La Presse Bisontine 168 - Septembre 2015

LE DOSSIER

La Presse Bisontine n° 168 - Septembre 2015

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L’EFFET SUISSE PROFITE À BESANÇON

La dynamique frontalière ne se limite pas seulement au Haut-Doubs. Les effets bénéfiques de la Suisse se font ressentir jusqu’à Besançon, que ce soit à tra- vers l’emploi ou le commerce, jusqu’au débat politique sur fond de fusion des régions Bourgogne-Franche-Comté. La Suisse, nouvel atout pour Besançon ?

La Franche-Comté ne doit pas tourner le dos à la Suisse Tendance Mariage avec la Bourgogne Depuis la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté, on redoute de part et d’autre de a frontière que les problématiques transfrontalières soient reléguées au second plan.

de créer autour de l’Arc jurassien fran- co-suisse une grande région d’Europe transfrontalière “comme Pierre Mau- roy l’a fait avec le Grand Lille. C’est très ambitieux mais c’est réalisable.” C’est dans cet esprit-là qu’émerge l’idée de voir Besançon, privée de son titre de capitale régionale au profit de Dijon, endosser le rôle nouveau de capitale de la métropole transfrontalière. T.C. économiques fortes La France est le quatrième partenaire commercial de la Suisse et absorbe 7 % de ses exportations (2013). La Suisse figure quant à elle parmi les dix plus impor- tants partenaires commerciaux de la Fran- ce dans le monde. Avec des investisse- ments de 30 milliards de francs suisses fin 2013, la Suisse pointe au septième rang des investisseurs étrangers en Fran- ce. Les entreprises helvétiques emploient 140 000 personnes dans lʼHexagone. Les investissements directs suisses se concen- trent en zone frontalière et dans la région parisienne. Les entreprises françaises en Suisse génèrent environ 49 000 emplois. Le tourisme contribue de manière non négligeable aux relations économiques entre les deux pays. Près de 700 000 vacanciers français (2012) ont séjourné en Suisse. Le nombre de nuitées de tou- ristes suisses en France a atteint 2,9 mil- lions (2012). ( Source : Département Fédé- ral des Affaires étrangères). France-Suisse : des relations

Jean-Philippe Allenbach prétend que la Franche-Comté n’intéresse pas les Bourguignons, en revanche la frontière avec la Suisse oui.

J ean-PhilippeAllenbach est un des plus actifs pourfendeurs dumariage désormais officiel de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Fédéraliste convaincu et président duMouvement Franche-Comté, il aurait préféré à cet- te union que sa région épouse la Suis- se et devienne le 27 ème canton de laConfé- dération. “Quitte à être annexé, je préfère l’être par la Suisse ! La Bourgogne ne nous apportera rien à part des dettes. C’est un cauchemar, alors que la Suis- se est un rêve” argue Jean-PhilippeAllen- bach sur un ton provocateur. Pour lui, la Franche-Comté avait tout à gagner à faire les yeux doux aux Hel- vètes. Elle partage avec les cantons de l’Arc jurassien lamême langue, lamême culture, les mêmes savoir-faire dans l’industrie horlogère par exemple. Bref, pour le président du M.F.C., il ne fait aucun doute que les Francs-Comtois ont plus de points en commun avec les Suisses qu’avec les Bourguignons. “Au

Suisse” (ce qu’elle a failli être d’ailleurs il y a plus d’un siècle), on nage en plei- ne fiction politique. Convaincu d’être dans le droit chemin, Monsieur Allen- bach se moque de passer parfois pour un farfelu dans le microcosme politique local lorsqu’il défend sa position. Cel- le-ci apparaît même hors de propos auprès de responsables suisses convain- cus toutefois de la pertinence de don- ner plus de consistance à l’Arc juras-

jurassien franco-suisse. L’urgence du débat est ailleurs pour Monsieur Tschoumy qui redoute que la fusion de la Bourgogne et de la Franche- Comté relègue en arrière-plan les enjeux du territoire frontalier. “Je pense notam- ment à toutes les questions qui tournent autour de la mobilité, du train et de la route, qui risquent de passer au second plan, car les Bourguignons n’ont pas la même sensibilité à la frontière que les Francs-Comtois du fait de leur éloi- gnement. Mais nous avons confiance en les élus de Franche-Comté qui nous don- nent l’impression de vouloir s’occuper de ces problèmes. Car si la Franche- Comté est forte et solide comme elle l’est aujourd’hui notamment dans le Haut- Doubs, c’est aussi grâce aux échanges transfrontaliers. Les entreprises suisses trouvent ici la main-d’œuvre qualifiée qui nous manque” dit-il. S’il est en désaccord avec Jean-Philip- pe Allenbach, Jacques-André Tschou- my croit en revanche qu’il est possible

final, ce serait moins de chômage,moins d’impôts, plus d’écologie, plus de démo- cratie” annonce-t-il. Convaincu que la Franche-Comté va “perdre son âme” dans l’association avec la Bourgogne, il a engagé des procé- dures judiciaires en vue de casser ce mariage forcé. Au cas où il obtiendrait gain de cause, l’étape suivante consis- terait à plaider pour l’organisation d’un référendumde part et d’autre de la fron- tière sur le thème du rattachement de la Franche-Comté à la Suisse.“ L’article 53 de notre Constitution permet la ces- sion d’un territoire à condition que sa population soit consentante. Je voudrais qu’on en finisse avec l’idée que les Suisses ne voudraient pas de nous. En 2008, au moment où le Comité Balladur réflé- chissait à un découpage de la France en 15 régions, nous avions réalisé un sondage dont le résultat indiquait que les Suisses romands étaient favorables à l’accueil de la Franche-Comté à 43% !” Avec cette idée d’une “Franche-Comté

sien franco-suisse. “La Franche-Comté qui devien- drait suisse n’est pas un débat d’actualité. Cela est une histoire ancienne.C’est une bataille d’autrefois. De toute façon, les condi- tions ne sont pas remplies pour cela” tacle Jacques- André Tschoumy, prési- dent du Forum Trans- frontalier, une association qui réfléchit sur les enjeux transfrontaliers de l’Arc

“C’est très ambitieux mais c’est réalisable.”

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