La Presse Bisontine 190 - Septembre 2017

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n° 190 - Septembre 2017

SANTÉ

Innovation médicale L’E.F.S. développe un nouveau traitement contre la leucémie

I l y a un an, cette même équipe de l’Unité mixte de recherche 1098, hébergée au sein de l’E.F.S. (unité placée sous la tutelle de l’I.N.S.E.R.M., de l’E.S.F., et de l’Uni- versité de Bourgogne-Franche-Com- té) avait découvert un médicament

Une équipe de chercheurs de l’Établissement français du sang de Bourgogne-Franche-Comté met au point de nouvelles immunothérapies très prometteuses dans le traitement de la leucémie.

“vivant” afin d’éviter les complications liées au rejet pour les patients greffés de moelle osseuse. Une grande première et un espoir considérable pour ces malades. Afin d’éviter que les cellules du système immunitaire ne s’at- taquent aux cellules saines du patient, un processus de “cellules suicides” couplées à un “interrupteur” a été

lule, explique le D r Marina Deschamps, chercheur en thérapie cellulaire et génique. Pendant ces dix jours, nous prenons des petits bouts de molécules, mis bout à bout, pour créer un récep- teur spécifique de la tumeur que l’on fait exprimer par la cellule la plus tueu- se de notre organisme, le lymphocyte T.” Autrement dit, un traitement “à la carte”, mieux ciblé, évitant les prises en charge lourdes telles que chimio- thérapies et radiothérapies, qui s’en prennent également aux cellules saines avoisinantes. “Ces cellules deviendront plus spécifiques et plus efficaces qu’une greffe de moelle osseuse, même si nous n’avons pas encore trouvé le moyen de les faire perdurer à long terme.” La phase d’ingénierie génétique est aujourd’hui bouclée et les outils (les cellules génétiquement modifiées) sont validés. Un brevet a été déposé. Les essais sur des souris humanisées et immuno-déficientes sont en cours. “Nous leur avons injecté une leucémie, puis nos cellules génétiquement modi- fiées. Cela fonctionne pour l’heure. Nous contrôlons la prolifération tumorale” reprend le D r Ferrand. Deux options s’offriront ensuite aux chercheurs : l’essai clinique, très coû- teux (1 million d’euros pour démon- trer la preuve du concept, puis 25 000 euros par patient pour une dose), ou la mise à disposition de la licence aux industries pharmaceu- tiques. Les scientifiques indiquent être à ce jour en discussion avec des labo- ratoires. “On ne souhaite pas perdre la main sur le projet, ce sera donc un partenariat” précisent les chercheurs. n C.G.

“Ces cellules deviendront plus efficaces qu’une greffe.”

imaginé : dès que les cellules saines sont attaquées, l’interrupteur est pla- cé sur off et un gène suicide est acti- vé, donnant l’ordre aux cellules de se “suicider”. Alors qu’un patient devrait être intégré au protocole dès septembre, une nouvelle voie s’ouvre aux scienti- fiques. “Maintenant que l’on sait fai- re cela, on migre vers l’immunothéra- pie cellulaire pour mieux cibler la tumeur” explique le D r Christophe Fer- rand, responsable du laboratoire d’On- co-Hématologie Moléculaire. L’immunothérapie vise à mobiliser les lymphocytes T (les globules blancs) contre la maladie. Un médicament non chimique, issu de notre propre systè- me immunitaire (ou celui d’un don- neur sain) pour lutter contre le can- cer. Une approche totalement nouvelle et un changement radical dans la façon d’appréhender la maladie. “Ces cel- lules sont modifiées ici, en laboratoi- re, pendant dix jours. On les infecte avec un virus modifié et sécurisé qui va apporter un nouveau gène à la cel-

Les Docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand espèrent voir aboutir un partenariat avec un labora- toire pharmaceutique afin de lancer les essais cliniques.

Ce deal qui gangrène Planoise SÉCURITÉ Le cas de Planoise inquiète

La vidéo- protection - comme ici place Cassin - ne résout pas les trafics de drogue et la violence.

Pour récupérer le contrôle de la place Cassin, des hommes cagoulés n’ont pas hésité à tirer en plein jour sur un trafiquant. Les promesses de renforts policiers et de réponse pénale plus rapide seront-ils suffisantes ?

Un groupe local du traitement de la délinquance P our une durée temporaire de six mois à deux ans, Pla- noise va bénéficier d’un groupe local de traitement de la délinquance (G.L.T.D.). La procureure de la République Edwige Roux-Morizot l’a annon- cé dans le but d’éradiquer la vio- lence et l’insécurité. Objectif du dispositif : que des enquêtes de fond débouchent sur des réponses pénales adaptées. n

D e l’avis d’un policier, “Besançon n’est pas (enco- re) Marseille.” Pourtant, ce quartier de 21 000 habitants passe à un niveau supérieur de violence. Après les faits de gué- rilla urbaine le 14 juillet, un dealer a reçu trois balles tirées par deux hommes cagoulés se déplaçant à scooter jeudi 17 août à 13 heures au 6, avenue du Parc, en contrebas de la place Cassin.

Quelques jours plus tôt, c’est la façade d’un restaurant rapide qui a été criblée de balles. Voilà qui remet donc au goût du jour un débat politique que Michel Omouri (Les Républicains) avait lancé en fin d’année en lâchant au conseil municipal “qu’à Pla- noise, ça parle à la Kalach.” Une métaphore qui n’avait pas plu à l’exécutif en place. L’éviden- ce est pourtant saisissante : les habitants doivent - dans cer-

tains halls d’immeubles - faire profil bas, voire montrer leur carte d’identité pour rentrer chez eux. Beaucoup ne veulent pas parler par peur des repré- sailles. Les forces de l’ordre, elles, n’ont pas abandonné Cas- sin, Ile-de-France ou les Époisses, contrairement à ce que pensent une partie des rési- dents qui se sentent abandon- nés. “Mais lorsque l’on inter- vient à Planoise, nous sommes sur nos gardes. C’est évident que nous nous méfions davantage depuis les événements” concède Thierry Silvand, délégué dépar- temental du syndicat Alterna- tive Police C.F.D.T. qui réclame davantage de moyens humains et matériels. Au moins six endroits dans le quartier seraient les plus rentables pour les dealers . Les forces de l’ordre ne sont pas dupes. Un bras de fer entre vendeurs de cannabis est engagé pour savoir qui gar- dera le hall d’immeuble ou le

bout de trottoir sous son joug. Le maire de Besançon a deman- dé des renforts en plaidant sa cause au ministère de l’Inté- rieur. Il doit rencontrer le ministre Gérard Collomb avant octobre : “Il y a une vraie inquié- tude de ma part. Je ne nie pas ces faits qui ne sont pas accep- tables. Cela passe par une pré- sence de la Police nationale et municipale à Planoise, et dans tous les autres quartiers. Il faut que l’on voie plus d’uniformes dans la ville” commente le mai- re de Besançon. Le commissariat de Besançon va au 1 er septembre bénéficier de 10 renforts supplémentaires dans le cadre des mutations. Mais les effectifs de “Police secours” demeurent tendus : “Les collègues sont en sous-effec- tifs. Il suffit qu’un collègue se blesse pour tout désorganiser. Le week-end, il n’y a qu’une patrouille qui tourne à Besan- çon ! Quant aux renforts de

C.R.S. annoncés par le préfet : il n’y en aura pas car nos forces mobiles sont à Paris ou à Calais” poursuit le syndicaliste. La demande dumaire de Besan- çon d’obtenir le statut de “vil- le-pilote” pour accueillir une police de proximité voulue par le nouveau gouvernement ramè- nera-t-elle le calme ? Les poli- ciers n’y croient guère : “On a laissé tomber la police de proxi- mité. Le bilan était négatif. Et il restera toujours des gens avec qui vous pourrez parler et les autres qui ne vivent pas dans le monde des Bisounours. La seu- le chose qui les intéresse est de préserver leur marché” dit l’un d’eux. L’impunité semble fati- guer les équipes : “Pas une inter- pellation lors des émeutes de juillet alors que l’on dispose de caméras de vidéoprotection !” Planoise, ville dans la ville, va être surveillée comme le lait sur le feu. n E.Ch.

Thierry Silvand (syndicat Alternative Police, à droite) - accompagné de Cyril Baudesson et

Christophe Grosjean - attend des renforts et moyens.

Made with FlippingBook Annual report