La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

LE DOSSIER

20

La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

PLANOISE CÔTÉ SOMBRE, CÔTÉ LUMIÈRE

À bout de nerfs, les habitants de Planoise interpellent le maire l État des Lieux Visite du quartier Planoise, 21 000 habitants, fête ses 50 ans en janvier 2018. Les habitants n’ont pas manqué d’interpeller le maire sur ce quotidien devenu intenable. Il ne s’est pas dédouané. Les mesures annoncées seront-elles suffisantes ? Avec ses 20 000 habitants, le quartier bisontin de Planoise s’apparente à une ville dans la ville. C’est là que se cristallisent actuellement tous les problèmes (sentiment d’insécurité, trafics…). C’est aussi là que peuvent naître les initiatives les plus créatives et innovantes. Planoise, le quartier aux deux visages. Dossier.

Le maire, ici en discussion avec un commerçant de Cassin, a rendu visite à la population. Des entretiens tendus mais cordiaux.

à regarder la vidéo “Pla- noise en 1 minute” filmée par drone et publiée sur youtube par la Ville de Besan- çon, le quartier apparaît sous ses plus beaux attributs. Sous l’œil de caméra se dévoile le côté bucolique avec une vue plongeante prise depuis la col- line du Rosemont, le côté pra- tique avec la ligne de tram che- minant au cœur des immeubles, le côté vivant avec le marché des Époisses, le côté sportif avec le complexe Lafayette, le côté culturel avec le théâtre des 2 Scènes, le côté animé avec la Médiathèque, le côté vivant avec les lumières étincelantes sor- ties des appartements la nuit tombée.Oui, Planoise peut sédui- re ! Mais en ce moment, le quar- tier repousse. Les habitants de Planoise le disent : ils n’en peu- vent plus, fatigués des dégra-

dations, des intimidations dans leur propre hall d’immeuble, des garages sauvages au pied de leur fenêtre, des rodéos à moto la nuit, des batailles rangées comme ce fut le cas le soir du 14-juillet sans que la Police n’in- tervienne, des appels au 17 sans suite. Cette colère mêlée d’impuis- sance, une partie des résidents l’ont criée mardi 3 octobre lors d’une réunion publique que la Ville a tenu dans le cadre du bilan à mi-mandat. Les témoi- gnages face aumaire et aux élus présents, ainsi que le commis- saire divisionnaire de police, se sont succédé. Florilège : “A minuit, un individu a tenté de forcer ma porte : j’ai appelé la Police, personne ne s’est dépla- cé. Motif : trop d’urgence. Est-ce normal ?” demande un habitant lors de cette réunion qui a réuni

pas loin de 100 personnes. “La rue de Picardie, c’est l’Inter- marché de la drogue… person- ne ne fait rien” dit un autre. “Le feu du tram a été incendié lors des émeutes de juillet. Il n’est toujours réparé” dévoile une dame. Une autre de rappeler les garages à ciel ouvert rue du Bra- bant. L’huile de moteur coule sur la route ! Un membre du conseil consultatif d’habitants s’interroge sur le rôle des ex- correspondants de nuit payés par la Ville : “Ils sont injoi- gnables.” Les complaintes pourraient s’ac- cumuler. Le maire Jean-Louis Fousseret n’a pas esquivé : “Je conviens que depuis deux ans on note une accélération de la violence, ce qui n’est pas accep- table. Je me rends compte que ça ne va pas. On a modernisé notre police municipale, réglé le

mopolite. Mais beaucoup s’in- terrogent : “On peut comprendre qu’il y ait des fêtes religieuses. Mais supporter pendant unmois du bruit jusqu’à 3 heures du matin, ce n’est pas acceptable. Lorsque l’on dit ça, on passe pour des racistes… mais on bosse le lendemain.” Le maire entend ces plaintes et confirme “que ce n’est pas tolérable, qu’il faut com- muniquer l’information.” Répon- se du tac au tac d’un résident : “C’est ce que nous avons fait régulièrement à la police et à la Ville en expliquant aussi que des commerces restaient ouverts la nuit…mais rien n’a bougé. Enco- re moins quand un commerçant organisait un barbecue sans autorisation dans le parc. On se demande quelles autorisations sanitaires il avait” questionne un homme. Un Planoise à deux vitesses, un

Planoise aux deux visages, voilà la réalité. Idem pour le com- merce. Le maire de Besançon a conversé avec des gérants ave- nue du Parc. L’accueil a été cha- leureux jusqu’à cette arrivée devant une enseigne place Cas- sin. Le gérant, à la vue de la délégation, a fermé boutique. Quelque chose à se reprocher ? Comment ces gérants font-ils pour tourner alors qu’il n’y a très peu - voire jamais - de clients ? Blanchiment d’ar- gent ?… Le commissaire de Police confir- me des enquêtes diligentées à l’encontre de boutiques. Elles ont conduit à des poursuites pour travail dissimulé. De quoi rassurer habitants de Planoise qui peuvent - et doivent - se sen- tir des citoyens comme les autres. n E.Ch.

problème des rodéos à moto. On sait que le cancer de ce quartier est la drogue. On compte sur le renforcement des effectifs de Poli- ce et du nouveau commissariat mais aussi sur l’installation de nouvelles caméras et du G.L.T.D. (lire page suivante)” déclare pêle- mêle le premier magistrat. Les habitants se montrent cir-

conspects car “depuis des années, on tire la sonnette d’alarme et rien ne se passe ! On nous a vendu le tram, ça n’a rien changé” s’excla- me un retraité. Ces hommes et ces femmes apprécient leur lieu de vie par- ce qu’il est cos-

Le commerçant ferme sa porte en voyant la délégation.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online