La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

QUARTIERS

Bilan à mi-mandat La tournée des quartiers est terminée Le marathon des quartiers a pris fin après huit étapes

Le maire de Besançon en discussion avec la salariée et les béné- voles du Secours populaire installés depuis peu rue de la Pelouse et toujours en quête de locaux plus grands.

durant lesquelles le maire de Besançon est allé défendre les actions de la majorité municipale, présenter les projets et soutenir ses positions politiques.

“C’ est la double pei- ne pour les familles que nous accueillons : ils sont dans une grande précarité et nous n’avons même pas de locaux dignes pour les accueillir.” Ce cri d’alarme poussé par Blandine Polonceau, la secrétaire général du Secours populaire dans le Doubs, le mai- re de Besançon l’a écouté atten- tivement autour d’un café-crois- sant offert par l’association. L’a-t-il entendu ? C’est encore trop tôt pour le dire mais si M. Fousseret a promis “avoir bien noté la demande.” L’association a trouvé refuge depuis début septembre au 1 bis, rue de la Pelouse dans le quartier de Saint-Ferjeux, en lieu et place de l’ancienne Buan- derie. Mais elle manque enco- re cruellement de place. “Nous avons préparé et distribué 250 kits de fournitures scolaires à la dernière rentrée. Nous ne savons plus où stocker notre matériel” ajoute la salariée qui s’appuie sur un réseau de béné- voles occupés à aider chaque mois entre 500 et 600 familles pour de l’aide alimentaire et à distribuer entre 25 et 30 repas

par jour. “Nous avons ouvert 145 nouveaux dossiers depuis le début de l’année” ajoute la responsable pour illustrer l’étendue du pro- blème. Cette énième requête entendue, le maire de Besançon a sillon- né le quartier à la rencontre des commerçants et des passants comme il l’avait fait cinq autres fois les jours prédécents et enco- re deux autres fois les jours sui- vants pour boucler son tour des quartiers. Un peu plus loin, c’est le boucher-traiteur Fabrice Cour- bet qui interpelle Jean-Louis Fousseret au sujet des nouvelles places de stationnement amé- nagées devant sa boutique par la voirie municipale. “Mais pour-

rendez-vous aumaire dans deux mois pour vérifier la pertinen- ce de cette nouvelle signalisa- tion horizontale au-devant de son magasin. Après cette déambulation, c’est en réunion publique que le mai- re, entouré cette fois d’adjoints, devait défendre l’action muni- cipale. “Je suis prêt à tout entendre, dès lors que ça reste courtois” entame le premier magistrat devant un parterre plutôt clairsemé d’habitants - une cinquantaine - réunis à la

C.C.I. du Doubs. Urbanisme (désamiantage imminent des 408, premiers coups de pioches àVauban et auxVaîtes…), sport (annonce des prochains événe- ments d’envergure nationale à Besançon), vie associative (point sur les dispositifs mis au servi- ce des 800 associations actives de la ville)… Les adjoints défi- lent au micro pour défendre leurs actions. Dans le public, au fond de la sal- le, une voix s’élève : le repré- sentant de l’association “Sol mi

ré” (Solidarité migrants réfu- giés) accuse le maire de “ne pas respecter les droits fondamen- taux des réfugiés à Besançon.” Colère froide du maire qui esti- me “faire face à toutes nos obli- gations dans ce domaine. Si vous parlez de personnes venues par des passeurs, c’est à l’État qu’il faut vous adresser. Je ne ferai jamais des choses que je n’ai pas le droit de faire !” Fermez le ban… Quelques minutes plus tard, les membres de l’associa- tion quittent la salle. Sans dou-

te des électeurs en moins pour Jean-Louis Fousseret. Lui ne se représentera pas. Ce sera à ses adjoints de défendre l’action municipale dans trois ans. La tournée des quartiers est main- tenant terminée, une bonne cho- se de faite pour le maire pour qui le reste du mandat risque d’être un peu moins calme sur le plan purement politique avec les composantes de sa propre majorité dont il faudra savoir gérer les contestations larvées. n J.-F.H.

quoi avoir marqué “Livraisons” ? Les clients n’osent pas s’y garer” s’enquiert le meilleur ouvrier de France. “Si on avait mis des places normales, les voi- tures resteraient toute la journée au même endroit” répond le maire du tac au tac. Fabrice Courbet, à moitié convaincu, donne

Colère froide du maire…

EN BREF

Couloirs humanitaires : le Diocèse œuvre pour l’accueil de réfugiés Une première famille syrienne est arrivée fin août à Nods grâce au dispositif des “couloirs humanitaires” et à un SOLIDARITÉ Des collectifs à Valdahon, Morteau, Ornans…

Associations Du changement pour les associations bisontines. Depuis le 2 octobre, les services de la sous-préfecture de Pontarlier assurent le greffe des associations dont le siège est situé dans l’arrondissement de Besançon en plus de celles situées dans l’arrondissement de Pontarlier ! Depuis cette date, il n’y a donc plus d’accueil physique ni téléphonique à la préfecture de Besançon. Pour effectuer toutes les démarches relatives aux associations (déclarations de création, de modification ou de dissolution), les usagers sont invités à privilégier les services en ligne sur le site service-public-asso.fr. Ce service accessible 24 heures/24 permet un traitement administratif accéléré et un suivi en ligne de l’avancement du dossier. Les dossiers pourront également être transmis par voie postale à l’adresse suivante : Sous- préfecture de Pontarlier - 69, rue de la République - B.P. 249 25304 Pontarlier, ou par courriel à l’adresse : sp-pontarlier @doubs.gouv.fr

réseau de bénévoles. D’autres devraient suivre ce mois-ci dans un cadre légal et sécurisé.

500 visas en 18 mois Ces “couloirs humanitaires” sont le fruit d’une collaboration œcuménique entre catholiques et protestants. Un protocole a été signé entre le ministère de l’Intérieur et les principaux partenaires en mars der- nier à l’Élysée. Il prévoit dans les 18 mois la délivrance de 500 visas humanitaires pour des réfugiés syriens particulièrement vulnérables présents au Liban (femmes seules, familles, malades…), identifiés sur place par Sant’Egidio. Sans distinc- tion de confession religieuse. “On pourra nous objecter que c’est peu, mais nous voulons systématiser ce modèle” , a insis- té Valérie Régnier. “L’accueil d’un seul migrant est déjà beaucoup et nécessai- re” , a ajouté M gr Bouilleret. La France, après l’Italie, sera peut-être bientôt rejoin- te par la Belgique et l’Espagne. “L’Alle- magne commence aussi à en parler. Et nous travaillons sur un autre couloir pour les réfugiés d’Afrique Subsaharienne.”

tidienne (courses, soins…), les démarches administratives (scolarisation, deman- de d’asile…) et leur insertion sur le long terme (accès au logement, lien social…). Cette “belle chaîne humaine”, selon les mots de M gr Bouilleret, a trouvé rapide- ment des échos au niveau local. Le frè- re d’Ahmad pourrait ainsi se retrouver prochainement à Ornans, où un autre collectif de bénévoles, regroupé aujour- d’hui sous l’association “Amigo”, a loué un logement à Habitat 25. Dans le Val de Morteau, la solidarité est également à l’œuvre. “Comme il y a peu de vacance dans les logements sociaux et que les élus locaux étaient plutôt timorés, une famille des Fins a proposé de prêter son logement et d’autres comptent mettre à disposition leur voiture, accompagner les enfants à l’école…” , indique Marie-Jo Kaczmar. n S.G. Ahmad Bakkar (à gauche) a dû fuir la Syrie avec sa famille. Ici aux côtés de Robert Antoni parmi les bénévoles qui l’ont accueilli.

A hmad et Marwa Bakkar et leurs deux enfants vivent maintenant depuis un mois et demi dans le Haut-Doubs,à côté d’Étalans.Loin du chaos qui règne en Syrie et de leur village bombardé. “L’armée syrienne vou- lait embrigader Ahmad. Ils ont dû res- ter deux ans dans des camps de réfugiés au Liban dans conditions de vie très dif- ficiles”, explique Robert Antoni du col- lectif accueil migrants de Valdahon. Aujourd’hui bien entourée, la famille se dit “heureuse et reconnaissante.”Elle est hébergée dans un gîte et leur jeune fils de 4 ans et demi,Motassin, a retrouvé le chemin de l’école. “Trois bénévoles se relaient aussi en semaine pour leur apprendre le français.” Ce qui se présentait au début comme “un grand saut vers l’inconnu, car ils ne par- laient ni le français, ni l’anglais” , se trans- forme aujourd’hui en un bel exemple d’in- tégration. De quoi redonner du baume au cœur à ce collectif de bénévoles, qui a déjà mené des actions similaires avec “d’autres migrants en grande détresse”

finalement forcés à repartir “dans des conditions dramatiques.” Une vingtaine de collectifs comme celui- là se sont mis en place depuis fin 2015 sur le Diocèse de Besançon dans le cadre du projet des “Couloirs humanitaires”. C’est en Italie qu’est née cette initiative par le biais de la Communauté de Sant’Egidio avec la Fédération italienne des églises évangéliques et laTable vau- doise, pour “éviter que la Méditerranée devienne un cimetière de plus en plus grand” ,comme l’expliquaitValérieRégnier,

la présidente nationale de Sant’Egidio lors de sa venue à Besançon le 5 octobre. Au niveau local, le Dio- cèse de Besançon est for- tement engagé avec la Pastorale des migrants et le Secours Catholique. Le but étant d’accom- pagner les réfugiés dans leurs premiers pas en France pour leur vie quo-

La Méditerranée, vaste cimetière.

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