La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

Retard de facturation des services périscolaires : que se passe-t-il ? C ela n’aura pas échappé aux parents d’enfants fréquentant les accueils périscolaires (cantine ou accueil de l’après- midi) de Besançon : la facturation de ces services accuse plus de sept mois de retard. À ce jour, seules les factures d’oc- tobre 2016 ont été adressées aux familles. La faute à un problè- me matériel : un changement de logiciel, qui devait initialement permettre de faciliter les demandes d’inscription. “Les intentions étaient bonnes, mais le prestataire mauvais, conçoit Yves-Michel Dahoui. Il est en dessous de nos attentes et ne respecte pas les clauses du marché.” Ce prestataire aurait été mis en demeure de résoudre ces problèmes techniques le plus rapidement pos- sible. En attendant, les familles ont reçu un courrier les informant de ce désagrément. Avec le retard accumulé, fin 2017, les factures de l’année sco- laire 2016-2017 ne seront toujours pas soldées. “Mais les fac- tures de 2017-2018 seront décalées de façon à ce que deux fac- tures ne soient pas envoyées au cours du même mois” , rassure l’élu. Mauvaise nouvelle pour ceux qui espéraient un petit cadeau de la municipalité : il faudra bien s’acquitter de la note ! n

ÉDUCATION

Assouplissement des rythmes scolaires La Ville se laisse un an pour décider

Alors que le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, prépare un décret afin d’assouplir les rythmes scolaires en laissant la possibilité aux communes de revenir à la semaine de quatre jours, la municipalité de Besançon annonce que rien ne changera pour cette rentrée 2017.

considérable pour les écoles de Besançon.” Si d’aucuns esti- ment aujourd’hui que la réfor- me est bénéfique pour les enfants, le tableau est souvent plus mitigé, et les avis parta- gés. Certains parents bisontins affirment que les tout-petits ont vu les siestes raccourcies et perturbées en maternelle, engendrant plus de fatigue. Le comité de pilotage du Projet éducatif de territoire de Besan- çon, réunissant tous les acteurs de l’éducation et de la petite enfance, annonce mettre cette prochaine année scolaire à pro-

L e retour à la semaine de quatre jours pour- rait donc être possible pour les communes qui le souhaitent dès la ren- trée prochaine. Réforme phare du quinquennat Hollande, les rythmes scolaires, pensés sur quatre journées et demie d’éco- le, devaient permettre d’allé-

ger les journées et favoriser les apprentissages des enfants. À Besançon, la mise en œuvre de cette réforme accompagnée des fameux temps d’activités péri- scolaires ne s’est pas faite sans difficulté. 1,7 million d’euros en fonctionnement ont été inves- tis afin de permettre le recru- tement de 400 animateurs (500

aujourd’hui) pour les 67 écoles de la ville. “C’est la priorité de ce mandat, souligneYves-Michel Dahoui, adjoint en charge de l’Éducation et de la Petite enfan- ce. Nous avons recruté quatre coordinateurs, renforcé les taux d’encadrement, avec 80 % d’en- cadrants titulaires du B.A.F.A. en 2018. C’est une amélioration

fit pour écouter toutes les par- ties prenantes. “On ne prendra pas de décision sur une impres- sion, mais on tirera les consé- quences de l’année écoulée afin de prendre les bonnes décisions, annonce Yves-Michel Dahoui. Dans tous les cas, rien ne chan- gera pour cette rentrée 2017.” Dans leur réflexion, la Ville et ses partenaires devront prendre en considération l’hypothèse de la non-reconduction du fonds de soutien de l’État à partir de 2019, comme l’a sous-entendu le président Macron. Lors de la mise en œuvre de la réforme, une aide de 50 euros par élève avait été attribuée aux com- munes afin d’aider au finance- ment des activités culturelles et sportives. Existera-t-elle enco-

re si l’État n’oblige plus les com- munes à appliquer la réforme ? Les conséquences financières pourraient être lourdes pour Besançon qui a embauché mas- sivement des animateurs. “J’es- père que le président ne bais- sera pas les aides. Et si l’État ne finance plus, nous alerte- rons ! À titre personnel, j’esti- me que l’Éducation est une poli- tique régalienne, et non à géométrie variable. Revenir en arrière serait regrettable. La réforme des rythmes scolaires voit l’enfant dans son ensemble : les temps de l’enfant ne sont pas disséqués mais considérés en cohérence. Mettre un coup d’ar- rêt à cela reviendrait à tout anéantir.” n C.G.

500 animateurs ont été

recrutés à Besançon pour répondre à la réforme des rythmes scolaires.

EN BREF

PLANOISE

La diversité culturelle comme richesse Le Café où toutes les langues se délient On y parle le russe, le français, l’espagnol, le congolais, l’arabe, l’anglais…

Braderie Le Secours Populaire organise une grande braderie de vêtements le 27 juin au complexe sportif de la Malcombe. Renseignements au 03 81 81 63 91. Notaires Le 31 mai dernier lors de l’assemblée générale des notaires, M e Pascal Rault a été élu Président de la Chambre interdépartementale avec une nouvelle composition de la chambre des Notaires de Franche-Comté. Pascal Rault, 58 ans, notaire à Lons-le- Saunier succède à Philippe Achard, notaire à Rioz. Orgue Orgue en ville se déroule du 30 juin au 9 juillet. Cette 9 ème édition mêle l’orgue à la danse, au théâtre, au jazz. Pas moins de 8 chœurs seront présents. La manifestation a un fort ancrage à Besançon mais s’évade aussi à Franois, Saint- Vit ou Ornans. La Rodia accueille l’orgue en version rock progressif le 1 er juillet. www.orguenville.com des Notaires de Franche-Comté,

Le Café des langues organisé par l’association “Miroirs de femme, reflets du monde” à la Brasserie de l’Espace à Planoise est un lieu de rencontre multiculturel. Un lieu aussi où certains rompent l’isolement.

C e soir-là, de 19 heures à 21 heures, alors que l’ora- ge gronde au-dessus de Planoise, les conversa- tions couvrent le bruit de la pluie battante fouettant les baies vitrées de la Brasserie de l’Es- pace. À tendre l’oreille, on devi- ne pourtant le soleil dans la dou- ce voix de Julienne, Congolaise d’origine, qui lâche un “Mbote” en franchissant la porte. “Mbo- te” signifie bonjour en congolais. Comme une quarantaine d’autres personnes, elle parti- cipe régulièrement au “Café des Langues” organisé chaque 1 er mardi du mois. Sur la partie gauche de la brasserie, c’est plu- tôt “holà” qui résonne avec ces six dames conversant en espa- gnol autour d’un verre. Elles font partie des habituées même si beaucoup de petits nouveaux franchissent chaque semaine les portes : “Si je viens, c’est sur- tout pour ne pas trop perdre et pouvoir pratiquer” dit l’une d’el- le. Plus loin, c’est une jeune étu- diante bisontine qui a passé trois ans de sa vie à Moscou pour suivre son père muté là-bas qui converse avec Ludmila, Fran-

çaise d’origine russe. Une table plus loin, six autres personnes dialoguent en anglais. Bref, le Café des langues porte bien son nom : c’est le rendez-vous de toutes les langues, de toutes les cultures, dans la bonne humeur, sans jugement. Peu importe qui vous êtes, d’où vous venez ou si vous maîtrisez mal une langue. “L’objectif de ce rendez-vous est la valorisation des langues et des cultures. On aide aussi à l’in- tégration et on promeut la cohé- sion sociale. Nous avons jusqu’à 35 origines diverses présentes et tout se passe très bien” présen- te Tania Nikolov, coordinatrice de l’association Miroirs de femmes, reflets du Monde. Il n’est pas rare qu’un Serbe par- le à unAlbanais, que des Russes chantent en ukrainien, impen- sable dans ces pays. Un vrai mélange des genres “où l’on apprend à connaître l’autre. Par- fois, on se rend compte que des gens ont vécu de véritables par- cours du combattant” commen- te Tania. Créé en il y a trois ans à l’ini- tiative de Charlotte Parini, tré- sorière de l’association, le ren-

dez-vous fait un carton. “Et enco- re, nous sommes beaucoup plus d’habitude, témoigne Christine Ngbakoto, présidente de l’asso- ciation, Congolaise d’origine. C’est ramadan aujourd’hui donc pas mal de personnes ne sont pas venues.” Ce lieu où jeunes et seniors, pro- fesseurs, étudiants, sans emploi, femme au foyer, salarié cadres ou demandeurs d’asile se côtoient transpire la bonne humeur. “Moi je ne parle que le français donc je me mets à la table “Français langues étrangères” explique une participante. Jusqu’à 60 per- sonnes sont présentes. On peut aussi simplement écouter. “C’est à nous d’intégrer, de faire pour que les personnes se sentent bien” poursuit Jean-Michaël, béné- vole. Le travail de l’association qui donne des cours de français le reste du temps dans le quar- tier de Planoise paie : 30 adhé- rents en 2013 pour 200 en 2017. L’association vit à 70 % des sub- ventions, 30 % des animations ou prestations qu’elle réalise comme la vente de repas mul- ticulturels. “Nous sommes la seule association qui n’est pas

La présidente de l’association Christine Ngbakoto (à droite) accompagnée d’autres bénévoles dont Charlotte Parini, à l’origine du Café des Langues (2 ème à gauche).

communautariste mais multi- communautariste avec 25 à 30 nationalités différentes. J’ap- prends encore des autres” dit Charlotte, la trésorière. Julien- ne notre Congolaise apprend elle aussi. Souvent en retard “comme tous les Africains” lâche en souriant Christine, elle a appris les codes de la culture européenne. Et inversement, elle a partagé la sienne. En sep- tembre, l’association va innover en amenant des jeux. “Au-delà de la langue, de l’amitié se crée. C’est aussi un lieu d’informa-

tion, d’aide” assure la trésoriè- re. Un groupe hétéroclite certes, avec de nombreux nouveaux venus à l’image de cette Tibé- taine, qui parle le russe, qui a vaincu sa timidité en poussant la porte de la Brasserie. Lorsque la soirée s’est terminée autour d’un chant congolaismar- quant l’anniversaire de Chris- tine, le ciel s’est éclairci au-des- sus de Planoise.Un signe.Miroirs de Femmes, lauréat du Talents des Cités 2013, réchauffe les langues… et les cœurs. n E.Ch.

Contact : 07 81 86 80 83 ou www.facebook.com/miroirsdefemmes

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