La Presse Bisontine 180 - Octobre 2016

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 180 - Octobre 2016

BÂTIMENT Un champignon responsable de gros dégâts La mérule arrive à Besançon

Quelques cas ont été identifiés dans la capitale comtoise, à Belfort et à Dijon. Si le phénomène n’est pas d’ampleur pour le moment au niveau local, il est à prendre au sérieux.

D’anciens bâtiments du centre-ville concernés D ans l’un des cas bisontins que nous a rapporté un diagnostiqueur local, une fosse septique placée sous l’es- calier central du bâtiment en constante humidité, a créé l’ap- parition de la mérule. “Cela a pris de l’ampleur car l’escalier était couvert de boiseries.” Et par méconnaissance du pro- blème ou parfois volontairement caché dans un souci de reven- te, le problème peut rapidement virer au drame, allant jusqu’à la démolition nécessaire du bâti- ment. Des traitements efficaces auraient cependant ici été enga- gés. Aucune adresse ne nous sera toutefois communiquée si ce n’est une situation générale dans le centre-ville. La municipalité bisontine se veut aussi rassurante sur ses bâti- ments publics. Les expertises réalisées dans les réserves archéologiques rue Weiss, la Villa Colette et la galerie du Temple Saint-Esprit n’ont pas permis de détecter de mérule. n

Le mycologue Patrick Laurent dirige le cabinet d’expertise S.E.M.H.V. à Saint-Dié et est le spécialiste mérule en

C e nom ne vous dit peut- être rien et pourtant, il commence à être évoqué chez les professionnels locaux du bâtiment et de l’im- mobilier, jusqu’ici relativement épargnés à l’inverse de leurs homologues du littoral atlan- tique et des Vosges plus proches. La mérule est un champignon

lignivore, il profite de l’excès d’humidité, du confinement et du manque d’aération dans un bâti pour se développer. Également appelé “cancer du bâtiment”, il s’attaque à toutes les essences de bois. On le retrou- ve dans les charpentes, boise- ries d’escaliers et de sous-pentes, dans les plinthes, les lambris…

Il traverse même la maçonne- rie en s’y nichant, capable de détruire tous les liants et donc de fragiliser les structures des bâtiments. “La mérule est en plein essor dans toute la Fran- ce. Il n’y a plus un département qui n’est pas concerné” , assure LE spécialiste français et expert judiciaire, Patrick Laurent. “J’ai 40 ans de mycologie der- rière moi, et durant 30 ans j’en avais rarement entendu parler.” Aujourd’hui, l’activité est telle qu’il doit embaucher de nou- veaux salariés dans son labo- ratoire indépendant S.E.M.H.V. à Saint-Dié dans lesVosges pour réaliser des expertises. Il est devenu le référent pour toute la France et même la Belgique, la Suisse, le Luxembourg et le Canada, d’où lui sont envoyés des échantillons de ce champi- gnon dévastateur.

La mérule serait en forte expan- sion dans tout l’Est et le Centre de la France depuis 5 ans, arri- vant même jusque dans le Sud. “Je suis allé en Corse, à Nice ou Lourdes…” , remarque Patrick Laurent, qui estime à une dizai- ne le nombre de cas rencontrés dans le Doubs.

problème étant qu’il n’existe pas de législation contraignante (pas de diagnostic obligatoire et une simple information donnée dans le cadre d’arrêtés préfectoraux signalant sa présence). “Mes expertises dépassent presque toutes le million d’eu- ros et dans le cas d’un particu- lier, cela variera de 10 000 à 50 000 euros, voire 200 000 euros” , pour tenter d’éra- diquer ce champignon. Rien que le traitement d’un mur coûtant entre 230 à 250 euros le m 2 (sans chiffrer la dépose et la repose). Malheureusement, il est détec- té souvent trop tard avec seule la partie visible de l’iceberg. n

À Besançon, il a déjà été nommé pour réaliser une expertise judiciai- re. Celles-ci sont mandatées par une juridiction sur demande d’un syn- dic ou d’un pro- priétaire en cas de litige. Car les dégâts peuvent être variés, bien souvent de gran- de ampleur et très coûteux. Un autre

De 10 000 à 200 000 euros de coûts de traitement.

Des traitements chimiques sont utilisés pour éradiquer la mérule, “et nous travaillons à la mise au point d’un traitement à l’air chaud avec notre pôle recherche”, explique Patrick Laurent.

S.G.

Plus d’infos sur www.merule-expert.com

HISTOIRE Une page Facebook qui cartonne Christian fait renaître le Besançon d’antan Ce Bisontin féru d’histoire publie chaque jour sur Facebook des cartes postales anciennes de la ville dont certaines, issues de sa collection, remontent à 1897. Beaucoup sont inédites.

Y aller : facebook/ besançondantan

lines de Besançon (souvent déboi- sées). Publier des images, c’est bien. Seul bémol : cela peut vite devenir rébar- batif. Christian a trouvé la parade enmettant en place des thématiques : “Pour la Libération de Besançon (en septembre), j’ai publié une série de photos pour montrer l’avancée des troupes au fil des jours, depuis la descente de la côte de Morre jus- qu’aux Chaprais” énumère ce Bison- tin d’origine. D’autres thématiques sont prévues comme la création du quartier de Planoise ou la mise en lumière d’événements ponctuels. “Par exemple,j’ai retrouvé des archives à l’I.N.A. de GeorgesMaurivard (syn- dicaliste récemment décédé) ou enco- re sur JeanDe Gribaldy, sur le boxeur Jean Josselin” explique Christian

C hristian Millet a pour ainsi dire réparé l’histoire. “En me baladant sur Internet, je me suis rendu compte que toutes les grandes villes avaient leur page Facebook “d’antan” comme Paris et bien d’autres… Toutes sauf Besan-

L’entrée de Besançon par la porte taillée.

ne surprise. Près de 1 500 personnes suivent activement les publications, sans compter les nombreux com- mentaires, souvent positifs, qui en découlent. ChristianMillet met du cœur à l’ou- vrage. Tout ceci sans aucune contre- partie. Il le fait pour sa ville, pour sa passion de l’histoire. Chaque jour, il poste une photo ou une carte pos- tale d’un lieu de Besançon des années 1900. “Ce qui me prend le plus de temps n’est pas de poster mes pho- tos ou mes cartes postales mais de les trouver dans les brocantes.Chaque week-end, je pars à la recherche de pièces. Je reçois beaucoup d’encou- ragements : c’est comme cela que je me paye” dit-il d’un ton amusé. Depuis avril, quelques pépites ont déjà été dévoilées à l’image de cet- te photo dans la cour centrale du musée duTemps où trônait une sta- tue aujourd’hui disparue, ou enco- re cette photo de Saint-Ferjeux où on aperçoit la place de la Bascule (bascule disparue également), les rives du Doubs, le tramway dans la ville, le kiosque de Granvelle, les col-

çon. Je me suis alors lancé en avril” explique le Bisontin (56 ans). Depuis le printemps, sa page Facebook fait toujours plus d’adeptes au point de créer chez son créateur une certai-

Millet. À chacune de ses publications, il cite ses sources et vérifie l’exactitude des lieux. Lorsqu’il y a un dou- te, il préfère ne pas publier. Le passionné d’histoire a un autre jeu : publier une ima- ge et demander aux personnes de recon- naître le lieu. Avec ChristianMillet, un pan de l’histoire bisontine se dévoile sur les réseaux sociaux. Preuve que Facebook,utilisé à bon escient, n’est pas qu’un recueil de sot- tises. n

Un jeu : découvrir le lieu.

Christian Millet, ici au Palais Granvelle, a publié une carte postale où la statue d’Antoine Perrenot de Granvelle trônait. La statue Perrenot de Granvelle.

E.Ch.

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