La Presse Bisontine 181 - Novembre 2016

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 181 - Novembre 2016

La transformation d’une maison des années soixante l Châtillon-le-Duc Du niveau E au niveau C Parce que leur maison était “une passoire”, Benjamin Franzi et Maryline Lyautey ont entamé d’importants travaux de rénovation avec l’objectif de diviser par deux leurs consommations.

L orsqu’ils s’installent à Châtillon-le-Duc il y a quatre ans, dans un joli pavillon des années soixante à proximité de leur lieu de tra- vail, ils n’imaginent pas alors s’engager dans ce genre de tra- vaux. “Nous avions réalisé nous- mêmes quelques aménagements à l’intérieur pour la remise aux normes et au goût du jour” , explique Benjamin Franzi. Et cela aurait pu s’arrêter là, mais ils ont très vite eu la mauvaise surprise de leurs consomma- tions d’électricité et de chauf- fage. “Jusqu’à 2 000 euros par an pour 100 m 2 et nous ne chauf- fions vraiment que le matin et le soir.” Une facture largement sous- estimée par les fournisseurs d’énergie. “Trois fois plus que ce qui avait été annoncé” , précise Benjamin Franzi. Le couple veut alors intervenir et prend fina- lement le chemin de l’A.D.I.L., suite à une discussion avec le maire de la commune, Catheri- ne Botteron. “Je ne connaissais pas du tout. Grâce à leurs conseils, nous avons monté un dossier pour solliciter des aides et nous avons précisé notre pro- jet.”

Eux qui pensaient simplement rénover leur façade et interve- nir sur quelques points d’isola- tion, auront bientôt “une mai- son qui n’est plus là même” , arrivée à un niveau B.B.C. C’est l’audit énergétique qui sera le déclencheur. Réalisé par l’entreprise B.E.E. (Bureau d’études thermiques), il a été financé en partie par la Région : “Nous en avons eu pour 150 euros de notre poche sur un total de 750” , Toute la maison est pas-

get : 22 000 euros), l’isolation des combles et du plancher bas, le remplacement de quelques fenêtres, l’installation d’une V.M.C. simple flux hydroré- glable… Coût total de l’opéra- tion : 34 000 euros sur lequel le couple a pu récupérer 13 325 euros d’aides de la Région, l’Agglomération… soit environ 40 % du financement. Dans un souci d’économie, Benjamin Franzi a procédé lui-même à l’isolation sous dalle, creusant jusqu’aux fondations de la mai- son avec des amis durant l’été. Quelques frais imprévus se sont malgré tout additionnés, com- me le remplacement des volets, du coffret électrique ou de cer- taines gaines devenues indis- pensables. Mais la satisfaction est là ! “Nous aurons bientôt une maison saine et plus jolie en pri- me, avec une nouvelle façade intégrant des lumières et des extérieures.” Le couple va même jusqu’à regretter de ne pas l’avoir fait plutôt. “Nous avions changé notre chaudière et quelques vitres petit à petit avec nos économies, alors que cela aurait pu être intégré ici.” n

sée au peigne fin (murs, fenêtres, combles…) pour finir classée à un niveau E avec jus- qu’à 48 % de déperdition par les murs et 17 % par les fenêtres. Tant qu’à rénover, le couple se laisse alors séduire par le classement B.B.C. “subven- tionné un peu plus” , mais qui impose aussi plus de travaux. Il fait un éco-prêt et opte pour une isolation par l’extérieur (le plus gros du bud-

40 % du montant des travaux subven- tionné.

Benjamin Franzi se réjouit du gain énergétique et du passage au niveau B.B.C. qui vont donner plus de valeur à sa maison.

S.G.

l Mamirolle Une construction test Les maisons en chanvre, des maisons qui respirent L’entreprise Vieille Matériaux a démarré la production de blocs de chanvre destinés à la construction de maisons individuelles. Un produit unique en son genre !

L e chanvre est utilisé depuis longtemps dans la construction. C’est à partir de ce végétal que l’on fabriquait, par exemple, les mortiers de remplissage des colom- bages des maisons alsaciennes. Malgré cette antériorité, l’innovation était encore permi- se dans la transformation de cette plante. La preu- ve avec l’entreprise Vieille Matériaux qui vient de démarrer la production de blocs à emboîtement fabriqués à base de chènevotte dans sa nouvelle usine de Mérey-sous-Montrond. D’un poids simi- laire au plot en béton, leur particularité est qu’ils s’assemblent comme des Legos. Il n’y a pas non plus besoin de colle pour les tenir entre eux. “On manipule deux fois moins de blocs par mètre car- ré qu’avec des plots béton, ce qui facilite la vie des maçons” remarque Nicolas Guillaume, respon- sable distribution chanvre pour Vieille Matériaux. La facilité de mise en œuvre de ces blocs fabri- qués à partir du chanvre récolté en Franche-Com- té n’est pas leur seul atout. Ce produit écologique

peu avant de demander à leur architecte, à leur maçon ou à l’entreprise de construction qui réa- lisera leur projet, de l’utiliser. En effet, les premiers blocs de chanvre sont sor- tis de l’usine de Mérey-sous-Montrond au prin- temps dernier. Mais pour l’instant, le produit attend les homologations qui vont permettre à Vieille Matériaux de le commercialiser à grande échelle à partir du premier semestre 2017. “Cela ne nous empêche pas de faire quelques chantiers- tests comme nous venons d’en réaliser un à Mami- rolle” ajoute encore Nicolas Guillaume. Ce qui sûr, c’est que ces blocs de chanvre Made in Franche-Comté pourraient bien bousculer le marché niche de l’éco-construction. Leur concep- tion avec ce système d’emboîtement spécifique est innovante. Le concept breveté est même unique au monde ! Cette performance n’est pas le seul fait de l’en- treprise Vieille Matériaux. Elle est née de ren- contres et d’une association de compétences. Au départ de l’aventure, il y a Damien Baumer, un maçon de Malbrans. C’est lui qui a inventé ces blocs de chanvre. Il en a fabriqué pour construi- re quelques maisons à des clients. Le cimentier Vicat a décelé le potentiel de ce produit. S’il avait les compétences pour travailler l’ingénierie du matériau, il lui manquait les moyens pour le pro- duire. Vicat s’est donc rapprochée deVieille Maté- riaux qui a investi dans une unité de production spécialement dédiée sur son site de Mérey-sous- Montrond. n L’entreprise Vieille Matériaux est lauréate 2016 du produit éco-inno- vant Bourgogne-Franche-Comté avec le bloc de chanvre (Biosys).

a d’autres propriétés intéressantes. Il entre dans la catégorie des pro- duits monomurs du fait de ses carac- téristiques thermiques et acoustiques. Ces blocs sont isolants ! Il n’est donc pas nécessaire de doubler les murs à l’intérieur comme c’est le cas dans les constructions traditionnelles. “Ces blocs jouent également un rôle de régu- lateur hygrométrique de l’habitation. Les maisons construites avec ces blocs sont respirantes” précise Nicolas Guillaume. Ce matériau naturel est attendu par les particuliers sensibles à l’environnement et qui veulent habi- ter une maison saine. Cependant, les clients devront patienter encore un

“Ces blocs sont isolants.”