dans son nouveau plan ferroviaire ? P.G. : C’est regrettable et çamontre que le dialogue avec la grande Région qui se cherche encore un peu car elle est jeune, est indis- pensable. Ce sera aussi une de mes attributions, d’améliorer ce dialogue avec les autres collecti- vités. L.P.B. : Quel est votre regard sur l’évo- lution de l’agglomération au moment où se discute le passage à une commu- nauté urbaine, avec des maires qui crai- gnent de perdre leurs dernières préro- gatives ? P.G. : Cette communauté urbaine est très importante à l’échelle du territoire régional. À côté d’une métropole dijonnaise, on serait beaucoup moins fort si on restait communauté d’agglomération. Mais il est indispensable de réa- liser cette communauté urbaine dans le respect de toutes ses com- posantes, et plus que ça, il faut demander aux maires de la péri- phérie d’être des relais au plus fin du territoire. Tout l’enjeu est bien de leur donner la possibili- té de continuer à jouer un vrai rôle. L.P.B. : Revenons à la ville de Besan- çon. Quels seront les gros dossiers aux- quels vous allez vous atteler en priori- té ? P.G. : La réussite du futur pôle Viotte est essentielle car il s’agit de fixer près de 800 agents de l’État et plusieurs centaines d’agents de la Région à cet endroit. Le dossier est bien parti. D’autres chantiers démarrent comme les Vaîtes. Les travaux à la Grette vont également démarrer d’ici la fin de l’année. Et bien sûr le pro- jet Saint-Jacques qui est en pha- se préparatoire. Un dossier, sans doute moins marquant, me tient pourtant à cœur car j’ai commencé par là en arrivant sur Besançon, c’est la réussite de Proxim’cité. L’enjeu reste le même : permettre aux Bisontins de rester proactifs par rapport à la politique muni- cipale. Que le point de vue des électeurs et des citoyens soit tou- jours pris en compte est fonda- mental. L.P.B. : Un commentaire sur la polémique née des frictions entre l’attachée de presse de la ville, membre du cabinet, et un journaliste local qui dénonçait un mélange des genres ? P.G. : Une attachée de presse au cabinet, c’est sa place. Ensuite, Alexandra Cordier est suffisam- ment intelligente pour ne pas mélanger les rôles entre sonmétier et sa fonction politique pour L.R.E.M. Mon rôle sera aussi de protéger les membres du cabinet, tout en donnant à ses membres de l’ouverture. Je souhaite un maximumd’ouverture et de trans- parence avec un cabinet ouvert aux citoyens où chacun puisse s’exprimer normalement. n Propos recueillis par J.-F.H.

Pascal Gudefin prend ses fonctions de directeur de cabinet du maire de Besançon le 23 octobre.

liser les énergies. C’est un peu comme cela que je conçois ce nou- veau poste. Ceci dit, je ne suis pas encarté à En Marche, le maire ne me l’a d’ailleurs pas demandé. Mon rôle sera de réussir la fin du mandat. Il y a une vraie dimen- sion politique dans la fonction que je vais occuper, mais pas poli- ticienne. L.P.B. : On a vu aussi des hauts fonc- tionnaires territoriaux basculer ensuite dans la politique. Vous souhaiterez vous engager ensuite ? P.G. : Clairement, à titre person- nel, je n’envisage pas de m’enga- ger en politique. Même si l’appé- tit vient en mangeant… (rires). Ce poste de directeur de cabinet est déjà une entreprise lourde et excitante à la fois. Et je pense que dans trois ou quatre ans, je serai épuisé… (rires). L.P.B. : Vous quittez la direction des mobilités à la C.A.G.B. et vous resterez comme le Monsieur Tram de Jean-Louis Fousseret. Un tram qui peine encore à atteindre les chiffres de fréquentation annoncés avec un réseau Ginko que des utilisateurs critiquent pour son manque d’efficience. Vous quittez cette fonction avec quel sentiment ? P.G. : Avec beaucoup de satisfecit et quelques éléments moins satis- faisants. Il faut reconnaître que le projet de tram en lui-même est une grande réussite : le chantier s’est bien déroulé, dans les délais

et l’enveloppe financière, la ville a été transformée avec les amé- nagements urbains liés au tram. Sur le réseau Ginko, il y a égale- ment des points très positifs. On n’a jamais pris autant les trans- ports en commun à Besançon. 100 000 personnes les emprun- tent tous les jours, dont 40 000 dans le tram. À mon sens, l’ima- ge de marque de ce réseau ne mérite pas les critiques qui en sont faites. Certes, quelques uti- lisateurs sont moins bien des- servis qu’avant, mais dans l’en- semble, tout est réuni pour que la nouvelle organisation du réseau retrouve toutes ses lettres de noblesse. Je suis également satis- fait d’avoir mené à bien cette nou- velle ligne 3 de T.C.S.P. L.P.B. : Sur le tram, on n’est pas enco- re aux 50 000 voire 60 000 voyageurs par jour espérés ? P.G. : On y arrivera quand le pôle Viotte sera réalisé, que les Vaîtes seront terminées, que l’école d’in- firmière sera installée aux Hauts- du-Chazal. Tout cela va apporter le flux prévu, il faudra juste enco- re quelques années pour que le réseau prenne toute sa dimen- sion. L.P.B. : Et les points négatifs ? P.G. : Ce ne sont pas des points négatifs mais le challenge qu’il reste à réussir, c’est la nouvelle délégation de service public avec

le nouveau pres- tataire Kéolis. L’actuel déléga- taire Transdev a perdu beaucoup d’argent - 6 mil- lions d’euros - sur l’exploitation du réseau bisontin. Le problème, c’est qu’il avait sures- timé les recettes et sous-estimé ses charges, le tout dans une période de tran- sition alors que le tram n’était pas encore en service et que les travaux pertur- baient le réseau. Ceci dit, sur le plan mondial,

Bio express

l Pascal Gudefin a 58 ans, il est originaire de Louhans en Saône-et-Loire. l Il est ingénieur de l’école des travaux publics de l’État. l Il est arrivé en 1999 à Besançon après un début de carrière à la D.D.E. en région parisienne où il a travaillé à la création des villes nouvelles de Melun-Sénart et Marne-la-Vallée. Puis il a travaillé sur l’île de la Réunion sur le patrimoine architectural créole. En Franche-Comté, il a participé pour l’État à la réalisation de la déviation de Quingey et des Hôpitaux-Neufs. Besançon en 1999 en tant que directeur de la voirie, puis des espaces publics. l En avril 2010, il prend la responsabilité de la mission tramway à la C.A.G.B. et devient directeur du pôle mobilités. l l lIl a intégré la Ville de l Le 23 octobre 2017, il prend ses fonctions de directeur de cabinet du maire de Besançon.

“On n’a jamais pris

autant les transports en commun à Besançon.”

Transdev a réalisé 98 millions d’euros de bénéfices. S’il n’avait pas eu Besançon, il aurait réali- sé 104 millions…Pour le groupe, ce n’est pas forcément grave.Main- tenant que le réseau monte en puissance, la prochaine déléga- tion de service public s’annonce excellente. Sur le bilan global, la seule nuance que je mettrais est donc sur cette image du réseau qui n’est pas encore bonne aux yeux des utilisateurs, sans dou- te à tort.

L.P.B. : Un mot sur l’épisode de la gare

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