La Presse Bisontine 170 - Novembre 2015

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 170 - Novembre 2015

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ARTISANAT Les chambres de Métiers fêtent leurs 90 ans “On assiste hélas à une paupérisation de l’artisanat” Bernard Barthod, le président délégué de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (C.M.A.) du Doubs,

explique les raisons de la baisse que subit l’artisanat depuis trois ans dans un contexte électoral qui peut être déterminant pour l’avenir de ce secteur employant plus de 15 000 salariés dans notre département.

Bernard Barthod laisse entendre qu’il sera “vrai- semblable- ment” candi- dat à un deuxième mandat de cinq ans à la tête de la Chambre de Métiers.

L a Presse Bisontine : Les Chambres de Métiers fêtent leurs 90 ans actuelle- ment. Comment se porte l’artisanat dans notre région ? Bernard Barthod : L’artisanat en Franche- Comté, c’est 19 800 entreprises et 44 600 salariés. Pour le Doubs, c’est 7 900 entre- prises et 15 700 salariés (soit enmoyen- ne 2 salariés par entreprise). Le constat est net : entre 2010 et 2014, nous avons perdu 5 400 emplois à l’échelle de la Franche-Comté. Surtout dans le B.T.P., mais cette baisse touche tous les sec- teurs d’activité et notamment aussi les services. L.P.B. : Qu’est-ce qui explique cette fragilité du secteur de l’artisanat ? B.B. : L’augmentation du nombre d’au- toentrepreneurs, renommés les “micro- sociaux” fragilise beaucoup l’artisanat car ces créateurs sont hélas souvent fragiles en termes de qualification. Même si la législation a évolué récem- ment dans le sens que nous souhai- tions - obligation de déclarations, exi- gence de qualifications professionnelles -, les autoentrepreneurs représentent

la moitié des nouvelles immatricula- tions par an et si on enlève les reprises d’entreprises, ils représentent les deux tiers des nouveaux immatriculés. Or, ces gens-là ont bien souvent des pro- jets assez faibles, peu fiables. Ils repré- sentent aujourd’hui près de 20 % des 19 800 entreprises artisanales duDoubs mais la moitié d’entre eux ne déclarent aucun chiffre d’affaires ! On assiste hélas à une paupérisation du secteur artisanal. Le résultat financier pour la Chambre en Franche-Comté, c’est 7 % de produit fiscal en moins, soit 200 000 euros en moins dans le bud- get. L.P.B. : L’apprentissage, grande cause du gou- vernement, est aussi en baisse ? B.B. : En parlant de gouvernement, j’ai trouvé scandaleux que les Chambres deMétiers n’aientmême pas été conviées aux récentes visites officielles du Pre- mier ministre en juillet à Besançon et plus récemment du président de la République àVesoul. Comme si on igno- rait totalement nos préoccupations et que l’artisanat ne concernait pas nos

aussi les problèmes d’une réglemen- tation qui est de plus en plus contrai- gnante : il est difficile d’apprendre le métier de couvreur si on interdit aux jeunes apprentis de monter sur un toit ! On ne peut pas dire à des gens de cou- rir un 100 m si on leur met un boulet au pied. La réglementation est de plus en plus contraignante. L.P.B. : Les C.M.A. départementales ont été regroupées cette année en une seule entité régionale. À quand la fusion dans une grande C.M.A. Bourgogne-Franche-Comté ? B.B. : En même temps que la régiona- lisation, nous avons réorganisé les mis- sions de chaque Chambre au niveau départemental. Notre souci a été de maintenir, voire de renforcer les rela- tions de proximité que nous entrete- nons avec nos ressortissants. Dans cet esprit, nous venons d’ouvrir une anten- ne de la C.M.A. pour le Haut-Doubs à Houtaud, vers Pontarlier.Nous essayons de recentrer un maximum de moyens sur la proximité et la mutualisation. Nous avons aussi réduit considérable- ment les dépenses liées à nos fonctions supports. Au sujet du regroupement avec la Bourgogne, nous avons pris une délibération pour qu’elle soit effective au 1er janvier prochain. Il faudra ensui- te se mettre d’accord sur le futur pré- sident, le futur secrétaire général et le siège de la C.M.A. Bourgogne-Franche- Comté. Pas simple… L.P.B. : Les 90 ans des C.M.A., c’est aussi une occasion de relégitimer votre action et votre existence ? B.B. : Complètement. Nous allons aller prochainement sur le terrain à la ren- contre de nos adhérents bien sûr mais aussi des élus locaux sur les territoires des communautés de communes ou d’agglomération, àMontbéliard, Besan- çon, Pontarlier, Baume-les-Dames, Ornans et Morteau. Pour se faire connaître car il est souvent utile de rappeler à quoi sert la C.M.A. Cette

opération autour des 90 ans, c’est clai- rement l’occasion de revenir sur le devant de la scène. L.P.B. : Justement, pour ceux qui se posent la question, à quoi servez-vous ? B.B. : Nos services sont là pour guider les artisans au moment de la création de leur entreprise, pour l’apprentissa- ge, pour la formation (tertiaire, com- mercial, ressources humaines, ges- tion…), pour la transmission-reprise, pour l’investissement. À chaque fois qu’une entreprise a un projet, on est là pour l’aider à le formaliser.Au sujet de la reprise, il y a actuellement environ 400 entreprises artisanales à trans- mettre en Franche-Comté. L.P.B. : Les élections régionales approchent. À ce propos, vous avez préparé un Livre blanc à l’attention des candidats. Quelles sont vos revendications ? B.B. : Nous avons en effet travaillé sur la réalisation d’un grand Livre blanc sur le rôle de l’artisanat et ce qu’on attend des élus régionaux qui seront concernés au premier chef par cette question. Car parmi les missions pre- mières des Régions, il y a l’économie et la formation. C’est donc pour nous un enjeu vital d’avoir des relations construc- tives avec la Région. Le premier point que nous mettons en avant, c’est le maintien de la proximité sur les ques- tions d’apprentissage. Concernant l’em- ploi, ce sont des revendications com- me l’aide à la première embauche, le financement des formations aux dis- positifs de validation des acquis de l’ex- périence et des bilans de compétences. Au sujet de la création d’entreprise, c’est le développement des avances remboursables, etc. Nous avons listé une cinquantaine de points précis. Et en fonction des réponses que nous appor- terons les candidats, nous pourrons nous faire un jugement. Propos recueillis par J.-F.H.

jeunes… En ce qui concerne l’appren- tissage, nous avons subi une baisse de 20 % du nombre d’apprentis depuis trois ans. Mais il semble qu’en cette rentrée 2015, l’hémorragie soit stop- pée. Cela est dû je pense au fait que le gouvernement qui avait supprimé l’ai- de aux maîtres d’apprentissage dans les entreprises de moins de 10 salariés est revenu sur sa décision. Une des explications de cette baisse depuis trois ans, c’est bien sûr la conjoncture, mais

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Les chiffres de l’artisanat en Franche-Comté 19 820 entreprises artisanales. L’artisanat franc-comtois a connu en 2014 une évolution faiblement positive de son nombre d’entreprises (+ 4 %) par rapport à l’année précédente. Le nombre de salariés augmente de 2 %. Dans le Doubs, c’est 15 684 salariés pour 7 913 entreprises. Entre 2010 et 2014, le nombre d’emplois liés à l’artisanat en Franche- Comté est passé de 42 122 à 36 730. La plus forte baisse a été enregistrée entre 2011 et 2012 où le nombre est passé de 42 689 à 38 679. Le nombre de salariés par entreprise est le plus haut dans l’alimentaire (3 salariés) et le plus faible dans les services (1,6). C’est le secteur du bâtiment qui concentre le plus d’entreprises artisanales (33,28 % du total).

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