La Presse Bisontine 189 - Juillet-Août 2017

12 BESANÇON

La Presse Bisontine n° 189 - Juillet - août 2017

BOTANIQUE

La mémoire de notre territoire Herbier, le patrimoine insoupçonné de la Citadelle Le Muséum de Besançon compte l’une des collections d’herbiers les plus importantes des musées de province. Un trésor vert choyé par quelques bénévoles.

I ls travaillent au premier éta- ge du bâtiment des officiers, juste au-dessus du Natura- lium (nouvel espace d’expo- sition dédié à la biodiversité) dans la plus grande confiden- tialité. Ces petites mains de l’ombre fixent, scotchent et entre- tiennent les planches où sont répertoriées de nombreuses espèces botaniques. Par passion mais aussi “pour se rendre utiles.” “Cette collection est riche mais tout n’est pas utilisable. Parfois, il n’y a aucune donnée sur le lieu de prélèvement ou l’époque” ,

reconnaît Pierre Millet, ancien conservateur du jardin bota- nique bisontin aujourd’hui à la retraite. Lui aimerait surtout faire l’inventaire de l’herbier de Babey, l’un des plus anciens bota- nistes comtois, qui publia en 1845 la “Flore Jurassienne”, un ouvrage de référence. Il vient depuis trois ans à la Citadelle porter main-forte à l’entretien de ce patrimoine et en apprendre un peu plus à travers la collec- tion. “À une époque, on pensait que ces vieilles plantes séchées ne servaient à rien, mais heu-

aux herbiers. Cela comprend des plantes aussi extérieures à la région dont certaines assez rares, ainsi que des graines, des champignons, des mousses… Un grand projet d’inventaire et de numérisation a été lancé en 2013 dans le cadre d’E-ReCol- Nat. Coordonné au national par le Muséum national d'histoire naturelle, il a pour objectif de réunir l'ensemble des données des collections françaises bota- niques sur une même platefor- me informatique (N.D.L.R. : il est aujourd’hui aussi étendu à la zoologie, la paléontologie et la géographie). “Une première tranche a concerné la numéri- sation des herbiers du Muséum national de Paris et une deuxiè- me tranche a été lancée en 2015 impliquant les musées de pro- vince. La Citadelle y a partici- pé en numérisant 15 000 parts” , explique Pascal Leblanc, son conservateur en chef. L’intérêt étant de réduire la manipula- tion de ces herbiers fragiles et de les rendre visibles partout dans le monde. Cinq herbiers ont ainsi été envoyés à Montpellier en mai 2015, “l’équivalent de 150 liasses” (soit quatre palettes tout de même), avant de revenir ici en septembre 2015 et après un long travail de préparation préa-

reusement que la Citadelle les a gardées !” Une mise en dépôt de l’Univer- sité de Franche-Comté dans les années quatre- vingt et quelques donations privées ont participé à constituer cet important fonds. 550 000 planches se trouveraient ainsi à la Cita- delle. Sur ses cinq salles de réserves, deux sont entièrement dédiées 550 000 planches à la Citadelle.

Six ou sept bénévoles viennent régulièrement et des sta- giaires de la

Daisy Steck, agent de recollement chargée de la botanique, dans les réserves.

lable. Et c’est là qu’intervient la petite équipe de bénévoles, rattachée à la société d’horti- culture de Franche-Comté ou à la société botaniste. “Ils sont chargés d’éliminer les doublons et de préparer les planches pour la numérisation” , précise Dai-

sy Steck, agent de recollement qui a supervisé l’opération. Le travail se poursuit aujour- d’hui sur d’autres herbiers. “80% des herbiers seraient non fixés en province” , estime-t-on. Il y a donc encore de l’ouvrage. n S.G.

formation jardinier-

botaniste du C.F.P.P.A. de Châteaufarine

sont aussi accueillis.

Explorez les collections sur www.recolnat.org

EN BREF

VOIRIE

La piste cyclable ne fait pas que des heureuxe Des riverains des Prés-de-Vaux mécontents

Prévention Fortes chaleurs : une assistance pour les personnes isolées. En ces périodes de fortes chaleurs et en prévision des épisodes à venir, la Ville de Besançon indique qu’une assistance pour les personnes isolées, âgées ou en situation de handicap, est mise en place par ses services. Les personnes isolées âgées de plus de 65 ans résidant à Besançon peuvent bénéficier de conseils et d’assistance en cas de canicule en s’inscrivant sur le registre nominatif des personnes fragiles et isolées. Cette inscription peut être faite par la personne isolée ou par un de ses proches par téléphone au 03 81 41 22 04 ou sur le site de la ville www.besancon.fr, dans l’espace “Senior”. Rens.: 03 81 41 21 02 Contes “Les contes du cheval” par le duo Bernard Cheze (conteur et percussionniste) et Arnaud Delannoy se déroulent samedi 24 juin au Haras national, 52, rue de Dole à Besançon. Spectacle gratuit (14 h 30, 15 h 30 et 16 h 30).

Le projet de piste cyclable reliant les Prés-de- Vaux à Chalezeule suscite la controverse chez des riverains inquiets pour la sécurité et déçus par un manque de concertation.

La piste cyclable

“À quoi sert un conseil consultatif d’habi- tants si nos propo- sitions ne sont pas écoutées ?” interroge Pierre Anguenot. Ce dernier, avec d’autres riverains, se demande comment vont cohabiter vélos, voitures et piétons, chemin de Charmarin et chemin des Prés- de-Vaux. C’est là que l’Agglo- mération lance (normalement fin septembre) la création d’une piste cyclable de 5 km dont 1,8 km en voie verte d’une lar- geur de 3 mètres. Le préfet doit donner son accord dans les jours à venir après l’enquête publique réalisée du 9 janvier au 9 février à laquelle le commissaire enquê- teur a émis certains avis. Il a notamment été demandé de repousser les travaux en raison d’un arrêté de biotope.Montant de l’opération : 750 000 euros, dont 545 000 pour la création de la voie cyclable, 60 000 pour le jalonnement, marquage et enrobé ponctuel (3,2 km), 10 000 pour les acquisitions foncières et autant pour les études de sols, environnementales et déclara-

tion d’utilité publique. Sur place, un habitant nous montre la voie : pas plus de 2,8 mètres de large, alors “comment une voiture va-t-elle croiser un vélo, comment va-t-on faire pour doubler ?” demande ce dernier, remonté. La réponse, la C.A.G.B. la donne : “Nous élargirons à certains endroits. Et je rappelle que cette rue sera dite “parta- gée” avec moins de 100 véhicules par jour ici, ce qui est adéquat.” Si des réunions ont eu lieu (décembre 2016, 1er février,

arrivera de Chalezeule pour débou- cher chemin de Charma- rin et Che- min des Prés-de- Vaux, en amont de la Malate.

7 mars, 13 et 27 avril), les habitants ne se sentent pas écoutés. “Nous avons soulevé des interroga- tions auxquelles personne n’a répondu comme le fait que cette voie était privée. Nous l’avons soumis dans l’enquête publique. Ou encore demandé

“La piste sera-t-elle poursuivie ?”

si cette piste cyclable sera pour- suivie et améliorée plus bas dans le cadre du programme véloroute 2018-2019. Pas de réponse non plus rapport aux questions des habitants soulevées par le com- missaire enquêteur à la fin de son rapport” poursuit Pierre Anguenot. La collectivité s’est engagée à racheter le terrain aux propriétaires et rappelle que cette rue bien que privée est entretenue par la Ville. Les habitants ne veulent pas pas- ser pour des contestataires mais

aimeraient des garanties. “Que la Ville en profite pour raccor- der certains propriétaires au réseau d’assainissement, passer la fibre optique” émet un habi- tant. Le cas de Chalezeule où les parcelles d’un agriculteur seront coupées par la piste a été soulevé. Des passages pour le bétail seront réalisés. À l’inverse, certains trouveront leur bonheur. À vélo, ils pour- ront rejoindre le centre-ville bisontin depuis Chalezeule, ce qui répond à une véritable

demande dit-on du côté Est bisontin, liée au développement de la zone des Marnières et à la présence du camping (13 000 nuitées par an). Anecdote historique, auMoyen- Âge déjà, les habitants de Char- marin s’étaient soulevés contre une liaison carrossable aumême endroit. L’histoire semble se répéter dans ce quartier “qui fonctionne comme un petit vil- lage” dit un Bisontin. n

E.Ch.

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