La Presse Bisontine 186 - Avril 2017
14 BESANÇON
La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017
SPORT
Rencontre Jean Josselin : une salle de sport à son nom
pour ne pas oublier le grand champion C’est dans son logement modeste de la rue Battant, où trônent les photos de ses plus grands combats, que l’ancien champion de boxe bisontin Jean Josselin nous accueille. Rencontre avec un des plus grands champions du noble art de ces cinquante dernières années.
A vec pour seul revenu une bien maigre retraite, le double champion de France et d’Europe vit seul dans la précarité, éloigné de ses enfants qui ne viennent que trop rarement le voir, et oublié des Bisontins. À 77 ans, le regard abattu, il porte enco- re les stigmates de ses combats
sur son visage et ses pommettes. Une humilité et une pudeur naturelles lui interdisent de se plaindre : “Vous savez, il y a pire que moi” , clame-t-il en haussant les épaules. Depuis quelques semaines, une pétition réunis- sant plus de 400 signatures (voir par ailleurs) circule sur les réseaux sociaux, appelant la
municipalité à une meilleure reconnaissance de ce sportif qui a contribué au rayonnement de la ville dans les années soixan- te. Dans son appartement exi- gu où il “se sent bien” , Le Bison- tin n’oublie pas ses origines modestes : enfant, il donnait volontiers la main à son père livreur, tandis que sa mère s’oc- cupait de la fratrie de trois gar- çons et trois filles. C’est à 14 ans qu’il découvre la boxe au Ring Olympique Bisontin, son club de cœur auquel il restera toujours fidèle. “ Pour maigrir” se rappelle celui qui était un adolescent bien portant. “Au début, on s’entraînait sous les tribunes populaires du stade municipal. Puis la Ville nous a mis une salle à disposition rue Bersot” raconte Jean Josselin. C’est en lui remémorant ses grands combats, le tintement de la cloche qui sonne, ses titres, Dallas, les Dutronc et autres De Funès qui venaient lui rendre visite à Besançon, la foule qui l’acclamait… que l’ancien spor- tif se livre et fend l’armure. En 1966 au Texas, il laisse s’échap- per la ceinture mondiale. “Ce fut un beau combat, je ne regret- te rien aujourd’hui. J’ai été bat- tu par Curtis Cokes, mais pas ridiculisé.” Il y eut aussi les vic- toires, notamment ce double titre de champion de France et d’Europe des poids welters .
En dépit des triomphes, d’une carrière de boxeur profession- nel internationale, le Bisontin a toujours tenu à travailler en parallèle. Tourneur sur métaux à l’usine Bourgeois, il s’astrei- gnait à une discipline de fer pour garder le niveau. “J’ai toujours estimé qu’il fallait travailler pour assurer l’avenir, protéger la famille. Tous les matins, je faisais un footing avant d’aller travailler, et tous les soirs, je met- tais les gants à la salle avec les jeunes.” Son seul regret aujour- d’hui : être resté trop longtemps au club bisontin. “Il manquait des sparring-partners à mon niveau, cela a peut-être freiné ma progression en profession- nel. Car enfiler les gants avec les gars du club, ce n’est pas la même chose que se retrouver face à des adversaires de taille en combat.” Aujourd’hui,“Jeannot”, qui vient de perdre 22 kg grâce au régi- me drastique du boxeur, fré- quente toujours la salle de boxe et garde un œil sur la jeune génération. “Ils sont plus malins que nous, sourit-il. Ils savent mieux mentir et ont toujours une bonne excuse pour ne pas venir s’entraîner. Je regrette ce manque de sérieux et d’assiduité dans les entraînements des jeunes boxeurs. On ne peut pas tricher avec ce sport. Je ne vois pas quel jeune pourrait sortir aujour-
Jean Josselin vit aujourd’hui seul dans un appartement exigu de la rue Battant.
d’hui.” Dans ce quartier Bat- tant où il a tenu le bar “Le ring” plusieurs années, Jean Josse- lin se promène, marche, fré- quente les cafés, pour tromper la solitude. Il paie aujourd’hui les pots cassés d’un entourage pas toujours bienveillant lors- qu’il était au sommet de sa car-
rière et que l’argent ne man- quait pas.Malgré tout, l’annonce d’une pétition circulant à son sujet et le principe de rebapti- ser une salle de sport à son nom le touchent : “Cela fait plaisir et montre que je ne suis pas oublié.” n C.G.
La salle du Local Boxe rebaptisée et un gala en l’honneur de Jean Josselin T out est parti d’une photo de Jean Josselin, esseulé à une ter- rasse d’un café, publiée par un Bisontin. Rapidement, une péti- tion est lancée, et en quatre jours, 450 signataires ont rejoint la démarche. Une initiative à laquelle la mairie de Besançon a été sensible. “Cependant, nous n’avions pas attendu cette pétition pour aller voir Jean Josselin, explique Abdel Ghezali, adjoint au maire en charge des animations sportives. L’idée de lui dédier une salle de sport était déjà dans nos esprits. Mais j’ai souhaité d’abord en par- ler avec lui, savoir quel lieu lui ressemblait le plus.” C’est finalement la salle de boxe de Morrade Hakkar rue Bersot, le Local Boxe, qui pourrait bien d’ici quelques mois être rebaptisée au nom de Jean Josselin. En parallèle de cette démarche hautement symbolique, la municipalité envisage une action pour soutenir financièrement l’an- cien champion. “Ce qui me préoccupe est surtout sa situation finan- cière précaire, poursuit Abdel Ghezali. L’idée d’un gala de boxe en l’honneur de Jean Josselin, avec les clubs et le Comité régional de boxe, est sur les rails. Les recettes seraient reversées à Jean. En parallèle, nous verserons une subvention aux clubs sportifs, qui la redonneront ensuite à Jean Josselin.” n
Le boxeur bisontin au temps de sa gloire.
LOISIRS
Des “concerts maisons” Quand des musiciens s’invitent chez vouspour un concert privé Proposés depuis quelques années à Besançon, les concerts en appartement sont très en vogue. Le phénomène prend de l’ampleur partout en France et les propositions fleurissent sur le net.
“I l se crée une vraie complicité avec une qualité d’écoute incomparable” , constate Jéré- mie Abric, fondateur du site Concertenappart.com. Pour lui, ces shows privés ont le double avantage de proposer au public une nouvelle approche du concert, faite d’échanges avec les musiciens, tout en offrant aux groupes une visibilité et une opportu- nité de se produire. Loin des cafés-bars et petites salles bruyantes où l’écoute n’est pas tou- jours au rendez-vous. Comme le confir- me le groupe parisien Tudo Bem, fraî- chement inscrit sur le site, qui à l’impression dans ces lieux de “faire plus office de bruit de fond qu’autre chose.” Alors que cette formule leur permet de partager leur musique “plus
largement, avec un public attentif qui nous aura choisis.” Ils proposent d’interpréter leurs chan- sons du Brésil en samba, bossa ou cho- ro jusque sur Besançon ou Dijon, com- me huit autres groupes, pas forcément locaux. Car le déplacement fait aussi partie du jeu sur ces sites de réserva-
concert” , estime JérémieAbric. D’autres sites comme Chipili.com ou mon- concert-prive.com vont jusqu’à propo- ser de trouver le prestataire adapté pour son événement (mariage, anni- versaire, fête d’entreprise…) Sur Besançon, plusieurs groupes locaux s’adonnent aussi à ces concerts privés, le plus souvent sur sollicitations. “C’est plus convivial et on peut jouer davan- tage de nuances” , remarque Dominique Arbey, le pianiste du trio M.D.N. Ces Bisontins, au répertoire varié (chan- sons françaises, jazz, latino), jouent aussi sur des scènes locales, dans des cafés ou des grandes salles. C’est le bouche-à-oreille qui les amène à ce for- mat plus intime, voire privilégié. “Cela reprend le principe de la musique de salons du XIX ème siècle.” Le lieu est
Ce type de concerts privés se développe aussi en raison des autorisations restrictives pour jouer dans les bars en ville. Ici, le groupe Tudo Bem (photo Tudo Bem).
tion. Dans ce cas, lesmoda- lités de défraiement sont fixées avec l’hôte. Concer- tenappart.comassure sim- plement l’interface avec les groupes qu’il a sélec- tionnés. La prestation se règle soit au cachet, soit au chapeau avec des tarifs variables, “mais il faut compter en moyenne entre 300 et 350 euros par
300 à 350 euros le concert.
généralement tenu secret jusqu’au der- nier moment. Le collectif de passionnés de musiques actuelles “Concerts en aparté”, orga- nise aussi régulièrement des concerts dans des appartements, cours, caves, jardins, greniers… prêtés pour la soi-
rée par des Bisontins. Avec plus de 80 soirées à leur actif depuis 2011, met- tant en lumière des artistes locaux (Black Woods, The Rain Club orches- tra…), nationaux ou internationaux (Miles Oliver, Rob Moir…). n S.G.
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