La Presse Bisontine 173 - Février 2016

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n° 173 - Février 2016

BÂTIMENT Une nouvelle usine Vieille Matériaux mise gros sur le chanvre

Une unité de production de blocs de chanvre destinés aux marchés de la construction sera mise en service sur le site que possède l’entreprise Vieille à Mérey-sous-Montrond. Un procédé révolutionnaire promet le dirigeant.

Zoom Un nouveau site de 3,8 hectares à Étalans L es automobilistes qui roulent sur la R.N. 57 et arrivent à hauteur du rond-point de l’Alliance à Éta- lans ne manqueront pas de remar- quer l’ampleur du chantier. Sur un terrain plateformé de près de 4 hec- tares, l’entreprise Vieille Matériaux est en train de construire ses nou- veaux entrepôts. “L’idée, c’est de mettre à la disposition de nos clients, professionnels ou particuliers, un site de négoce complet de matériaux, y compris le bois. Ce nouveau site per- mettra d’optimiser notre fonction- nement et de mettre un maximum de marchandises à l’abri” résume Sébastien Vieille. Un immense show-room , une salle de restauration et même une salle de sport pour les 45 salariés de l’en- treprise viendront agrémenter ce nou- veau site qui mobilise plusieurs mil- lions d’euros d’investissement. Le déménagement est prévu en toute fin d’année pour une ouverture au public dans tout juste un an, début janvier 2017. Vieille Matériaux dis- tribue ses matériaux de construc- tion sur toute la Franche-Comté.

E n cemoment,c’est l’effervescen- ce dans les bureaux de l’entre- prise Vieille Matériaux à Éta- lans. En même temps que le suivi du gigantesque chantier de construction du nouveau site de stoc- kage et de vente sur la zone de la Croix- de-Pierre (voir plus bas), les dirigeants de l’entreprise de matériaux mettent les dernières touches à la création sur leur autre site à Mérey-sous- Montrond d’une usine de fabrication de blocs de chanvre. C’est dans cette unité de production, située à proximi- té de la carrière Bonnefoy, que sont actuellement produits les parpaings en béton et les “N.R.J. Blocs”, un pro- duit à base de pierre volcanique créé

par Vieille, ainsi que les bordures rou- tières. Mais c’est dans un autre matériau, le chanvre, que les dirigeants de cette P.M.E. fondent les plus grands espoirs de développement. En partenariat avec un grand distributeur français de ciment qui a récemment racheté le brevet à Damien Baumer, unmaçon de la région qui a “inventé” ce nouveau système de bloc de chanvre, Vieille Matériaux est en train de mettre la touche finale à l’aménagement d’une usine de pro- duction. “Nous avons l’outil de travail. Après une première phase d’expéri- mentation, nous serons la première usi- ne en France, à industrialiser la fabri- cation de blocs de chanvre. Le chanvre

Sébastien Vieille est à la tête de l’entreprise familiale depuis cinq ans.

Complètement en phase avec les actuelles et futures normes de construc- tion (maison passive…), le bloc de chanvre ouvre de nouvelles perspec- tives de croissance pour l’entreprise d’Étalans. Pour soutenir l’adaptation et les investissements dans son usi- ne de Mérey-sous-Montrond, Vieille Matériaux a obtenu une aide du Dépar- tement du Doubs séduit par le projet. BpiFrance participe également au financement. “Avec le chanvre, on a un très beau projet. Et si les choses se pas- sent comme on le prévoit, on va créer de l’emploi grâce à ce nouveau pro- duit” se réjouit SébastienVieille. Début janvier, le bâtiment de la nouvelle usi- ne sera couvert, les machines arrivent en février et les premiers essais seront lancés en mars. Le compte-à-rebours a démarré. J.-F.H.

arrive en balles rondes dans la région de Gray, puis transformé en chènevot- te bâtiment. Mélangé avec un liant et de l’eau, le béton de chanvre donne un matériau qui a des qualités phoniques et thermiques formidables. La produc- tion doit démarrer en mars” annonce Sébastien Vieille, le P.D.G. de l’entre- prise familiale. Les perspectives de développement sont multiples à en croire le patron deVieille Matériaux. Ces blocs de chanvre rem- placent les traditionnels agglos en béton, avec un concept de montage à sec, cho- se inédite, et permettent de réaliser des murs extérieurs (principe de mono- mur). D’autres applications sont actuel- lement à l’étude (hourdis, cloisons). “Ce matériau est novateur, il a un très haut niveau de performance, estime M. Vieille. Il a même été présenté en décembre lors de la Cop21 à Paris.”

La production des blocs de chanvre doit

démarrer en mars.

CHÂTEAUFARINE

Loisir créatif Le magasin “Artéis” ferme ses portes

À la fin du mois de janvier, le magasin Artéis spécialisé dans le loisir créatif fermera définitivement ses portes, conséquence d’habitudes d’achat qui ont profondément changé avec Internet.

D epuis qu’Odile Robert a annoncé qu’elle allait cesser l’activité de son magasinArtéis à Châ- teaufarine, la com- merçante croule sous les témoi- gnages de clients incrédules. “Comment va-t-on faire sans vous ?” lui disent-ils. Malgré les sentiments bienveillants, l’en- trepreneuse a pris sa décision. Fin janvier au plus tard, elle tirera définitivement le rideau de son établissement pris entre Quick et Décathlon. L’aventure s’achève par un der- nier baroud d’honneur voulu par cette femme de tempéra- ment qui propose un “coup de folie sur les prix” pour quelques jours encore. Une ultime opé- ration commerciale qui ne sau- vera pas l’affaire en redresse- ment judiciaire depuis deux ans, mais qui fait mouche auprès de la clientèle. “Depuis un mois et demi, il y a foule. On est en train de travailler comme à la gran- de époque ! Les gens font des kilomètres pour le patchwork qui est notre spécialité” remarque

Odile Robert. Artéis est une adresse connue de tous les ama- teurs de loisir créatif. Ils trou- vent ici, sur 500 mètres carrés, le nécessaire (plus de 40 000 références) pour donner corps à leurs idées par le travail manuel. En plus du matériel, ils bénéficient d’un conseil sur mesure de la part d’Odile Robert et de ses cinq collaborateurs. C’est autant par la diversité des produits que par le sens du com-

leurs emplettes sur le web. Cet- te évolution qui concerne aussi le loisir créatif affaiblit le com- merce traditionnel. Lamutation est trop importante pour Odile Robert qui doit en plus composer avec la concur- rence redoutable des enseignes de la grande distribution, spé- cialisées dans les produits cul- turels, qui de sont mise au loi- sir créatif. Dans ce contexte difficile, elle préfère jeter l’épon- ge (Artéis a perdu entre 30 et 40 % de son chiffre d’affaires ces cinq dernières années). Pourtant, Odile Robert a été pré- curseur dans ce métier. Elle a démarré il y a 16 ans en ouvrant, rue de la République à Besan- çon, “Lamain créative”,“lemaga- sin de mes rêves.” Le concept porté par cette passionnée de bricolage était très innovant à l’époque : “Proposer des produits, des démonstrations, des ateliers, des cours et des conseils à volon- té pour tous les clients débutants et confirmés et ainsi démocra- tiser toutes les techniques pour les mettre à la portée de tous.”

merce qu’Artéis a gagné sa noto- riété. Mais mal- gré les efforts déployés pour maintenir la qua- lité de service, ils ne suffisent plus à lutter contre Internet qui a entraîné une mutation profon- de dans les habi- tudes d’achat des consommateurs qui chaque jour sont plus nom- breux à faire

“Travailler comme à la grande époque !”

Le magasin Artéis emploie encore cinq personnes.

que l’enseigne Artéis rouvrira un jour à Besançon,mais ce sera sans elle. T.C.

implanté ailleurs en France. L’entrepreneuse a construit son projet autour de sa passion. Elle a relevé le pari pendant de longues années. Mais cette fois- ci, elle passe la main. Peut-être

En 2007, elle a quitté le centre- ville pour s’installer à Châ- teaufarine, prenant dans le même temps l’enseigne Artéis qu’elle a contribué à créer avec d’autres commerçants qui l’ont

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