La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

LE PORTRAIT

47 La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

BESANÇON Commerce Et Gégé coupe le son… Dernier tour de piste le 27 mai dernier pour Gérard Mercier, patron depuis 40 ans du mythique bar de Besançon le Cousty, rue de Dole. L’établis- sement a fermé ses portes après une dernière soirée d’adieu. Rétrospectives de quatre décennies de bringues bisontines. U ne page qui se tourne pour des géné- rations de Bisontins…Des milliers de noctambules qui sont venus au moins une fois fouler les pistes de danse du Cousty en 40 ans. Un établisse- ment mythique, qui, à une certaine époque, accueillait autant de monde sur le trottoir qu’à l’intérieur, si ce n’est plus. La circu- lation était alors impossible rue de Dole. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Le 27 mai der- nier, Gérard Mercier, dit “Gégé du Cous- ty”, tirait sa révérence, non sans une cer- taine nostalgie, et quelques larmes d’émotion. “J’ai un gros pincement au cœur. J’ai reçu tellement de messages, de remer- ciements, avant cette der des ders. Un grand merci à ma famille, aux clients qui nous ont soutenus, aux salariés qui ont aidé à la bonne marche de l’établissement.” À 23 ans, le 1 er juillet 1977, lorsque Gérard Mercier acquiert l’établissement sur “un coup de cœur”, le démarrage ne tarde.Aidé par ses copains rugbymen de l’O.B., Gégé va rapidement faire du Cousty un bar à sportifs. “On s’est vite senti à l’étroit. J’ai en tout agrandi trois fois les lieux, pour tripler de superficie et parvenir à une jau- ge de 400 personnes” raconte le nouveau retraité. Les quarantenaires et plus d’au- jourd’hui ont pendant longtemps fréquenté un bar à thème - un des premiers de Besan- çon - qui fermait ses portes à 2 heures. Ce n’est qu’en 2008 que l’établissement a obte- nu l’autorisation de prolonger jusqu’à 5 heures du matin. “L’âge d’or, c’était dans

Gégé du Cousty, ému, avant sa “der des ders”.

les années 80-90. C’était l’euphorie totale. C’était plein à craquer !” Au Cousty, on a dragué, on a fait des ren- contres, on s’est marié… “J’en ai marié un paquet. Quand j’en revoyais certains revenir quelques années plus tard, je savais pourquoi” sourit le Bisontin. En 40 années de services, des clients fidèles, à ceux de passage, en passant par les étudiants, tous se connaissaient. “Les clients sont deve- nus mes amis, mes loulous comme je les appelle. J’ai connu trois générations.” Mal- gré les hauts, les bas, les fermetures admi- nistratives, dont une de six mois la veille du Nouvel an 2000, la concurrence accrue ces dernières années, l’établissement a tenu bon. Il a embauché jusqu’à 12 sala- riés, six avant sa fermeture. La récente mise en liquidation a précipité la décision de l’ancien patron : “Mon fils n’avait pas

Réouverture fin août- début septembre

Bio express Gérard Mercier

1955 : naissance

l

l 1 er juillet 1977 : acquisition du “Cousty Bar” 1990 : lancement des concerts l 31 décembre 2000 : fermeture administrative de six mois pour remise aux normes l 2008 : arrêt des concerts et autorisation d’ouverture de nuit

N ouvelle identité, nouveau nom, nou- veaux gérants…L’histoire des lieux, malgré le départ de Gérard Mer- cier, ne s’arrêtera pas pour autant. Trois jeunes Bisontins des idées plein la tête nourrissent des projets pour l’établisse- ment. Le dossier d’Antonin Borie, Cyril Hentzen et François Michelet, profes- sionnels de la musique bien connus à Besançon, a été retenu par le tribunal de commerce au terme de la procédure de liquidation judiciaire. Le premier fut notam- ment programmateur cinq années à la Rodia, le second, technicien du son, a travaillé chez N.G. Productions, aux Euroc- kéennes de Belfort…, tandis que le troi- sième est contrôleur de gestion. Leur projet : organiser deux concerts par semaine en début de soirée, et pour- suivre avec le bar de nuit jusqu’à 5 heures les jeudis, vendredis et samedis. Si le nouveau nom n’a pas encore été déci- dé, les trois associés ont lancé un son- dage sur Internet pour consulter le public.

“On relèvera toutes les propositions. Si au final, aucune d’entre elles n’est vali- dée, cela aura au moins permis de faire connaître notre projet” explique Antonin Borie. Des travaux de rafraîchissement et de décoration apporteront une nou- velle identité au lieu, et permettront de réorganiser l’espace pour accueillir des concerts. Deux salariés ont été repris, une serveuse et un responsable de sécu- rité. En attendant l’ouverture prévue pour fin août-début septembre, les associés, s’ils obtiennent les autorisations nécessaires dans les temps, n’excluaient pas l’idée d’organiser une “pré-ouverture” début juillet, une sorte de “der des ders des ders” avec Gérard Mercier, afin de pré- senter leur projet à la clientèle de l’éta- blissement. Lien du sondage pour le nouveau nom du Cousty : https://fr.surveymonkey.com/r/unnou- veaunompourunnouveaucousty n

l 27 mai 2017 : la “der des ders”

l’envie de reprendre. De mon côté, à 62 ans, j’aurais pu continuer, mais j’ai envie de prendre soin de moi, de me reposer. Le métier, les gens vont me manquer. Mais je ne m’interdis pas l’idée d’ici quelque temps d’ouvrir un bar à thème…” Pour le clap de fin, ils étaient tous là, les anciens et les nouveaux clients, pour un dernier hommage à Gégé, tout au long d’une soirée mémorable. n C.G.

“J’ai connu trois générations de clients.”

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