La Presse Bisontine 191 - Octobre 2017

SPECIAL HABITAT

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La Presse Bisontine n° 191 - Octobre 2017

CE QUI VA CHANGER R.T. 2012 - R.T. 2020 :

C onstruire aujourd’hui impo- se un certain nombre de règles qui n’existaient pas par le passé, comme joindre une attestation thermique préalable à son permis de construire, intégrer obligatoirement une énergie renou- velable dans son projet ou faire réa- liser un test d’étanchéité à l’air en fin de chantier. Des points apportés par la réglementation thermique 2012, en application depuis le 1 er janvier 2013 pour toutes les constructions neuves ainsi que les extensions de plus de 100 m 2 . L’objectif étant de favoriser l’émergence de bâtis plus économes et sobres en énergie. “La R.T. 2012 a des exigences en termes de performance globale du bâtiment et pas seulement de per- formance des matériaux ou d’équi- pements, pris isolément, comme le laissent parfois à penser certains arti- sans” , remarque David Boyard, conseiller info énergie à l’A.D.I.L. du Doubs. “Autrement dit, il ne suffit pas viendra prochainement remplacer la R.T. 2012, apportant des normes renforcées dans la construction des maisons. Une nouvelle réglementation thermique

Pour les bâtiments inférieurs à 1 000 m 2 , c’est la réglementation thermique élément par élément qui s’applique. Le principe ? Lorsqu’un élément est remplacé ou installé, il doit être de performance supérieure aux caractéristiques minimales mentionnées dans l'arrêté QUID DE LA RÉNOVATION ? exemple une moyenne de 8 à 9 cm d’épaisseur d’isolants imposés pour les murs et toitures” , reconnaît David Boyer. Modifiée à compter du 1 er janvier 2018, elle voit une hausse des exigences pour passer à l’équivalent de 10 cm d’isolants au minimum et “d’ici 2023, on parle de 11 à 12 cm. Sachant que les aides, généralement octroyées au niveau B.B.C., imposent 14 à 15 cm.” D’autres normes sont aussi fixées concernant la protection solaire (présence de rideaux occultants ou de volets), l’éclairage et la ventilation. du 3 mai 2007. “Assez méconnue, elle est peu contraignante avec par

Les chantiers de demain répondront à des normes encore plus contraignantes, incluant aussi l'impact carbone à la construction.

de mettre tant d’épaisseur d’isolant ou du triple vitrage pour être en confor- mité.” Trois indicateurs sont en fait pris en compte (calculés par un bureau d’études) : l’indice Bbio qui corres- pond à l’impact de la conception bio- climatique, la consommation d’éner- gie primaire (Cep) liée au chauffage, à l’éclairage… et la température inté- rieure conventionnelle (Tic). Si des normes minimales sont ainsi déjà respectées sur les déperditions, l’obligation de surface vitrée pour 1/6 ème de la surface totale, la pré- sence de compteurs… demain, de nouvelles exigences se profilent. Là où la R.T. 2012 se concentrait essen-

tiellement sur les aspects thermiques du logement, la R.T. 2020 prévoit en effet d’aller plus loin en incluant à ses exigences, la production d’énergie (supérieure ou égale à la consom- mation) et l’empreinte environne- mentale du foyer. “Un nouveau niveau B.B.C. est apparu avec deux labels : Bepos Effinergie 2017 et Bepos +. Ils serviront à orienter les futures régle- mentations qui se dirigent vers des maisons à énergie positive” ,précise David Boyard. Cela pourrait inclure l’impact carbone sur l’ensemble du cycle de la maison en fonctionnement et sur les matériaux utilisés, jusqu’aux modes de déplacement des occu- pants. n

CHIF FRES

180 kWh

180 kWh d’énergies primaires par m 2 et par an : c’est la consommation correspondant au niveau haute performance énergétique rénovation, “H.P.E. rénovation 2009” sur Besançon. Et 96 kWh pour le niveau plus exigeant “B.B.C. rénovation 2009”.

ISOLATION : EN QUÊTE DE TOUJOURS

De nouveaux isolants débarquent sur le marché de la rénovation.

plus d’économies d’énergie

LES CONSEILS DU PRO Philippe Pruniaux, conseiller info énergie à l’A.D.I.L. du Doubs.

Des isolants composés d’air, des panneaux sous vide… De nouvelles générations de matériaux font leur apparition sur le marché.

“S ur les dix dernières années, on voit une généralisation des matériaux bio-sour- cés” , constate Philippe Pruniaux, conseiller info énergie à l’A.D.I.L. du Doubs. Laine de bois, de chanvre, de mouton, panneaux de liège, ouate de cellulose… sont plus régulièrement utilisés. Leur avan-

tage ? Ils sont à la fois renouvelables et recyclables. “Ils stockent du car- bone pendant leur mise en œuvre et ont une bonne inertie thermique, ce qui apporte du confort l’été.” Autrefois argument phare de leurs contradicteurs : leur surcoût par rap- port aux isolants classiques, com- me la laine de verre, ne serait même plus si élevé. “Avec quasiment les mêmes prix pratiqués aujourd’hui sur la ouate de cellulose et jusqu’à 25 % de plus suivant les matériaux.” En parallèle de ce marché d’isolants à base de produits végétaux ou ani- maux, se développent aussi depuis cinq à six ans des laines minérales sans formaldéhyde et avec des liants organiques. “Ce qui est mieux pour ceux qui sont amenés à les poser, ainsi que pour la santé des habi- tants” , souligne Philippe Pruniaux.

Pour Philippe Pruniaux, conseiller info énergie, “la bonne stratégie consiste à se demander comment faire pour perdre le moins d’énergie. Cela passe par une bonne isolation, en évitant les ponts thermiques et en y associant un système performant à énergie renouvelable (solaire, bois…). Il n’y a pas de système high-tech ou de révolution technologique. Pompe à chaleur, chaudière à condensation, chauffe-eau thermodynamique… ont vu des améliorations qui nous permettent de gagner sur les rendements.” “Il n’y a pas de système high-tech”

Mais le gros des demandes en réno- vation énergétique concerne désor- mais l’isolation par extérieur, davan- tage novatrice par sa mise en œuvre que par les matériaux utilisés. Quelques innovations technologiques percent aussi le marché comme les aérogels : des matériaux extrême- ment légers, composés jusqu’à 99 % d’air emprisonné dans de la silice poreuse. On les trouve sous forme de granulats ou intégrés dans des nattes souples. Il existe également

des films aluminium, mais essen- tiellement utilisés en compléments d’isolation, ou les panneaux isolants sous vide, qui permettent de gagner en épaisseur et donc d’avoir plus de volume habitable avec une mise en œuvre compliquée cependant. “Si c’est percé, ça ne marche plus ! L’usage reste spécifique et l’instal- lation coûteuse, je ne l’ai encore jamais vu mis en œuvre dans le Doubs” , commente le conseiller info énergie. n

CHIF FRES

20 cm

Jusqu’à 20 cm d’épaisseur d’isolant sont aujourd’hui placés sur les murs d’une maison neuve (et 40 cm en toiture) contre 14 à 15 cm en rénovation B.B.C. (et 30 cm en toiture). L’isolation des années soixante-dix se bornait généralement à 2 ou 4 cm d’épaisseur.

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