La Presse Bisontine 180 - Octobre 2016

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n° 180 - Octobre 2016

BESANÇON

Dépassement de soi

Il a fait de sa maladie un moteur

Il y a des parcours qui forcent l’admiration. Celui de Paul Fontaine, atteint de mucoviscidose, en est un. Ce sportif accompli s’attaque aujourd’hui au Mont Blanc.

M onter à 4 800 mètres quand onmanque d’air : certains par- leraient de folie, quand lui y voit “un beau défi” , mais aus- si “un prétexte pour apprendre sur la maladie et sur soi.” C’est durant une matinée en semaine, dans son apparte- ment bisontin, que le jeune homme nous a invités à partager son intimité et des tranches de vie. Exercice difficile s’il en est, mais qu’il accomplit avec un regard critique sur lui-même comme peu de per- sonnes en ont. Étonnant de simplicité. Celui qui se rêvait enfant, astronaute ou pilote de chasse, semble avoir accompli beaucoup de chemin en une trentaine d’an- nées et en a retiré une expérience qu’il met aujourd’hui au profit du plus grand nombre. Devenu conférencier profession- nel, il partage son temps entre l’anima- tion de ses séminaires de développement personnel et ses courses. Car Paul Fon- taine est devenu en quelques années une référence dans le milieu du trail avec à son actif dernièrement la Verticale de la Tour Eiffel, le trail des Forts ou la MaXi- Race en relais. Il a également couru trois fois le marathon de Paris. Tout commence véritablement fin 2012 quand il parle à sa kiné de faire ce mara- thon. Une première alors en France. “Elle m’a fait rencontrer Thibaut Baronian (N.D.L.R. : vainqueur 2016 de la course mondiale “Wings for life run”), qui lui- même m’a fait connaître l’association Ensemble au sommet et son coach de l’époque au sein de la team Salomon, Lau- rent.” En découlera une détermination à toute épreuve. “J’aurais pu mourir pen-

Biographie

l Originaire de Saint-Aubin dans le Jura

33 ans

l

l Titulaire d’un B.T.S. agricole et d’une licence d’histoire-géographie l Ses rêves : participer à une course transatlantique et faire le marathon de New-York

Paul Fontaine pratique régulièrement le yoga et parmi ses autres projets, envisage de faire de l’apnée.

Trail des 2 Salines : 1 ère édition Deux nouveaux parcours de course à pied (30 et 13 km) seront proposés le 2 octobre. prochain lors de ce nouveau trail mis en place par la Saline royale, en lien avec le Département et plu- sieurs partenaires. “Notre idée était d’associer ce lieu culturel au sport” , expliquent ses organisateurs. Le tracé de 30 km emprun- te une bonne partie de l’ancien saumoduc qui reliait Salins-les- Bains à Arc-et-Senans, par les vallées de la Furieuse et de la Loue. Tandis que la course des Gabelous, de 13 km (également accessible aux marcheurs nordique) se tient entre Port-Lesney et Arc-et-Senans. Seuls 1 000 coureurs pourront y participer. n Inscriptions en ligne sur www.salineroyale.com ou www.volodalen.com/course

il le reconnaît. Sa maladie a été diagnos- tiquée lorsqu’il avait deux ans, mais cela ne l’a pas empêché de faire du sport. “On nous déposait mon frère et moi dans un vil- lage voisin en voiture et on revenait à la maison en courant” , se souvient-il. En pri- maire, il participait aussi aux actions de ses parents pour récolter des fonds contre la maladie. Puis à partir du lycée, il a pré- féré que ça ne sache pas. Il passera un B.T.S. agricole poussé par sa famille sans se sentir à sa place et décide- ra finalement d’entrer à la faculté de Besan- çon. Deux échecs au C.A.P.E.S. d’histoire plus tard l’amènent à la vente et au rayon vélo de Décathlon. “Je faisais jusqu’à trois fois 50 km par semaine à vélo. Le sport était

dant cette course ou sur la ligne d’arrivée, je m’en foutais, j’étais programmé pour courir !” Arrivé en 4 heures et 41 minutes, Paul réalise alors son premier exploit, “j’étais dans un sentiment de toute puissance après ça.” Il performera encore lors de ces deux passages suivant à Paris en améliorant son temps : 4 h 21, puis 4 heures “Mais j’avais beau avoir fait un marathon, la maladie était toujours là. Le sport était un prétexte, j’étais dans une période d’hy- per contrôle de ma vie” , avoue Paul, qui se sent aujourd’hui davantage prêt à lâcher prise, sans vouloir faire le maximum de choses possibles. Plus jeune, il a longtemps été dans le déni,

aussi un moyen d’évacuer cette colère en moi.” Il écrit aussi tout ce qui lui passe par la tête et lit des livres de développement personnel ou d’exploits sportifs. Et très vite, l’envie d’aller plus loin le poussera à ne plus “seulement essayer de conserver du ter- rain par rapport à la maladie” en entrete- nant ses muscles ou en vidant ses poumons, mais aussi à s’accomplir. Son prochain défi est donc le Mont Blanc. Il s’y prépare depuis l’été 2015 et l’ascen- sion pourrait se concrétiser prochainement. Pour Paul, c’est avant tout “un promon- toire.” “Pour dire à tous les “muco” que c’est possible ! Aujourd’hui, je suis capable de dire merci à la maladie.” n S.G.

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