La Presse Bisontine 191 - Octobre 2017

ÉCONOMIE 46

La Presse Bisontine n° 191 - Octobre 2017

TOURISME

5% du P.I.B. régional

Un ambitieux plan d’investissement pour le tourisme Le Comité régional du Tourisme (C.R.T.) satisfait des chiffres de fréquentation de l’été en Bourgogne-Franche-Comté.

7 millions d’euros seront injectés par la Région qui y voit un vecteur d’emploi. Un nouveau plan d’action sera présenté le 13 octobre.

“U ne très bonne saison estivale.” Voilà com- ment Loïc Niepceron - président du Comité régional de tourisme - analyse la conjonc- ture touristique en Bourgogne- Franche-Comté. 1 375 presta- taires touristiques de la région ont répondu à l’enquête de fré- quentation et de satisfaction. 74,8 % des professionnels inter- rogés estiment que leur activi- té fut bonne - voire très bonne - cet été, s’expliquant en partie par de bonnes conditions météo- rologiques.

Au-delà de cette tendance, la Région a mesuré l’intérêt éco- nomique du tourisme “qui pèse 5 % du P.I.B. (environ 4 mil- liards d’euros) et emploie 42 000 personnes, soit autant que l’agri- culture” fait remarquer Patrick Ayache, vice-président chargé de cette question, qui rappelle que l’effet “attentats” s’est estom- pé. Les visiteurs étrangers sont de retour. Le 13 octobre, l’élu régional bisontin présentera le schéma régional de tourisme à Mont- béliard. “Nous avons une ambi-

La clientèle française a été stable à l’instar des étrangers avec tou- tefois une hausse sensible des Suisses, Belges et Allemands. Si la durée moyenne de séjour se maintient (4,5 jours), les dépenses moyennes des tou- ristes, elles, diminuent. Certains ont tiré leur épingle du jeu à l’image du tourisme fluvial (surtout en Bourgogne), les hébergements collectifs et les campings. À l’inverse, les hôtels ont noté une baisse de fréquentation aussi bien enmai, juin, juillet, qu’août.

La Citadelle de Besançon, 5 ème site le plus visité de Bour- gogne- Franche- Comté.

sement” pointe Patrick Ayache. La Région a débloqué 7 millions d’euros pour aider les profes- sionnels à se moderniser. Cer- tains hôtels ont par exemple bénéficié d’aides pour installer un spa. Il existait déjà des aides pour la création d’aires d’accueil de camping-cars (50 % de sub- ventions). La collectivité ira plus loin sans donner le montant final du plan d’investissement. La “nouvelle” région, certes plus grande, a des atouts à faire- valoir : tourisme viticole et flu- vial d’un côté, authenticité de l’autre. n E.Ch .

cule Patrick Ayache. Terre d’authenticité, la Bour- gogne-Franche-Comté veut miser sur cet atout. “Des tour- opérateurs cherchent l’art de

tion forte car plus de touristes, c’est plus d’activités, plus d’em- plois. Deux scénarios sont envi- sagés. Le premier : on dévelop- pe le tourisme au fil de l’eau et on accueille 250 000 touristes supplémentaires, ce qui entraî- ne un gain de 175 millions d’eu- ros et 2 000 emplois de plus. Le second : la France va accueillir à l’avenir 100 millions de tou- ristes (contre 85 millions aujour- d’hui). Il faudra être capables d’attirer une part de ces 15 mil- lions de touristes supplémen- taires, ce qui nous permettrait d’atteindre un objectif de 4 000 emplois supplémentaires” cal-

l Les sites les plus visités L e premier site visité de la région est la basi- lique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (Yonne) avec 1 million de visiteurs devant celle du Sacré-Cœur (450 000), les Hospices de Beaune (425 000), le chantier médiéval de Gué- delon (Yonne - 298 000) et la Citadelle de Besan- çon (270 000). Parmi les événements, les lumières de Noël de Montbéliard (570 000 personnes) sont en tête devant Chalon dans la rue (200 000), la foire internationale de Dijon (160 000) et la Foire comtoise de Besançon (146 000).

l Airbnb : Besançon bientôt comme Dijon ? A irbnb, plate-forme qui met en relation tou- ristes et propriétaires de logements, crée des tensions parce qu’elle ne reverse pas la taxe de séjour en France. Depuis 2017 et des tractations avec Airbnb France, le vice-président de la Région Patrick Ayache a obtenu une avan- cée pour la ville de Dijon : dès la première nuit de séjour à Dijon, la redevance est versée. À Besan- çon, ce n’est pas (encore) le cas. La taxe de séjour payée par le touriste permet notamment de faire vivre les offices de tourisme.

vivre à la fran- çaise loin du tourisme de masse” témoigne le C.R.T. Un des points faibles de notre région : l’hébergement de qualité qui fait défaut. Pour cela, il faut “un plan d’investis-

“On espère 4 000 emplois supplé- -mentaires.”

“En Allemagne, le canal Main-Danube prouve ses atouts” L’association Saône Rhin Europe, qui milite pour un nouveau projet de liaison fluviale entre la Saône et le Rhin, s’est rendue à Riedenburg cet été sur invitation de son maire, pour le 25 ème anniversaire du canal Main-Danube. VOIES NAVIGABLES De Besançon à Riedenburg

Les membres de l’association sont montés en bateau sur la portion du Danube aménagé et sur le canal de l’Altmühl.

S ur place, une quinzaine d’ad- hérents se sont vus présen- ter le tronçon Altmühl du canal, inauguré en 1992. L’oc- casion de mesurer ce qu’il apporte à ses riverains et à l’économie locale. Il ressort des principales dis- cussions un bilan touristique positif. “Après avoir stagné aux alentours de

600 000 touristes, ils atteignent aujour- d’hui largement les 800 000 visiteurs par an, ce qui a permis la création ou l’extension de plusieurs hôtels et res- taurants” , résume le Bisontin Chris- tian Ferrandez, qui faisait partie du voyage. Et si sur le plan logistique, “en raison des coûts d’entretien des infrastruc-

canal Freycinet, peu large, ne laisse passer que des bateaux de 300 tonnes quand une liaison grand gabarit per- met d’accueillir des péniches allant jus- qu’à 3 500 tonnes, soit l’équivalent de 112 camions. Ce qui désengorgerait les routes, sans se résumer à du seul tran- sit pour notre région comme on nous le reproche. L’exemple de Pagny-le-Châ- teau le prouve” , estime Christian Fer- randez. “Le canal Main-Danube avait lui aussi été attaqué mais aujourd’hui les Allemands sont bien contents” , ajou- te le Bisontin qui regrette qu’en Fran- ce, il n’y ait pas plus de culture flu- viale. n S.G. * Le rapport Duron de la commis- sion Mobilité 21 a renvoyé la liaison fluviale Saône-Rhin (voire Saône-Moselle) à une éventuelle réalisation au-delà de 2050

120 embauches réalisées l’an dernier (emplois non qualifiés) sur le techno- port de Pagny-le-Château. Ce court voyage dans le pays voisin n’aura fait que confirmer leurs convic- tions. “On milite depuis 1997 car on trouve que le canal est un atout indis- pensable à l’économie régionale, et c’est aujourd’hui prouvé en Allemagne.”

tures et du personnel, le bilan écono- mique est tout juste à l’équilibre” , il n’y a rien à redire du côté environnemental. Leurs promenades en bateau dans cet- te “zone très protégée” ont permis d’ap- précier “les berges végétalisées, les frayères à poissons protégées par des cordons anti-batillage, ainsi que les zones humides reconstruites ou main- tenues.” “Le maire de Riedenburg a souligné en outre, que le canal est parfaitement intégré à la nature et que les nom- breuses inondations qui précédaient sa construction n’existent plus désor- mais” , précise Christian Ferrandez. Des informations “suffisamment édi- fiantes” aux yeux de ces défenseurs de la première heure, pour les revigorer dans leur volonté “de faire accepter la voie fluviale comme moyen de trans- port économique, qui respecte l'envi- ronnement et qui est créatrice d’em- plois.” Évoquant au passage et malgré un contexte économique difficile, les

Alors que côté français, l’axe fluvial manquant de 230 km entre Pagny-le-Château et Mulhouse passant par la Région, continue de susciter la controver- se*. “Une cinquantai- ne de touristes emprun- tent le Doubs chaque mois, mais cela pour- rait être bien davan- tage.” Demême que sur le fret, il y aurait une carte à jouer selon cet- te association. “Le

Création d’emplois

et attraction touristique.

Ce voyage en Allemagne a permis de découvrir le canal de l’Altmühl.

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