La Presse Bisontine 187 - Mai 2017

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 187 - Mai 2017

EN BREF

SOCIAL

Insertion par le théâtre La scène a révélé 7 salariés en insertion

Chevaux L’école d’attelage Haras national de Besançon (52, rue de Dole) dispense des cours de chevaux et poneys, de l’initiation au perfectionnement. Pendant les vacances scolaires, elle accueille, sur rendez-vous, les enfants âgés d’au minimum 6 ans, les 18, 19 et 20 avril. Renseignements au 03 81 52 46 97. Exposition À découvrir jusqu’au 10 mai au Centre diocésain de Besançon (20, rue Mégevand) une exposition signée Jean- François Maillot intitulée “Du partage des traditions à la tradition du partage”. Une galerie de photos en noir et blanc qui mêle un tantinet la couleur, comme pour réunir passé et présent. Brocante L’association de l’Amicale de l’Helvétie organise sa brocante annuelle le samedi 6 mai dans la cour de l’école élémentaire, de 8 h 30 à 17 heures Elle offre aux visiteurs l’occasion d’acheter toutes sortes d’objets, et particulièrement des livres et des vêtements à l’intention des enfants. Les stands sont réservés aux parents d’élèves de l’école.

M onter sur les planches, ils le redoutaient. S’afficher devant un public, c’était même mis- sion quasi-impossible pour ces sept salariés en entreprise d’in- sertion des Jardins de Cocagne, de la Blanchisserie du Refuge, du Gare B.T.T., de la Régie des quartiers de Besançon et de l’association T.R.I. de Quingey. L’atelier écriture mené avec cinq entreprises d’insertion a révélé des personnalités, anonymes jusque-là. Au Scènacle, cinq femmes, deux hommes, ont pris la parole pour dire avec leurs mots d’où ils viennent et ce que leur inspire la vie.

La troupe des salariés en insertion au Scènacle en compagnie du musicien

et metteur en scène.

d’écriture dirigé par José Shungu, rap- peur et écrivain bisontin. Ils étaient volontaires. “L’objectif avec cet atelier était pour nos salariés de prendre confiance dans leur parole, dans leur corps” insistait quelques minutes avant le spectacle un membre de la Régie des Quartiers. À la fin du spectacle, la mis- sion semblait réussie. La preuve avec Chantal, maman de deux enfants, qui a pris le micro pour remercier ceux qui l’ont aidée. C’était la surprise, sans filet, sorte de cerise sur le gâteau pour les encadrants qui ne s’attendaient pas à ce geste. Ils ont pu mesurer le travail accompli. “Il y a

leurs mots. Une restitution filmée par Antoine Saba, accompagnée par le musi- cien Claudio Ibarra. Les salariés ont parlé de leur différence, de l’amour, de l’amitié, de la solidarité qui “existait”, de l’indifférence, tout cela tour à tour. Le public a également écouté et vibré sous le son de la magnifique voix de “Vivi”, salarié en insertion aux Jardins de Cocagne. La semaine, elle cueille avec précaution les légumes sous les serres. Ce jour-là, au Scènacle, sa voix a illuminé la salle obscure. Cette ini- tiative était la première du genre. Peut- être sera-t-elle reconduite. n E.Ch.

eu des moments durs, car je n’étais pas prête à casser ce mur. Je me suis dévoi- lée, j’ai accepté de me livrer. À moi la scène et les projecteurs, merci pour ce moment de bonheur” a lâché Chantal qui n’acceptait pas, au départ, l’idée même de se faire photographier. La fau- te, dit-elle, à des blessures anciennes qui ont laissé des traces à l’image de ce papa parti trop tôt. Ce texte qu’elle a personnellement écrit, c’était surtout pour remercier Antoine Saba et José Shungu, qui lui ont permis de se “dévoi- ler”. Agnès, Vivi, Laura, Yod, Hacène, ont eux aussi dévoilé leur personnalité avec

Cinq femmes et deux hommes, de tous âges, de tous horizons, ont été embarqués dans l’aventure de l’atelier d’écriture à l’initiative commune des cinq chantiers d’insertion. Avant de se retrouver sur la scène du Scènacle à Besançon, les parti- cipants volontaires ont participé durant 9 séances et deux mois de travail à l’atelier

“Merci pour ce moment de bonheur.”

UNIVERSITÉ

La censure du cinéma américain contemporain Décryptage des teen movies :

ces films sur et pour les ados

Enseignante-chercheuse à l’Université de Franche-Comté, Adrienne Boutang s’est intéressée au cinéma américain et notamment à l’adolescence à travers les “teen movies”.

C’ est un sujet de recherche auquel on ne s’attend pas et qui est encore relative- ment peu développé en France. Mais les films tels que “Twi- light”, “American Pie” ou “Pret- ty in pink” méritent bien qu’on leur fasse un focus d’après cet- te enseignante-chercheuse. Elle y a donc consacré une étude en 2012, co-écrite avec Célia Sau- vage, qui a fait l’objet d’un livre paru aux éditions Vrin. “C’est un terrain relativement vierge pour les chercheurs français, par- ce que ce n’est pas quelque cho- se de respecté. Notre héritage oppose la culture dite légitime, construite autour de grands chefs- d’œuvre, à la culture populaire.” Une perception qui aurait ten- dance aujourd’hui à évoluer d’après elle. “Beaucoup de films ont émergé en France depuis, comme “LOL” ou plus récemment “Grave”. Les cinéastes se réap- proprient ce genre principale- ment américain - né dans les années cinquante avec l’appari- tion des drive-in -, en le réins- crivant dans les mœurs fran- çaises.” À la différence que les

intrigues autour des adolescents sont plus souvent associées à celles des parents selon la cher- cheuse, qui cite comme exemple phare, le film “La Boum”. La particularité des“teenmovies” reste leur appartenance à de multiples genres : comédie, scien- ce-fiction, horreur… Souvent construits sur un ton léger, ils s’adressent directement aux ado- lescents, en évoquant les pré- occupations qui vont avec. “L’idée n’est pas de leur vendre la nos- talgie de la jeunesse, ils sont dedans ! Il y a bien une diffé- rence entre un film dont le sujet

Agrégée de lettres modernes et docteur en cinéma et audiovisuel, Adrienne Boutang a

enseigné à Paris et à Lille, avant d’intégrer l’Université de Franche-Comté il y a trois ans (photo D.R. France 5).

est l’adolescence comme “La fureur de vivre” et un film pour ados qui s’af- franchit du monde adulte.” N’y étant pas for- cément sensible en étant plus jeune, Adrienne Boutang a redécouvert tous ces films au moment de sa thè- se, soutenue à l’Université Paris 3 Sorbonne Nou-

Un genre peu légitime en France.

velle, portant sur la censure. Elle aborde dans celle-ci les trans- gressions, les seuils de toléran- ce et les représentations dans le cinéma américain contempo- rain, de 1990 à 2007. “Je me suis attachée surtout aux techniques et aux façons de filmer. Sur ce

qui peut être montré.” Et en la matière, les “teen movies” ont leurs codes et leurs règles “sans vraiment de tabous, tout dépend de la façon de le montrer.” Pour cette enseignante-chercheuse, il s’y développe même un “méca- nisme d’érudition” avec des réfé-

rences uniquement intelligibles des fans. Elle planche en parallèle sur les séries télé et d’autres travaux l’ont amené à publier un ouvra- ge à l’occasion de la réédition H.D. du film “Rusty James” de Coppola avec Wild Side Video,

et à participer à un livre sur les relations entre enfance et hor- reur chez Tim Burton. De quoi intéresser assidûment ses étu- diants de licence et master L.L.C.E. anglais… n S.G.

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