La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

L’ancienne Rhodiaceta, c’est 55 000 m 2 de surface bâtie ! Il n’en restera plus que 5 000 après les travaux de démolition. Les anciens de la Rhodia. “On regardait les deux d’artifice du 14 juillet depuis le toit du bâtiment” se souvient Pierre Grandperrin.

PATRIMOINE Un chantier à 5 millions d’euros L’usine Rhodia vit ses dernières heures Le démantèlement du site industriel où ont travaillé jusqu’à 3 300 salariés en même temps démarre le 4 juillet. 20 mois de travaux seront nécessaires pour venir à bout du mastodonte.

3 283. Annie Verdy est formelle et précise : “L’usine a compté jus- qu’à 3 283 salariés en même temps.” En 1983, alors que la filière textile fran- çaise était à bout de souffle, épui- sée par la concurrence asiatique, la Rhodiaceta rendait l’âme. Besançon perdait un de ses plus emblématiques fleurons indus- triels. Plus qu’une usine, la Rho- dia était aussi un lieu de tra- vail dans lequel la culture populaire s’était fait une place. “Nous avions une bibliothèque avec plus de 10 000 livres” se souvient Annie Verdy. Pierre Grandperrin, entré le 13 juin 1960 à la Rhodia à l’âge de 18 ans, y travaillera jusqu’en 1988, après la fermeture de l’usine. Il

prement dite qui démarrera en début d’année prochaine. “La démolition durera une dizaine de mois, elle se fera par grigno- tage progressif du béton. 32 000 m 3 de matériaux seront démolis” indique David Heit- mann, dirigeant de la société éponyme basée à Velesmes- Essarts, chargée du chantier. Le coût de la dépollution et de la déconstruction du site est gigantesque : 5 millions d’eu- ros. Une exposition avec photos d’ar- chives et images des graffs sera montée en 2019, avec l’aide du sociologue Nicolas Mensch mis- sionné par la Ville, pour que la flamme du souvenir de la Rho- dia soit toujours entretenue. n J.-F.H.

se souvient, lui, avoir joué l’An- tigone de Sophocle devant plu- sieurs centaines d’ouvriers. La culture n’a jamais quitté les lieux, elle y tient d’ailleurs tou- jours une place dans ces bâti- ments fantomatiques qui abri- tent toujours plus de 600 fresques et graffitis sauvages. Une bonne partie sera préser- vée dans ce qui constituera, sur une partie du site, la friche artis- tique bisontine. Pour le reste, Besançon prévoit d’y aménager “un parc urbain” note le maire Jean-Louis Fousseret. Avant cela, il faudra donc démo- lir 50 000 des 55 000 m 2 de sur- face bâtie. Le chantier démar- re le 4 juillet par une longue phase de désamiantage, avant la période de démolition pro-

La fameuse “cathédrale”, l’immense bâtiment industriel baptisé ainsi à cause de sa gigantesque nef. Un des graffeurs qui a sévi à la Rhodia. “Un terrain d’appren- tissage magnifique pour nous” dit-il.

Des dizaines de machines sont encore sur place. Le désamiantage du site va durer six mois.

Un des plus remarquables graffs réalisé sur le site.

Il n’y a pas un pan de murs qui n’ait pas été recouvert de graffiti.

Un poste de commande de l’ancienne usine de fabrication du nylon.

Derrière les vitres brisées, le quartier des Prés- de-Vaux.

Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon : “On ne sort pas intact de la visite de ce site.”

“Rhodia for ever”, les anciens n’oublieront jamais une des plus grandes sagas industrielle bisontines.

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