La Presse Bisontine 175 - Avril 2016

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016 32

TECHNOLOGIE Une imprimante 3D L’E.N.S.M.M. fait

sa révolution industrielle L’école qui forme au métier d’ingénieur s’est dotée d’une imprimante 3D métal capable de fabriquer des objets dans l’acier, l’aluminium ou le titane. Une première. Avis aux entreprises intéressées.

Alexandre Gilbin présente les pièces en métal réalisées par l’imprimante 3D à l’E.N.S.M.M.

L’ école nationale supé- rieure de mécanique et des microtechniques (E.N.S.M.M.) n’est pas seulement le formidable éta- blissement capable de former les meilleurs ingénieurs promis

à de brillantes carrières depuis 1934. Elle est aussi une école proche du monde économique. La preuve, elle vient de se doter d’une imprimante 3D qu’elle mettra, à terme, à disposition d’entreprises régionales à la

recherche d’innovations dans les domaines de l’aéronautique, l’automobile, le médical (pour les implants dentaires par exemple) et plus spécialement pour le prototypage et la fabri- cation d’outillage.

La structure basée à Témis se dit prête à former les industriels désireux d’utiliser ou de s’équiper d’un tel engin. Ils étaient d’ailleurs près de 200 vendredi 11mars à découvrir cette machi- ne capable de fabriquer des objets dans une quinzaine de métaux comme l’acier, l’aluminium, le titane. Aucune forme ne lui résiste. L’imprimante 3Dmétal sait tout faire et notamment les formes creuses. “L’impression 3D plas- tique est aujourd’hui largement diffusée mais ses équivalents utilisant des métaux ou céra- miques restent peu répandus alors que les grands groupes commencent à les mettre en œuvre” dit l’école basée à Besan- çon qui l’a achetée sur ses fonds propres (200 000 euros). Le direc- teur du B.T.P. pour qui 2015 a été une mauvaise année. Et plus encore en Franche-Comté qu’en Bourgogne. Ceci dit, on a le sen- timent que la chute du B.T.P. s’arrête en 2016. Les choses ont l’air d’aller à peine mieux. L.P.B. : Existe-t-il d’autres nuances entre la Franche-Comté et la Bour- gogne ? J.-C.S. : En 2015 dans l’industrie, la dynamique a été encore plus positive en Franche-Comté qu’en Bourgogne. C’est dû au poids de l’automobile qui a connu une croissance de 3,5 %. L.P.B. :Cette relative bonne année 2015 ne se traduit pas pour autant par des embauches et une inversion de la cour- be de l’emploi. Pourquoi ? J.-C.S. : En effet, la baisse des effectifs s’est poursuivie : - 1,5 % pour l’industrie, - 0,5 % dans le bâtiment. Cette baisse est due à la baisse de l’intérim. Le point positif, c’est que les effectifs “tra- ditionnels”, hors intérim, n’ont pas subi de baisse. Dans le sec- teur des services, les effectifs ont même augmenté légèrement, de 0,6 %. Le trop faible niveau de croissance ne peut hélas pas générer de perspectives de créa- tions d’emplois. L.P.B. : Les entreprises n’investissent pas encore en moyens humains. Qu’en est-il en ce qui concerne les investis- sements en matériel ? J.-C.S. : Alors que la période est particulièrement favorable comp-

teur Bernard Cretin argumen- te cet investissement “pour prendre ce virage technologique afin que nos élèves soient excel- lents, qu’ils renforcent le tissu économique local.” Un virage qui a été largement anticipé dans la Silicon Valley

demain.” Son établissement est - pour le moment - le seul en France à disposer de cet outil. Des élèves sous la responsabilité d’Alexandre Gilbin, maître de conférences, ont pris contact avec l’engin et réalisé des pièces grâce au procédé du frittage laser permettant de fabriquer des pièces dont la qualité est équivalente à celles obtenues par des techniques de fonderie ou d’usinage. À la rentrée de septembre, tous les élèves transiteront par l’atelier de formation.Outil péda- gogique et de développement industriel, l’imprimante offre un retour sur investissement en terme d’image. Plus tard, il sera question de retour finan- cier… E.Ch. en se disant que ce sera encore moins cher demain. C’est ce qui se passe au Japon depuis une vingtaine d’années. Si on veut que l’économie reparte vraiment, c’est forcément une période qui ne doit pas durer. L.P.B. :Quelle croissance peut-on espé- rer pour 2016 ? J.-C.S. : Sans doute meilleure. On était à 0,2 % à peine en 2014. En 2015, l’I.N.S.E.E. a revu à la hausse ses prévisions pour les établir finalement à 1,2 %. Pour cette année 2016, on table sur une croissance entre 1,2 et 1,5%. L.P.B. : Comme toutes les institutions régionales, la Banque de France est concernée par la fusion des Régions. Faut-il craindre pour Besançon ? J.-C.S. : Depuis le 1 er janvier der- nier, il n’y a plus qu’une direc- tion régionale, à Dijon. L’administration de la Banque de France sera pilotée depuis Dijon. Sur le siège bisontin, nous sommes actuellement 80 colla- borateurs, nous devrions des- cendre à 60. Besançon devrait récupérer également le back- office des trois autres départe- ments francs-comtois, donc la présence de la Banque de Fran- ce à Besançon n’est pas mena- cée. Sur le plan régional, nous sommes actuellement 150 col- laborateurs sur le territoire franc- comtois, nous devrions baisser à 110 personnes à l’horizon 2020. Propos recueillis par J.-F.H.

aux États-Unis : “Ce virage doit être pris dans le cadre des forma- tions et de la fabrication au sein de nos entre- prises régionales” poursuit Bernard Cretin. Sa moti- vation de chef d’établissement : “Former les élèves au monde écono- mique de

Le seul équipement en France.

Bernard Cretin, directeur de l’établissement investit “pour que ses élèves soient excellents.”

CONJONCTURE

Banque de France “Tous les voyants ne sont pas encore au vert”

Le directeur régional adjoint de la Banque de France Jean-Charles Sananès commente la dernière étude de l’organisme financier qui a interrogé 2 000 entreprises de Bourgogne-Franche-Comté. Le bilan est un peu meilleur, mais les perspectives pas pour autant flamboyantes.

te tenu des taux d’intérêt his- toriquement bas et des règles fiscales sur le suramortissement notamment, les entreprises ne sont pas encore dans la dyna- mique de l’investissement. On attend une amélioration cette année et on peut peut-être avoir de bonnes surprises en 2016, mais pour l’instant, l’investissement n’est pas repar- ti. Les conditions sont pourtant excessivement favorables mais encore faut-il que l’environnement global soit redevenu correct. Les banques régionales notent un rebond de 3 ou 4 % des inves- tissements financés mais toutes les entreprises, loin de là, ne sont pas encore dans cette dynamique d’investissements. Tous les

L a Presse Bisontine :Y a-t-il des éclaircies en vue sur le plan de l’activité et de l’emploi dans notre région ? Jean-Charles Sananès : Ce qui res- sort de cette étude, c’est que glo- balement, l’année 2015 a été une meilleure année que l’année 2014,notamment pour l’industrie

régionale qui a vu son chiffre d’affaires progresser. Je nuan- cerai immédiatement ce constat en précisant que malgré une année 2015 positive, la créance des entreprises a été insuffisante pour entraîner de l’embauche. En revanche, la rentabilité des entreprises industrielles a été

meilleure. En résumé, malgré cette année 2015 jugée bonne, on est encore loin de l’euphorie. La croissance en Bourgogne- Franche-Comté a été d’1,1 %. L.P.B. : Et concernant les autres sec- teurs que l’industrie ? J.-C.S. : On peut évoquer le sec-

voyants ne sont pas encore au vert. Il manque encore la confiance. L.P.B. :À quel taux peu- vent se financer actuel- lement les entreprises ? J.-C.S. : Les entre- prises peuvent trouver à se finan- cer à des taux proches de 0.On n’a jamais connu cela. En ce moment, on est en train de vou- loir lutter contre la déflation.Les entre- prises et les consommateurs en sont presque à dif- férer leurs achats

“On table sur une croissan- ce entre 1,2 et 1,5 %.”

Jean-Charles Sananès est le directeur régional adjoint de la Banque de France à Besançon.

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