La Presse Bisontine 180 - Octobre 2016

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 180 - Octobre 2016 36

DANNEMARIE-SUR-CRÈTE Une nouvelle usine pour Terre Comtoise “Nous investissons ici pour le long terme”

Le fabricant d’aliments pour le bétail lance un vaste chantier de construction d’une nouvelle usine sur son site historique de production de Dannemarie-sur-Crète. Les précisions de Frédéric Moine, directeur général de la coopérative.

Avec cette nouvelle unité, on sera amené à fermer notre site de Rigney. La nouvelle usine permettra enfin de séparer com- plètement la production stan- dard de la production non-O.G.M. destinée à répondre au cahier des charges des produits A.O.P. Dannemarie est idéalement pla- cée pour nous, au cœur de la Franche-Comté et près des voies de communication. L.P.B. : Quel est le volume actuel de production et les objectifs avec la nou- velle unité ? F.M. : Sur l’ensemble des sites Terre Comtoise, on se situe actuellement à 140 000 tonnes, dont 80 000 produites sur le site de Dannemarie. L’objectif est que la nouvelle unité de Dan- nemarie atteigne une produc- tion de 120 000 tonnes. Cette nouvelle unité sera opération- nelle à l’automne 2017. Pour Terre Comtoise, c’est un inves- tissement d’un peu plus de 10 millions d’euros. C’est une construction d’avenir qui doit nous permettre d’assurer de meilleures performances en termes de production, d’écono- mies d’énergie, de maîtrise des températures, etc. Les condi- tions de travail seront complè- tement différentes. Avec cette nouvelle usine, on s’inscrit dans la pérennité, celle des filières A.O.P. de notre région. L.P.B. : Vous investissez lourdement au moment où la crise laitière secoue le monde agricole. Est-ce bien perçu par vos adhérents ?

L a Presse Bisontine : Après des années de préparation, le chan- tier démarre enfin. Pourquoi ce fut si long ? Frédéric Moine : Nous sommes en effet à l’issue d’un dossier dont l’instruction aura duré plus de 5 ans. Les obstacles ont été de plusieurs ordres. Foncier d’abord avec une acquisition de terrains qui n’est pas toujours facile. Ensuite, comme c’est un terrain sur lequel devait se construire une usine, nous avons dû attendre la modification du P.L.U. de Dannemarie. Le fait d’être sur un site classé Seveso a encore renforcé la procédure. De plus, comme ce bâtiment sera

aliments non-O.G.M. C’est avant tout pour une question de tra- çabilité de nos aliments, indis- pensable pour donner aux consommateurs une garantie totale. Il était nécessaire d’une part de créer une unité séparée de l’ancienne (qui continuera à fonctionner) et également d’aug- menter nos capacités de pro- duction pour répondre à la demande.Nos capacités actuelles sont insuffisantes. La construc- tion de cette usine nous donne aussi l’occasion de réorganiser nos différents sites de produc- tion et de rééquilibrer les volumes entre les sites de Rigney, Corre, Cuvier et Dannemarie.

assez haut, fait de béton et d’acier, les études ont été par- ticulièrement complexes. Enfin, la situation du sous-sol n’étant pas simple, comme souvent dans notre région, des travaux com- plémentaires ont été nécessaires. Après toutes ces années de pré- paration et d’études, nous avons enfin attaqué le chantier cet été. Ce chantier devrait au total durer 18 mois à partir de l’ob- tention du permis de construi- re. L.P.B. : Pourquoi une nouvelle usine ? F.M. : L’idée de créer cette nou- velle unité de production répond à nos besoins de fabriquer des

Frédéric Moine, directeur général de Terre Comtoise : On lance un des plus grands chantiers privés de la région.”

La future unité de production de Dannemarie-

F.M. : Il est naturel que nos adhé- rents s’interrogent mais il faut analyser de près la situation. Avec un outil vieillissant, nous étions en quelque sorte au pied dumur. Cet investissement n’est pas conjoncturel, il s’inscrit dans la durée. Nous investissons ici pour le long terme, en pensant

aux cycles suivants de l’agri- culture. Nous sommes aussi au cœur de la filière A.O.P. qui elle, est encore préservée. Le conseil d’administration et la coopéra- tive Terre Comtoise croient pro- fondément en l’avenir de l’agri- culture. n Propos recueillis par J.-F.H.

sur-Crète, construite

devant l’actuel- le, sera opéra- tionnelle à l’automne 2017.

ÉTUDE

Une analyse de l’I.N.S.E.E.

Le revenu des femmes inférieur de 26 % à celui des hommes dans notre région L’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté a passé au peigne fin les différences salariales entre les deux sexes. 16 300 euros par an pour les femmes en moyenne, contre 22 100 euros pour les hommes. Explications.

P our les femmes salariées du secteur privé et des entreprises publiques de Bourgogne-Franche- Comté, la rémunération annuel- le nette moyenne d’un poste de travail est de 16 300 euros contre 22 100 euros pour les hommes (chiffres 2013, I.N.S.E.E. Bour- gogne-Franche-Comté sep- tembre 2016). “Les femmes gagnent ainsi 26 % de moins que les hommes” résument les statisticiens régionaux. Cette inégalité s’explique en partie par le temps de travail des femmes : 36 % sont à temps partiel contre 12 % des hommes. Elles effectuent ainsi en moyen- ne 11 % d’heures de travail en moins sur l’année que les hommes. Hors cet effet temps de travail, l’écart de rémuné- ration reste malgré tout élevé : les femmes, avec un salaire

horaire net de 11,50 euros gagnent en moyenne 16,7 % de moins que les hommes. La ségrégation professionnelle, autrement dit la répartition dif- férenciée des emplois entre les hommes et les femmes explique

pour 55%d’entre elles des postes d’employés qui correspondent à des niveaux de salaire parmi les plus bas. Les hommes sont plus souvent, c’est le cas de 42 % d’entre eux, ouvriers qualifiés et leur rémunération est légè- rement supérieure à celle des employés. En haut de l’échelle des salaires, les femmes occupent aussi moins souvent un poste de cadre : “seu- lement 7 % d’entre elles contre 12 % des hommes accèdent ain- si à ces postes très qualifiés, tra- duisant la difficulté des femmes à se hisser à des postes à res- ponsabilité” poursuit l’I.N.S.E.E. Ces différences ne rendent tou- tefois que partiellement comp- te de l’écart de rémunération horaire : à profession équiva- lente, une femme perçoit un salaire horaire encore inférieur de 10 % à celui d’un homme.

Les femmes perçoivent un salaire horaire net moyen de 11,50 euros.

cette différence de rémunération horaire à hauteur de 6,7 %. Les femmes n’occu- pent pas les mêmes emplois que les hommes : l’éventail des métiers qu’elles exercent est moins large et leur poste de tra- vail souvent moins qualifié et donc moins bien rémunéré. Ainsi, elles occupent

Pire : “les écarts se creusent avec l’âge” constate l’institut régio- nal de statistiques. Une part de cet écart, à profes- sion équivalente, peut être expli- quée par des effets de structu- re observables : l’âge, le type de contrat, la taille de l’entrepri- se ou encore le secteur d’acti- vité. Le salaire des femmes pro- gresse avec l’âge mais moins que celui des hommes. Les dis- parités salariales sont moindres chez les jeunes. Elles s’élèvent à 22 % pour les moins de 25 ans. En début de carrière, les salaires sont en effet plus bas et moins

dispersés. L’écart se creuse essen- tiellement pour les 35-44 ans. C’est en effet à ces âges que cer- taines femmes reprennent une activité après avoir élevé les enfants du foyer alors que les hommes ont poursuivi leur par- cours professionnel. Ainsi, plus sujettes à des interruptions de carrière, les salariées accumu- lent une moindre expérience professionnelle, ce qui peut être à l’origine de ces différences de rémunération liées à l’âge. En fin de carrière, pour les 55 ans et plus, l’écart salarial atteint 29 %. Celui-ci résulte de la struc-

ture des emplois, des ruptures de parcours professionnel mais aussi du niveau de diplôme moins élevé des femmes de ces générations plus âgées. Les écarts de salaires horaires sont particulièrement élevés dans le secteur des arts, spec- tacles et activités récréatives et dans celui des activités finan- cières et des assurances, où ils dépassent 30 %. Dans ces sec- teurs, les deux composantes de l’écart salarial, ségrégation pro- fessionnelle et écart intrapro- fessionnel jouent dans le même sens. n

L’écart se creuse essentielle- ment pour les 35-44 ans.

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