La Presse Bisontine 192 - Novembre 2017

BESANÇON

11 La Presse Bisontine n° 192 - Novembre 2017

SANTÉ

Personnes âgées dépendantes Le C.L.S. Bellevaux veut se transformer en “hôtel 3 étoiles” Le conseil de surveillance du centre de long séjour du centre-ville bisontin, Bellevaux, planche sur un projet de restructuration des chambres de l’établissement, afin de les individualiser à hauteur de 80 %.

Entouré ici du directeur de l’établissement Laurent Mouterde (debout à gauche) et du président du conseil de surveillance Philippe Gonon (debout à droite), un groupe de résidents est en activités thérapeutiques, encadrés par les personnels soignants.

L a comparaison est un peu mar- keting mais pleinement assu- mée. Faire de Bellevaux un “hôtel 3 étoiles” est une des ambitions du conseil de surveillance de l’établis- sement. “On ne veut plus de cela” scan- de Philippe Gonon, son président, en désignant les chambres doubles. Si l’institution s’est quelque peu détachée de son image de “mouroir”, la possibi- lité de résider dans une chambre indi-

viduelle est un véritable enjeu pour la qualité de vie en E.H.P.A.D. “Excepté pour les couples, la plupart des rési- dants demandent une chambre indi- viduelle. Ils veulent leur intimité, et nous les avons entendus. Les chiffres indiquent aujourd’hui un redressement financier de l’établissement. Il retour- nera l’année prochaine à l’équilibre, et nous serons enmesure de lancer de nou- veaux projets” précise le président du

conseil de surveillance. L’institution est structurée en deux activités : un établissement de santé de 60 lits unité de soins de longue durée, et un secteur d’activités médico-social (194 lits en E.H.P.A.D., 14 places pour

le pôle d’activités et de soins adaptés, 10 lits en hébergement temporaire, 10 places en accueil de jour, et 78 places en services de soins infirmiers à domi- cile). Soit 264 lits au total, ce qui en fait un établissement de taille moyen-

ne dans la région. Il comptabilise 92 chambres doubles et 84 chambres indi- viduelles. “Malgré cela, le premier cri- tère des familles reste sa position cen- trale. Elles préfèrent des chambres doubles en centre-ville, aux chambres individuelles àAvanne-Aveney, se défend le directeur Laurent Mouterde. On ne rentre malheureusement jamais en chambre simple, il y a toujours un pas- sage en chambre double en attendant la disponibilité d’une individuelle. Ceci est affiché, les familles sont informées.” Ce projet de restructuration des chambres, souhaité à l’unanimité par le conseil de surveillance,n’en est aujour- d’hui qu’à ses balbutiements, mais la faisabilité technique (secteur sauve- gardé) et financière est d’ores et déjà validée. Une étude capacitaire atteste aussi d’une réserve foncière suffisan- te pour réaménager les chambres doubles. “On va travailler sur ce pro- jet en concertation avec tout le person- nel de santé et administratif, ajoute Philippe Gonon. On gardera des chambres doubles pour ceux qui le demandent, mais la plupart seront simples, soit 80 % de chambres indivi- duelles sur 264 lits. On passerait ain- si de 84 chambres simples à 200.” Si les études financières, architectu- rales…n’ont pas encore été lancées, le premier coup de pioche pourrait être donné d’ici deux ans. Durant les tra- vaux, les effectifs des personnels et le nombre de lits resteront les mêmes, assure le directeur. Malgré une capa- cité d’investissement retrouvée, le conseil de surveillance, qui portera le projet avec le Conseil départemental du Doubs, devra aller chercher des sub- ventions. n C.G.

Conditions de travail Des soignants sous pression mais engagés

Cette infirmière et cadre de santé qui a souhaité garder l’anonymat reconnaît que cer- tains personnels éprouvent plus de difficultés que d’autres face à la pression. “Les aides- soignants ont du mérite. Les journées sont longues, il faut s’adapter aux habitudes des résidents. Si les projets de ser- vice incluent les soignants à la réflexion, certains ressentent encore une distance de la part de la direction.” Même constat du côté de Cin- dy Guevelou, secrétaire loca- le pour le syndicat majoritai- re U.N.S.A. Santé-sociaux. “Ce sont des questions controver- sées ici. Oui il y a eu un tra- vail sur la qualité de vie au travail. Mais dans ce métier, on n’est jamais suffisamment reconnu, et ce par tout le mon- de. L’absentéisme a baissé effec- tivement. Il y a des actions, nous avons avancé. Cependant, les personnels en poste depuis longtemps vieillissent et sont

usés, les maladies profession- nelles arrivent.C’est une bataille de tous les jours pour la direc- tion soumise aux restrictions budgétaires. Je regrette que l’État ne prenne en compte l’être humain dans cette probléma- tique. Où va-t-on ?” s’interro- ge inquiète la représentante du personnel. Chaque jour, les soignants ont 17 minutes à consacrer aux personnes pour effectuer la toi- lette, la mise au W.-C., l’ha- billage, la réfection de la chambre… tout en prenant en compte les besoins, habitudes, demandes des personnes, et en veillant à encourager leur autonomie. “À Bellevaux com- me partout en France, les taux d’encadrement font que les agents ne peuvent consacrer le temps qu’ils souhaiteraient aux résidents, poursuit Cindy Gue- velou. Il est impossible de res- pecter ces délais si on souhai- te prendre en compte la personne dans sa globalité.” n

Le conseil de surveillance du centre de long séjour du centre-ville bison- tin, Bellevaux, planche sur un projet de restructuration des chambres de l’établissement, afin de les individualiser à hauteur de 80 %.

I l aura fallu 117 jours de grè- ve aux Opalines - un des plus longs conflits sociaux en France - à Foucherans, à deux encablures de Dole, pour que les pouvoirs publics se réemparent de cette question des conditions de travail en E.H.P.A.D. Un enjeu dont les directeurs d’E.H.P.A.D. ont dû s’emparer également, tant en termes de ressources humaines que d’évolution du modèle de l’E.H.P.A.D. de demain. Le C.L.S. Bellevaux compta- bilise 314 salariés, dont 2/3 de personnels soignants, dont une centaine d’aides-soignants, per- sonnel le plus confronté au burn-out . Soit un ratio de 0,7 personnel (tout confondu) par lit. “Une bonne moyenne” sou- ligne le directeur LaurentMou-

terde. Un chiffre qui corres- pond en effet à ceux du der- nier Observatoire des E.H.P.A.D. de 2014, attestant d’un taux moyen d’encadre- ment en France de 0,69 équi- valent temps plein pour les E.H.P.A.D. publics. Le Plan Solidarité grand âge lancé dès 2004 préconisait pourtant un ratio d’un personnel pour un résident. On se rend compte que les E.H.P.A.D. français sont encore loin du compte, soumis à des contraintes bud- gétaires toujours plus dras- tiques. L’institution du centre-ville a entrepris depuis 2012 une démarche d’amélioration des conditions de travail, à travers plusieurs actions. “En 2014, nous avons lancé une réflexion

sur le management, reprend Laurent Mouterde. Si les per- sonnels ne sont pas reconnus, leur travail n’a pas de sens. J’ai signé un contrat sur trois années d’amélioration des conditions de travail, avec pro- position de formations aux per- sonnels.” Ces actions auraient permis de faire baisser l’ab- sentéisme, passant de 14 % en 2016 à 11 % en 2017. “Nous

17 minutes à consacrer aux personnes.

sommes bluffés des résultats. Il faut continuer d’associer les personnels à notre réflexion, ne pas plaquer des décisions, et améliorer la reconnaissance.”

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