La Presse Bisontine 174 - Mars 2016

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 174 - Mars 2016

CONSEIL DÉPARTEMENTAL : “JE T’AIME MOI NON PLUS”

Un an après l’arrivée au pouvoir de la droite au Conseil départemental du Doubs (photo ci-dessus), on attend avec impatience la présentation du grand projet de la nouvelle majorité emmenée par Christine Bouquin. L’ancien président Claude Jeannerot en profite pour juger avec sévérité l’équipe en pla- ce, sur fond de polémique sur les logements de fonction attribués à la présidente et à son directeur des services.

Politique

Un rapport, deux visions Bouquin-Jeannerot : la guerre des présidents Le rapport de la Chambre régionale des comptes sur

la “gestion Jeannerot” divise les deux camps. Satisfecit d’un côté, mauvaise gestion de l’autre. Le mois de mars sera crucial pour l’exécutif.

L es séances plénières du Conseil départemental, un lundi par mois, sont souvent “plan-plan”. Un rapport présenté, c’est sou- vent un rapport adopté.Mais ça, c’était avant. Terminé le consensus. Place à l’affrontement. Pour ne citer que trois exemples, l’ex- président Claude Jeannerot - qui défend âprement son bilan - estime que Chris- tine Bouquin “est dans la langue de bois” lorsqu’elle commente le rapport de la Chambre régionale des comptes sur la gestion duDépartement duDoubs de 2011 à 2014. Et encore, c’est gentil : “Vous êtes dans la politique de l’insi- nuation. Vous manipulez les chiffres et l’opinion” lui lâche-t-il ouvertement au sujet de l’endettement duDépartement. L’ancien président se paye le luxe de lui conseiller “d’arrêter de porter les slogans de votre cabinet” comme si lui- même n’avait jamais suivi les recom- mandations du sien.Ambiance, ambian- ce. Christine Bouquin encaisse mais ne tremble pas : “J’ai eu beaucoup de respect pour vous. Là, je ne vous com- prends plus. Vous savez que les choses ont bougé (elle évoque la loi N.O.T.R.E., les baisses de subventions). J’aspire à ramener de la quiétude dans cette assem- blée.” En résumé, la lecture du rapport

de la Chambre des comptes élargit le fossé qui sépare la majorité des per- dants, sans doute nostalgiques. Droi- te et gauche attendaient-ils trop de ce rapport ? Sans doute. En synthèse, l’organe indépendant demande au Département de se recen- trer sur ces champs de compétences et de réviser le rythme des investisse- ments futurs. L’équipe Bouquin rap- pelle que “l’encours de la dette n’a fait qu’exploser alors que les investissements en voirie ont diminué” pointe Ludovic Fagaut, conseiller Départemental de Besançon 5 (Les Républicains). Pour l’ancienne députée du Doubs Françoi- se Branget (L.R.), Claude Jeannerot est “présomptueux et sa politique a été dispendieuse.” Pour Virginie Chavey, l’ancienne équipe “n’a pas mis en pla-

Christine Bouquin sur les attaques de Claude Jeannerot : “J’ai eu beaucoup de respect pour vous mais je ne vous comprends plus.”

l’ancienne équipe aurait “désinvesti durant 8 ans” , ce que conteste forte- ment Martine Voidey, chef du groupe P.S. et conseillère départementale de Valentigney. “On vous laisse un Dépar- tement en ordre de marche et sain” ajou- te-t-elle. “Vous êtes schizophrène : vous nous reprochez d’avoir augmenté l’en- dettement et de ne pas avoir assez inves- ti. L’emprunt quand il est utilisé à bon escient, est vertueux. En jetant une gre- nade, ne vous étonnez pas qu’elle vous revienne” poursuit l’ex-chef. Le conseiller départemental de Pon- tarlier Pierre Simon (U.D.I.) l’interro- ge ironiquement : “Si tout fut aussi mer-

veilleux, pourquoi n’êtes-vous plus aux manettes ? Souligner les bons points, c’est normal. Il aurait été intéressant de pointer ce qui n’allait pas. Regar- dons l’avenir.” La gauche campe sur ses positions. Seule certitude : les nou- veaux élus n’ont nul besoin de décor- tiquer les 108 pages du rapport pour comprendre que le Département doit se doter d’une nouvelle politique dans un contexte budgétaire serré. Ces orien- tations, la majorité les dévoilera les 21, 22 et 23 mars pour le vote du budget. Pas de cessez-le-feu en vue. E.Ch.

Zoom Ils se retrouvent en aparté L e groupe de gauche a accepté lʼou- verture et la main tendue de Chris- tine Bouquin. La présidente pro- pose de rencontrer mercredi 24 février les groupes dʼopposition pour évoquer le prochain budget du Département. Preuve que le dialogue nʼest pas tota- lement rompu.

ce de contrôle de gestion du revenu de solidarité active (R.S.A.).” Philippe Gonon (U.D.I.), vice-pré- sident chargé des finances auDépartement, est clair : “La Chambre nous dit que les dépenses de fonction- nement ont augmenté de 2,3%alors que les recettes n’ont, elles, augmenté que d’1,7 %.” Comprenez que

“+ 2% de dépenses et moins de recettes.”

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