La Presse Bisontine 181 - Novembre 2016
L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n° 181 - Novembre 2016
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l Mouthe
Ils sont arrivés en août Les réfugiés irakiens s’acclimatent au Haut-Doubs
Une famille de dix personnes vit depuis deux mois dans un appartement de Mouthe dans le Haut-Doubs. Chaque jour, des bénévoles de l’association “Accueil et solidarité des Hauts du Doubs” veillent sur leur bien-être et leur intégration à la vie locale.
La famille de Raad et de Saffanah, leurs parents Hatem et Trezya, ainsi que leurs enfants (arrière-plan) sont suivis par les bénévoles du secteur de
“I ls connaissent presque mieux que nous le nom des saints et des personnages représentés sur les tableaux et les sculp- tures !” s’étonne un des bénévoles qui accompagne le petit groupe en ce début d’automne à la découverte de la belle petite église de Chaux-Neuve. Ce petit groupe, c’est tout une famille de chré- tiens d’Orient arrivés d’Irak en août dernier. Ils ont été accueillis par Gilles Goelzer et les membres de l’associa- tion “Accueil et solidarité des Hauts du Doubs”, après de longues démarches de plusieurs mois, faites d’acharne- ment, parfois de découragement, et de beaucoup de sollicitude. Après des premières semaines diffi- ciles, la famille se fait peu à peu au mode de vie local et à leur nouvel envi- ronnement. “Partir de chez nous et fai- re ce voyage a été très dur. Maintenant, ça va beaucoup mieux” confie Raad dans un anglais parfait. Lui sa famil- le (ses parents, sa femme, leurs deux enfants, ainsi que sa sœur, ses deux enfants et son petit-fils) ne maîtrisent pas encore le français, bien que les plus jeunes bénéficient déjà de cours de fran- çais dispensés par les bénévoles de l’as- sociation. Ils s’intègrent peu à peu à
la ville locale, se rendent tous les dimanches à la messe à l’église et pour les garçons, vont même suivre les entraî- nements de foot au club de Mouthe. “Tout le monde est vraiment très gen- til avec nous. Personne ne nous regar- de comme des étrangers, comme s’ils nous connaissaient depuis toujours” poursuit Raad qui a deux enfants, de deux ans et demi et de 10 mois, avec son épouse Paraa. Toute la famille, sous la menace des persécutions contre les chrétiens d’Orient, a fui la guerre en Irak. Ils ont dû quitter leur maison, abandonner leurs biens et leurs animaux pour se
Mouthe (premier plan).
et leurs autorisations sont valables jus- qu’en juin prochain. Il leur reste donc quelques mois pour obtenir un droit d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (O.F.P.R.A.), indispensable sésame pour espérer rester dans le Doubs. Pour l’ins- tant, ce que souhaitent Raad et toute sa famille, c’est, dit-il, “pouvoir scola- riser les enfants ici, ce que nous espé- rons pouvoir faire d’ici quelques semaines. Ensuite, avoir le droit de tra- vailler. Notre futur proche, nous le voyons en France car la vie est devenue impos- sible en Irak. Mais, si dans un futur plus lointain la paix revient dans notre pays, nous y retournerons” ajoute le
jeune Irakien de 33 ans. En chœur, la petite famille salue d’un “Au revoir” dans un français encore hésitant. Ils terminent leur visite de Chaux-Neu- ve pour rentrer dans leur logement de Mouthe. La vie, plus paisible, continue pour eux. Dans cette région dont ils ignoraient tout il y a encore deux mois, qui a su les accueillir, sans a priori , sans appréhension. Bien que la plu- part d’entre eux ne parlent encore que l’arabe, la reconnaissance se lit d’abord dans leurs yeux. Ils font aussi une pro- messe : s’initier au ski dès que les pre- miers flocons couvriront le Val de Mouthe. n J.-F.H.
arriver ici. Heureusement, il fait beau et assez chaud depuis cette date” sou- rit Gilles Goelzer, le président de l’as- sociation. “En arrivant ici, ils étaient complètement déphasés et “cassés”. Ils ne pensaient qu’à une chose : dormir” poursuit le bénévole. Raad et sa famil- le sont hébergés au dernier étage de l’ancien peloton de surveillance et d’in- tervention de la gendarmerie (P.S.I.G.) àMouthe,mis à disposition par la com- munauté de communes des Hauts du Doubs propriétaire des murs. Pour ces réfugiés, le combat n’est pas terminé pour autant. L’association les a aidés à effectuer toutes les formali- tés officielles auprès de la préfecture
retrouver sous une tente dans la ville d’Erbil, la capitale du Kurdistan ira- kien, avant de pouvoir y louer une maison. Après de longues démarches, la famille a obtenu un visa de 9 mois pour la France. “Ils ont appris qu’ils iraient à Mouthe 10 jours à pei- ne avant de quitter Erbil. Nous les avons accueillis à l’aéroport de Lyon le 7 août. Ils quittaient une ville où il fait 40 °C pour
“Personne ne nous regarde comme des étrangers.”
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