La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

UNE VIE DE CHÂTEAU DANS LE GRAND BESANÇON

(photo J.-P. Cornevaux)

Pour son numéro de l’été, La Presse Bisontine a choisi cette année de partir à la découverte de quelques-unes des plus remarquables demeures du Grand Besançon. On flânera ainsi de château en château, débordant parfois un peu plus loin dans le Doubs ou en direction de la Haute-Saône, à la découverte d’un patrimoine exceptionnel que les propriétaires ou des passionnés essaient de maintenir et d’embellir.

Châteaux et demeures secrètes autour de Besançon l Patrimoine Très peu sont encore ouverts à la visite Au fil du Doubs, de la Loue ou de l’Ognon ou dominant les vallées, la campagne bisontine est parsemée de petits joyaux dont certains, trop peu nombreux, sont encore ouverts à la visite. Les autres conservent leurs secrets. Petit tour du propriétaire.

XVIII ème siècles. La famille de Montrichard, propriétaire des lieux, a décidé de fermer les portes du domaine. “Hélas, on ne peut plus organiser de visites. Ce château ne s’admire plus que depuis la route ou depuis la Loue” déplore l’office de tourisme Loue- Lison. Même chose pour le châ- teau de Pin, à proximité d’Éma- gny, qui présente un corps de bâtiment remontant au XV ème siècle. Un peu plus loin au fil du Doubs, on peut croiser le domaine de Bournel, bien connu des golfeurs de la région, qui abrite un des 18 trous les plus attractifs de

fice de tourisme de Besançon (voir le reportage en pages 24 et 25). D’autres châteaux, plus secrets sont accessibles à la visi- te, mais plus rarement, comme le château de Miserey-Salines, propriété de la famille de Fürs- tenberg ou celui de Vaire-le- Grand surtout connu pour ses magnifiques jardins à la fran- çaise qui dominent le Doubs. La famille Montravers, propriétai- re, l’ouvre cependant de moins en moins à la visite. “Toutes ces maisons ont connu leur heure de gloire après guerre. Elles étaient alors toutes ouvertes à la visite et on montrait dans des magazines comme Connaissan- ce des Arts leurs riches mobi- liers et décors, sans en rien cacher. Cette époque est révolue. Les châ- teaux se sont refermés au fur et à mesure que les risques de vol augmentaient” commente Lio- nel Estavoyer, fin connaisseur des châteaux et chargé du patri- moine à la Ville de Besançon, auteur notamment de l’ouvra- ge “Demeures de Franche-Com- té” (éditions du Sékoya). Le château de Cléron, au bord de la Loue, fait partie de ces joyaux proches désormais cachés. C’est un des exemples les mieux préservés d’architecture médié- vale, édifié au XIV ème siècle et remanié et agrandi aux XV ème et

et où la nature elle-même, maî- trisée, domestiquée, voulue dans son incroyablemagnificence ajou- te à la splendeur du lieu” évoque Lionel Estavoyer dans son ouvra- ge. Bournel recèle notamment une somptueuse sellerie. Anec- dote savoureuse : la reine-mère d’Angleterre y passa quelques nuits lors de son passage dans le Doubs en 1985… D’autres châteaux, situés à moins d’une heure de Besan- çon, en Haute-Saône ou dans le Jura, comme Ray-sur-Saône, Arlay ou Frontenay, s’ouvrent encore aux visites, régulière- ment ou lors d’occasions spé- ciales comme les journées du patrimoine en septembre. Pour combien de temps encore ? “L’autre grand problème des châ- teaux, conclut Lionel Estavoyer, c’est que les héritiers de toutes ces familles se dispersent. Les enfants sont désormais dans le monde entier. Que vont devenir ces belles maisons quand elles ne s’appuient pas sur des for- tunes ou sur un vignoble ? C’est certains, il va y avoir des ventes et la dispersion de tout ce que ces belles demeures contiennent. Car c’est souvent l’intérêt prin- cipal des châteaux : une maison vide ne présente plus grand inté- rêt.” n J.-F.H.

C onsacrer un dossier aux châteaux et belles demeures de Besan- çon et des environs, c’est forcément faire des choix subjectifs. Difficile en effet de tracer une frontière entre le château, la demeure histo- rique, la gentilhommière ou la maison bourgeoise. Certaines bâtisses s’ouvrent encore à la visite, d’autres se font de plus en plus secrètes, au gré des humeurs ou des possibilités de leurs propriétaires. Ce petit tour d’horizon ne sau- rait commencer autrement que par une allusion à la plus célèbre des forteresses bisontines, pro- priété de la Ville : la Citadelle édifiée par Vauban et classée depuis neuf ans au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unes- co. Construite il y a plus de trois siècles, la Citadelle de Besan- çon est considérée comme l’une des plus belles citadelles de Fran- ce. Située sur le mont Saint- Étienne, elle surplombe de plus de 100 mètres la vieille ville enserrée dans un méandre du

grand escalier sur rampe, font référence aux palazzi italiens. Le palais Granvelle garde néan- moins certains caractères propres aux usages architectu- raux de la fin du Moyen Âge. Besançon recèle également de nombreux hôtels particuliers, la plupart privés, à l’image de l’Hôtel de Lignéville ou encore de l’Hôtel de Lavernette-Saint- Maurice. D’autres ont été repris par des promoteurs immobiliers qui ont procédé à de belles opé- rations de réhabilitation, à l’ima- ge de ce qu’a réalisé le groupe S.M.C.I. il y a quelques années en rénovant complètement l’Hô- tel Pusel de Boursières rue Chif- flet, un hôtel particulier du XVIII ème siècle. Pour découvrir des châteaux proprement dits, il faut s’éloi- gner un peu de la ville. Moncley reste sans doute le plus beau des exemples homogènes d’ar- chitecture néoclassique de la fin du XVIII ème siècle. Ses proprié- taires, la famille Bordeaux- Groult, l’ouvrent toujours à la visite par l’intermédiaire de l’of-

Doubs, et s’étend sur 11 hec- tares. Ses remparts longs de près de 600 mètres, larges de 5 à 6 mètres et hauts de 15 à 20 mètres, épousent un escarpe- ment rocheux et offrent des pano- ramas uniques sur la ville et le cadre naturel d’exception qui l’entoure. Impressionnante et majestueuse, la Citadelle est aujourd’hui un haut lieu de cul- ture et de tourisme. C’est désor- mais le lieu de visite le plus fré- quenté des quatre départements francs-comtois, avec plus de 270 000 visites par an. Toujours à Besançon et égale- ment propriété de la Ville, on ne peut occulter non plus le Palais Granvelle. Cet édifice du XVI ème siècle reflète le prestige de son bâtisseur, Nicolas Per- renot de Granvelle. Il a été construit à partir de 1532 sur un immense terrain au cœur de la ville. Ses différents éléments constitutifs : corps principal sur rue, cour d’honneur entourée de galeries ouvertes au rez-de- chaussée et fermées à l’étage, allée voûtée d’arêtes les reliant,

Franche-Comté. Son château, pro- priété de la famil- le deMoustier, est un exemple flam- boyant et gigan- tesque d’un châ- teau dont les premières ori- gines remontent à mille ans. “Monumental, impressionnant, magistral, les superlatifs man- quent sans doute pour dire Bour- nel où rien ne semble à lamesu- re de l’ordinaire

“Que vont devenir ces belles maisons ?”

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