La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

l Commerce Ile-de-France et Cassin en difficulté Le commerce qui tenait jusque-là, lâche prise Après la boucherie, le fleuriste, la banque, c’est au tour du cabinet de radiologie de quitter le centre commercial Ile-de-France. À Cassin, un boulanger revient mais de nombreux rideaux demeurent baissés.

L e destin du centre com- mercial Ile-de-France inquiète.Jadis poumon économique du quar- tier, le lieu voit ses com- merçants baisser pavillon tour à tour. Même si certains com- merces, à l’image du tabac-pres- se, tournent encore bien. Le prochain en date sera le cabi- net de radiologie qui déménage au 5,route de Franois,à quelques centaines de mètres à vol d’oi- seau : “La raison de notre départ est avant tout la dégradation de l’environnement” explique Chris- tian David, directeur de ce cabi- net réputé. La baisse de l’activité liée notam- ment à une désaffection de la patientèle extérieure au quar- tier, en raison des incivilités, la crainte pour son personnel, ont

contraint le cabinet à partir. “Nous avions fait le point avec lamuni- cipalité il y a quatre ans car les conditions commençaient à se dégrader (incivilités, vitrine bri- sée, vol…) mais rien n’a réelle- ment bougé. Nous avons eu l’op- portunité de construire sur un site avec un parking privatif et très facile d’accès (à pied, en bus ou en tramway) pour les habi-

directeur se souvient d’un quar- tier très réputé, avec ses com- merces. Puis, il a vu la lente dégradation aupoint que la copro- priété a dû engager un vigile. Le local est mis en vente. Avant lui, le boucher et le bou- langer sont partis. La Banque Populaire en a fait de même, ce qui agace le maire : “Ils sont par- tis sans prévenir, sans un mot !” dit Jean-Louis Fousseret. Le centre commercial va sonner creux et “Ile-de-France risque de devenir le futur Époisses” lâche une habitante. ÀCassin,lemoral est bas.Talents des Cités,YoucefMorabet a inves- ti dans un salon de thé et pâtis- series avenue du Parc, là où un homme a été blessé par des tirs. Il a senti une baisse sensible de son activité depuis alors que ses

Le centre commercial Ile-de-France fait face à des départs de commerçants.

débuts avaient été positifs. Il aimerait se rapprocher de la pla- ce Cassin “car les gens ne veu- lent plus descendre l’avenue du Parc” dit-il. Plus haut, il pour- rait bénéficier de l’attractivité du centre commercial et d’In-

termaché, la locomotive. Malgré sa présence stratégique au cœur de Cassin, le magasin d’optique Europtique J.S. a res- senti une nette baisse d’activi- té depuis ces derniers mois. “Voilà 14 ans que je suis là, retra-

ce la gérante. Les gens ont peur…” confie la responsable. Souvent infondée, cette crain- te colle à la peau du quartier et de ses commerces qui cher- chent à s’en sortir. n E.Ch.

tants du quartier vis-à-vis de qui nous avons le devoir de maintenir une offre de proximité en ima- geriemédicale.Nous ouvrons là-bas le 2 janvier” explique le cabinet présent dans le quartier depuis le début des années 1990. Le

“Une perte de patients.”

l Éducation L’école du numérique de 7 à 77 ans La Fabrikaweb déniche des petits génies insoupçonnés L’école située à Planoise apprend et forme les jeunes de 7 à 17 ans aux métiers du numérique. Des vocations naissent.

l Témoignage

35 ans qu’elle vit ici

“Leur donner les clefs de l’intégration”

D ans un des ateliers de la Fabrikaweb situé au 10, rue Picasso à Planoise, des robots, des drones, un casque 3D, une imprimante 3D et des ordina- teurs dernier cri trônent une sur une table. C’est un peu la caverne d’Ali Baba version numérique. Les adolescents ne s’y trompent pas. Une fois lâchés ici, ils ne débranchent pas… Sauf que pour une fois, ils ne sont pas lobotomisés par leur écran de smartphone mais intéressés par ce qu’il se passe à l’inté- rieur. Depuis qu’elle est née en 2016 grâce à l’initiative d’Azouz Manaï, informaticien-ingé- nieur originaire de Besançon et Malika Zeb- biche, enseignante, l’association “Fabrikaweb” fait l’unanimité chez les jeunes qui appren- nent ici le codage, l’informatique, la décou- verte des nouvelles technologies, la concep- tion de jeux vidéo. Les deux créateurs ont obtenu laMention spé- ciale lors du prix national des Talents des Cités l’an dernier. La Fabrikaweb aurait pu s’installer en ville à Besançon. Elle a préféré le quartier de Planoise “pour susciter des voca- tions, éviter le décrochage scolaire et respon- sabiliser les plus jeunes aux nouvelles tech- nologies” expliquent les créateurs qui réussissent à attirer des enfants du quartier mais pas seulement. Si l’association a choisi

Planoise, c’est aussi en partie pour bénéficier de l’inclusion en Zone franche qui exonère d’impôts locaux ou sur les bénéfices par exemple. Ici, tout se fait un atelier. Pas de cours magis- traux. C’est ludique…et visiblement cela fonc- tionne. “On arrive à captiver des petits génies que l’on ne soupçonnait pas. On les appelle les génies dormants. Nous avons par exemple un jeune de 12 ans qui a créé un jeu (en applica- tion pour smartphone) qui est dans les tout premiers téléchargés sur la plateforme I-tunes” se réjouitAzouzManaï. Pasmoins de 50 enfants participent aux cours, sans compter les inter- ventions dans le quartier ou les ateliers en milieu périscolaire. Enfin, des conseils sont donnés aux parents pour appréhender et maî- triser les réseaux sociaux avec leurs enfants. La soif d’apprendre : voilà ce que propose la Fabrikaweb qui rappelle que 70 % des pro- chains emplois du numérique ne sont pas encore connus… Elle a noué un partenariat avec la S.N.C.F. qui utilise par exemple les drones pour visualiser les caténaires. 30 jeunes du quartier bénéficieront de ces formations. De quoi susciter des vocations. En décembre, l’école s’ouvre aux adultes. n E.Ch.

D ans le quartier,la sil- houette de Berna- dette Baudet est connue de nombreux riverains du secteur Ile-de-France. Voire des petits caïds de la place avec qui elle discute. Membre du conseil consultatif d’habitant, la retrai- tée qui demeure àPlanoise depuis 1982 aime ce lieu. Mais elle ne nie pas les problèmes. Pragma- tique, Elle émet des pistes pour favoriser lemieux vivre ensemble : “Nous avions un projet de fleu- rissement dans le quartier. Je suis allée discuter avec plusieurs habitants qui ont bien voulum’ou- Parce qu’elle aime son quartier, Bernadette va à la rencontre des habitants. Elle propose des solutions pragmatiques pour un “mieux vivre ensemble”.

Renseignement : fabrikaweb.fr

Bernadette est très connue dans le quartier de Planoise, notamment Ile-de-France.

vrir leur porte. C’est formidable ce que l’on peut en retirer. Il faut fai- re la même chose avec les nouveaux arrivants qui ne connaissent pas nos codes, leur dire par exemple qu’on ne jette pas les poubelles par la fenêtre - ce qui nous paraît simple -,de ne pas

Azouz Manaï, directeur de la Fabrikaweb au 10, rue Pablo Picasso à Besançon Planoise, avec un

que la police municipale discu- te avec les gens plutôt que de fai- re des rondes à véhicule, qu’elle soit présente le week-end. Elle croit aussi aux grands frères capables de raisonner lesminots. “On connaît les enfants qui res- tent dehors jusqu’à 22 heures Ce n’est pas normal. On pourrait aller voir les parents, discuter. J’aimerais avoir 20 ans de moins…” conclut la résidente de Planoise. n E.Ch.

marcher avec des talons à2heures dumatin dans leur appartement car après ils sont mal vus et se referment sur eux. Je ne com- prends pas que les bailleurs ne délivrent pas les règles de base. Il faut leur donner les clefs de l’intégration” dit-elle. Contrairement à une de ses voi- sines qui a quitté l’endroit par peur,Bernadette reste fidèle.Per- sonne ne lui a arraché son sac lorsqu’elle se promène (tous les jours) à Planoise. Elle aimerait

“Pourquoi les bailleurs ne le font pas ?”

robot en carton…

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