La Presse Bisontine 179 - Septembre 2016

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 179 - Septembre 2016

PEUT-IL FAIRE OUBLIER LES MOTS DOUBS ?

(Photo archive L. Cheviet)

Le nouveau salon “Livres dans la boucle” marque la rentrée littéraire après l’annulation des Mots Doubs. L’événement se déroule dans toute la ville et non plus à la Gare d’eau. Les lecteurs et les libraires sont conquis… mais des critiques bruissent déjà.

l Événement Scruté de près “Livres dans la Boucle” : le salon écrit sa première page

Tout nouveau, tout beau ? Avec 180 auteurs attendus dont les célèbres Christine Angot, Yasmina Khadra ou David Foenkinos, le nouveau salon littéraire (du 16 au 18 septembre) sera avant- gardiste dans sa forme. Mais la moindre faute sera analysée…

Pour assurer la réussite de cette repri- se, l’agglomération a renoué avec la société “Faits et gestes”, organisatri- ce des trois derniers Mots Doubs qui promeut notamment “Étonnants voya- geurs” à Saint-Malo ou “Le marathon des mots” de Toulouse. “L’idée est de placer la manifestation au cœur de la ville en privilégiant le texte et la paro- le de l’écrivain. Il y a sept libraires par- tenaires. L’écrivain sera au cœur de la manifestation” , précise Laurent Dela- rue de “Faits et Gestes”. Quant à l’ap- pui du Crédit Agricole, il coule de sour- ce indique David Dufour, directeur marketing : “Quoi de plus utile que de supporter une telle manifestation qui fait rayonner la culture et l’éducation” évoque ce dernier. Au cœur de la rentrée littéraire, Chris- tine Angot, romancière de l’autofiction, proposera une lecture de “Un amour impossible” où elle évoque son père incestueux : ce récit fait l’objet d’une création théâtrale par Célie Pauthe, directrice du Centre dramatique natio- nal de Besançon. Yasmina Khadra, auteur de “L’attentat”, Alain Mabanc- kou, qui publie “Le monde est mon lan- gage”, et Catherine Poulain, qui a rem- porté sept prix pour “Grand marin”, seront présents ainsi que deux sur- prises avec le romancier David Foen- kinos (Prix Renaudot 2014) ou Alexis Jenni (Prix Goncourt). Les plus grandes maisons d’édition seront de la partie. Les éditeurs régionaux seront présents mais réduits à se faire une toute peti- te place entre les livres…Agacées, cer- taines maisons d’éditions comtoises feront l’impasse (lire plus loin). n E.Ch.

I l ne voulait surtout pas perdre cet- te date quitte à bousculer les codes. Jean-Louis Fousseret l’admet, il a décidé - un peu seul -

nir sur ce chapitre. Quelques mois plus tard, le président du Grand Besançon et maire de la vil- le se dit “content d’avoir relevé le défi de créer en six mois un nouveau ren- dez-vous” dit-il alors que certains de ses collègues élus lui ont ouvertement reproché en conseil d’agglomération d’avoir pris cette décision de manière unilatérale. La fronde est passée. Le maire salue au passage ses équipes… qui triment. Le premier rendez-vous de concertation avec les libraires s’est tenu fin mai. Sont ensuite arrivées les vacances des grandes maisons d’édi- tion… Et voilà la rentrée. “Mais nous serons prêts” rassure un des respon- sables de l’organisation de l’événement. Les critiques adressées au Départe- ment quant à sa décision d’annuler les Mots Doubs et les encouragements de lecteurs envoyés au Grand Besançon confortent Jean-Louis Fousseret que son idée était la bonne. La collectivi- té déboursera donc 320 000 euros pour cet événement financé en partie par l’appui du Conseil régional et du Cré- dit Agricole de Franche-Comté. Le som- maire de la manifestation a été défi- ni en un temps record. Début juillet, 160 auteurs avaient en effet confirmé leur venue. Ils seront environ 180 à venir dans les rues bisontines même si des annulations de dernière minu- te sont - toujours - à prévoir.

et de manière cavalière de lancer un nouveau festival littéraire suite à la déci- sion du Conseil départe- mental du Doubs d’annu- ler les Mots Doubs à Besançon pour un motif financier. C’était en début d’année. L’affaire a viré au politique. Inutile de reve-

“On sera dans l’œil du cyclone.”

Jean-Louis Fousseret - ici aux côtés de Laurent Delarue (Faits et Gestes) et du Crédit Agricole - ne regrette pas d’avoir bousculé les lignes pour relancer un salon littéraire.

Le choix du nom : pour ne pas tourner en rond L es Grands Bisontins ont été invi- tés à choisir par vote le nom du salon. Parmi quatre intitulés, “Le livre en Boucle” l’avait emporté. Sauf que le nom est devenu “Livres dans la Boucle”. Les organisateurs s’ex- pliquent : “Nos partenaires de Faits et Gestes et du Crédit Agricole ont observé que le livre en Boucle évo- quait que ça tourne en rond.” D’où, pour rester dans la littérature, la modi- fication.

L’ensemble de la Boucle bisontine s’ani- mera donc. Une nouveauté. “Nous savons que nous ne pouvons pas riva- liser en termes d’affluence avec les Mots Doubs car l’espace pour accueillir le public sera plus contiguë que la Gare d’eau” évoque Thomas Roussez, à l’ag- glomération. Les Mots Doubs attiraient environ 35 000 personnes. En repre- nant la balle au bond, Jean-Louis Fous- seret se sait attendu : “Nous serons dans l’œil du cyclone. S’il y a le moindre grain de sable, on en entendra parler” confie-t-il sans nommer ses adversaires politiques.

Exit donc le rendez-vous à la Gare d’Eau. Le cœur de la manifestation se tiendra dans une structure de 900 m² installée parking Marché-Beaux-Arts qui regroupera la plupart des écrivains et le public venant à leur rencontre. L’événement, sur 3 jours, donnera la primeur aux sept libraires de la ville. Ouverture du bal le vendredi 16 à par- tir de 16 heures. Samedi 17 et dimanche 18, l’hôpital Saint-Jacques, la maisonVictor Hugo, l’hôtel de Clévans, le Scènacle, accueille- ront des auteurs venus à la rencontre de leurs lecteurs.

Made with FlippingBook - Online catalogs