La Presse Bisontine 180 - Octobre 2016

LE DOSSIER

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LE COMMERCE DE PROXIMITÉ FAIT SA MUTATION La Presse Bisontine n° 180 - Octobre 2016 L’organisation à Besançon les 24 et 25 octobre pro- chaines des pre- mières Assises

nationales du com- merce de proximi- té est l’occasion de faire un état des lieux du commer- ce à Besançon. Après analyse, le bulletin de santé est plutôt bon, avec un taux de vacance correct et toujours des pro- jets, y compris dans des quartiers périphériques. Ceux qui croient au centre-ville le font savoir et ils investissent. Qu’on se le dise, le com- merce de proximi- té a de l’avenir, même à Besan- çon ! (photo d’in- troduction J.-C. Sexe - Ville de Besançon).

Besançon compte 1 500 commerçants indépendants l Analyse Une cellule de proximité Sur 3 000 établissements commerciaux installés à Besançon, la moitié sont constitués d’indépendants, franchisés ou pas. Il semble que l’on assiste depuis quelques années à un retour de la proximité.

Repères Le retour en grâce du commerce de proximité ? S elon une étude réalisée par Carrefour Property et T.N.S. Sofres sur les “attentes des dent un quartier vivant et à 38 % qu’il s’agit du premier facteur d’ani- mation d’un quartier.

mité étendue récemment à tou- te la ville permet aux instances municipales de suivre, presque au jour le jour, les mutations des commerces. “Cela nous per- met d’anticiper et de position- ner les demandes en fonction des besoins de tel ou tel secteur” note le service commerce. Cet- te cellule de proximité qui ana- lyse au peigne fin les mutations du commerce de ville au jour le jour est un outil unique en Fran- ce. Utile pour mener une poli- tique… de proximité. n Cependant, d’autres facteurs peu- vent atténuer ce processus dont le développement du e-commer- ce qui a connu une forte crois- sance ces dernières années. Le e-commerce est passé de 4 à 63% d’utilisateurs de 2000 à 2010. Et ça continue de plus belle depuis. n veaux métiers se sont dévelop- pés comme les managers de centre-ville ou les stewards de rue qui ont vocation à redynamiser ces espaces géographiques. Une étude récente du C.R.E.D.O.C. révèle que les professionnels de la distribution anticipent majori- tairement (69%) un renforcement au cours des dix prochaines années du poids des petites sur- faces de proximité. Selon le cabi- net Kantar, la proximité représente aujourd’hui 13 % du marché total de l’alimentaire et devrait peser 20 % en 2020, soit une progres- sion de 50 % en 8 ans.

chalands était guidé par un tra- jet en boucle passant par le bas de la Grande rue, la rue de la République et le bas de la rue des Granges. “Depuis peu, on constate, des flux plus linéaires, c’est-à-dire que les passants se contentent plus de faire la Gran- de rue. Ce constat est flagrant depuis la montée en charge des Passages Pasteur” confirme M. Bouzat. Le centre de gravité du commerce est peut-être en train d’être cannibalisé par la Gran- de rue, au détriment de sa paral- lèle la rue des Granges. L’existence d’une cellule de proxi- Le consommateur semble désor- mais retrouver la direction de la ville et vouloir consommer diffé- remment, d’où la nécessité de redonner une certaine attractivité aux centres-villes et aux quartiers. Dans cette perspective, de nou- L’attractivité des petits commerces peut néanmoins être impactée par un manque d’entretien régulier de ces commerces. Les petits com- merçants n’ont pas, pour la plu- part du temps, lesmoyens humains et financiers pour rénover leurs espaces de vente. De plus, cer- tains espaces commerciaux sont soumis au régime de coproprié- té, doté d’une règle d’unanimité pouvant constituer un frein à des investissements réguliers pour entretenir et moderniser l’ensemble immobilier.

indépendant hors chaînes, plus que dans d’autres villes de même catégorie” constate Patrick Bou- zat, responsable de la cellule commerce à la Ville de Besan- çon. À Besançon, le taux de renou- vellement des enseignes est d’en- viron 10 % par an, c’est-à-dire qu’un emplacement sur dix chan- ge d’enseigne d’une année sur l’autre. Et malgré la permanence d’un tissu commercial assez den- se sur la ville, les habitudes de consommation continuent à changer. Avant l’ouverture des Passages Pasteur, le flux des consommateurs en centre-ville”, les commerces de proximité consti- tuent la première source de fré- quentation du centre-ville et plus particulièrement en vue d’effec- tuer des courses alimentaires. 49 % des habitants d’aggloméra- tions de 20 000 habitants ou plus déclarent s’y rendre régulièrement pour cemotif. Les consommateurs sont attachés aux petits commerces pour la qualité de l’accueil, et des produits et les conseils prodigués, alors que les centres commer- ciaux de périphérie sont plébisci- tés pour les prix attractifs. Le constat était identique une pré- cédente étude de l’institut C.S.A. portant sur les attentes des habi- tants des Zones Urbaines Sen- sibles qui déclarent à 90 % que les commerces de proximité ren-

I l suffit de constater com- ment les grandes marques de la distribution se redé- ploient sur des magasins de petite taille dans les quartiers ou au centre-ville pour comprendre que la tendance de fond, c’est le retour à la proxi- mité, à Besançon comme ailleurs. Les Casino Shop, Spar, Vival et autres Carrefour Contact ou Express refleurissent, là où, il y a encore une dizaine d’années, on ne donnait pas cher de l’ave- nir de ces “épiceries de quar- tier”. “Après une baisse amor- cée dans les années soixante-dix, le commerce de proximité a été en total déclin. Mais après le grand rush des grandes surfaces, on s’est aperçu à partir des années 2000 qu’il y avait peut- être une seconde vie pour le com- merce de proximité. Dans l’ali- mentaire, c’est d’ailleurs devenu un formidable relais de crois- sance pour la grande distribu- tion qui voyait son chiffre d’af- faires chuter de manière vertigineuse” analyse Annie

Courbet, spécialiste bisontine de l’immobilier commercial. Les instances politiques suivent de près le mouvement et encoura- gent l’implantation, en ville ou dans les quartiers, de ces petites surfaces commerciales qui répon- dent également aux nouveaux modes de vie (modes de dépla- cement doux…) et aux nouvelles politiques urbaines. Il n’est qu’à voir

et 2015, entre 3 000 et 4 000 magasins de proximité à voca- tion alimentaire ont été créés en France. “Ce qui n’empêche pas les secteurs traditionnels de la proximité que sont les petites boucheries, pâtisseries, de souf- frir ou de disparaître” tempère Annie Courbet. L’évolution des rythmes de travail et la prédo- minance des loisirs incitent éga- lement les consommateurs à renoncer au long rituel des courses le samedi après-midi dans les zones périphériques et opter de plus en plus pour les petites courses de proximité. “Le commerce de proximité a égale- ment un vrai rôle social.” Le commerce de proximité n’est donc pas mort à Besançon, loin s’en faut. Sur les 3 000 com- merces comptabilisés sur le ter- ritoire communal (donc avec Châteaufarine,mais sansValen- tin ni Chalezeule), une bonne moitié est tenue par des indé- pendants. “La force du centre- ville de Besançon, c’est la pré- sence importante d’un commerce

Le centre de gravité cannibalisé par la Grande rue.

l’exemple du quartier Vauban, qui commence à peine à sortir de terre, et dont un projet d’implan- tation commer- ciale a déjà été déposé par des porteurs de pro- jets, examiné et validé par la pré- fecture du Doubs (voir l’article en page 23). Sur le plan natio- nal, entre 2005

J.-F.H.

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